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Terân Dumas : Honte de la mort.

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Terân Dumas : Honte de la mort. Empty Terân Dumas : Honte de la mort.

Message  Therod Aoun'dore Mer 10 Fév 2010, 14:46

[Etant donné que les dk sont délicats à jouer en étant original, je me suis un peu tordu la cervelle pour trouver une idée construite et originale, des paradoxes avant/après la mort sur les caractères, des péripéties solidement implantées dans le lore... CEPENDANT toutes mes recherches sur cette période de l'histoire n'ont pas été aussi fructueuses que je le pensais. Ainsi il peut y avoir des énormités abyssales dans la logique du récit. Si c'est le cas faites-moi signe je corrigerai illico. Je posterai en 6 ou 7 partie parce que la longueur est assez... intimidante.Fin de la parenthèse, et bonne lecture]

Vous ouvrez ce livre. S'il est écorné et usé il s'agit de l'original. Sinon c'est une des nombreuses copies. La couverture est noire et écaillée. Les pages sont ternies. Un nom, juste un : Terân Dumas. L'écriture commence ainsi...


Une inspiration, un souffle, et le plus époustouflant des spectacles. Les jeunes gamins édentés, euphorisés par la représentation, poussèrent des cris de joie qui leur attirèrent de sévères remontrance par les adultes présents. Le cracheur de feu se débarrassa de l'huile qu'il avait dans la bouche et fit signe aux bambins que c'était fini. Et moi ? Et moi je ne faisais rien. Appuyé contre la façade du manoir Malroy, je m'amusais de cette innocence. Une petite brise soufflait, ce jour là. Elle faisait valser l'herbe folle des plaines de Tirisfal, tourner les hélices des grands moulins, balançait les hauts pins, et faisait grincer l'enseigne fleurie qui affichait en lettres gothiques un glorieux « Amagand ». Le soleil commença à décroitre, et tous purent voir l'ombre de Lordaeron s'étendre lentement, jusqu'à ce que la cime de ses hautes tours eclipsent l'astre. Le maire, Thurman Amagand, se leva lentement, gêné par sa bedaine et les bourses à sa ceinture, et leva son verre.
- Aujourd'hui, chers citoyens des Moulins d'Amagand, je porte un toast.
Sa voix tonnait fort dans le silence qui s'était fait à la tombée de la nuit, et résonnait jusque sur la crique. Sans doute les vapeurs de l'alcool avaient inhibés sa célèbre réserve.
- D'abord, je voudrais lever mon verre à Menethil, notre cher roi, et à son fils, qui a grand avenir comme paladin de Lordaeron. Je voudrais aussi saluer, bien sûr, la gloire de notre Soleil, en cette 12è fête du Feu. Un de mes amis disait...
Bla, bla, bla... même dans le divertissement ce pauvre maire faisait de la langue de bois. Mais il était attachant, dans le fond, avec son air débonnaire, et ses chemises trop serrées. Ce soir, il avait revêtu une tunique parme brodée d'or, dont les boutons pressés par ses marques de richesse menaçaient de craquer à chaque mouvement. Mais que disait-il ?
- … et sur cela, on ne peut lui donner tort !
L'assemblée s'esclaffa. Je n'avais pas bougé de la façade, une main sur mon épée, tripotant pensivement la garde en cuir. Aah, la fête du feu... Enfin, dans ce monde de fou il fallait bien fêter quelque chose. Une main fraiche me tira de mes pensées.
- Eh bien, Terän, tu viens pas ? Tu fais pas la tête quand même ?
Rosie... Ses charmantes boucles blondes virevoltaient à chaque mouvement de tête, nouée par un ruban rouge au sommet de son crâne, dévoilant son petit front, et ses petits yeux, et sa...
- T'es sûr que ça va aller ?
- Mmh ? Ah ! Oui, répondis-je, pensif. Je suis juste un peu fatigué.
Deux accordéonistes ronds comme des roues de charrettes entamèrent un morceau bourré de fausses notes, suivis peu après de quelques flutes.
- Oh tu vas pas rester là toute la soirée quand même ! Allez viens ! Ils vont allumer le feu de joie !
Un peu à contre-coeur, je m'avançai sur le centre de la place, où quelques demoiselles affriolées choisissaient à tort et à travers leur cavalier de la soirée. La pénombre donna une chance aux plus laids, le bruit aux plus idiots, et des couples inattendus se formèrent. Moi, j'avais laissé mon épée contre la façade, sous l'injonction de Rosie. J'avais dansé sans trop de conviction, avant de m'endormir sur un fétu de paille à une heure irrationnelle de la nuit. Le lendemain, quelques braises rougeoyaient encore dans le brasier de la veille, et quelques vêtements éparpillés m'indiquèrent que j'avais bien été le seul à dormir. Peu à peu, il fallut nettoyer le village, et se remettre au travail. Moi, je n'avais qu'à faire quelques rondes en lisant des bouquins, en surveillant de temps à autres si par le plus grand des hasards un infernal ne se serait pas écrasé sur la mairie... Ah, quel boulot de con. Ce matin, donc, je passai sous l'un des immenses moulins, dont les hélices percées à quelques endroits grinçaient un peu sur leurs rouages. C'est alors qu'un visage familier émergea de la fenêtre du premier étage.
- Terän !
Encore Rosie ? Non, Fineus, un jeune homme, fils du meunier, qui avait la tête d'un gosse qui aurait grandi trop vite. Je le salue d'un petit mouvement de tête, ne sachant pas trop ce que ce gamin pouvait bien me vouloir.
- Alors, comment s'est passée la soirée ?
- Eh bien... répondis-je, oui, elle s'est bien passée oui. Tu voulais me demander quelque chose ?
Pourquoi faut-il toujours que l'on me parle quand je suis dans le passage le plus intéressant... Etait-ce Sandra ou Mandragore qui a tué le comte d'ailleurs ? Ah... il me parlait.
- …vec mon père, peut-être partir pour Comté-de-Darrow, à l'est.
- Mais encore ?
- Rosie va venir avec nous, elle a trouvé une taverne où y travailler ! C'est génial non ?
Génial... mon cœur rata un battement. D'un geste pressé, je rangeai mon livre, et m'avançai à grand pas vers la maison de Rosie. En ouvrant la porte, je la trouvai dans le salon, en train de ranger ses affaires. Elle leva la tête, surprise, et m'adressa le plus beau des sourires.
- Eh bien, tu aurais pu frapper !
- Tu pars ? M'enquis-je sans m'encombrer de plus de politesse.
- Tu te soucies de ma vie maintenant ? Ecoute ça fait des mois que tu me tournes autour sans te décider de quoi que ce soit. Il faut maintenant que tu soies au pied du mur pour prendre une décision ? C'est trop facile.
- Donc c'est à cause de moi !
- Tss, tu n'es pas le centre du monde, Dumas ! Lacha-t-elle d'un ton dédaigneux.
Elle eut un soupir.
- Terän... Amagand est devenue trop petite pour une fille comme moi ! Il faut que je change un peu d'air et...
- Et de compagnie ?
Elle prit un air plus sérieux, presque sévère.
- Ne sois pas comme ça, lâcha-t-elle en se retournant vers ses affaires. Je ne suis pas assignée à cet endroit, voilà tout. J'ai à peine vingt ans, il faut que je trouve mieux à faire que des ménages toute ma vie, n'est-ce pas ?
Je haussai les épaules, faisant mine d'être désintéressé. Mais au fond de moi je sentais monter une frustration immense.
- Tu es consciente que je ne pourrais t'accompagner ?
Elle marqua un court silence, et se retourna en haussant les épaules.
- Et alors ?
Mais j'étais déjà parti, laissant derrière moi une porte entrebâillée, et ma fierté. Ce fut la dernière fois que je vis Rosie.


Dernière édition par Teran le Mar 23 Fév 2010, 01:02, édité 2 fois
Therod Aoun'dore
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Message  Therod Aoun'dore Jeu 11 Fév 2010, 01:57

En effet, c'est peu après son arrivée à Comté-de-Darrow que je reçus une lettre de sa main, m'informant que des rumeurs courraient à propos d'un immense cataclysme, à Stratholme. Sans doute, lorsque cette lettre me parvint, Mal'ganis avait déjà mené son armée par delà Comté-de-Darrow, et le manoir des Barov, devenu Scholomance. Bien vite on entendit parler de symptômes latents à Brill, au Glas, et à Andhorval.
On me chargea officiellement de la sécurité d'Amagand. Réunis dans le grand manoir principal, portes et fenêtres barricadées, nous observions les mouvements de troupes sur les clairières depuis le promontoire sur lequel trônait le village. Tout bascula trois semaines après ces évènements. Observant par une petite fente entre les planches l'état de Lordaeron, je refermai violemment le rideau, méprisant ma situation.
- J'aurais du fuir à Dalaran, avec les autres, marmonnai-je.
Une vieille femme, qui se balançait toute la journée sur un fauteuil à bascule grinçant, haussa un sourcil.
- Et nous que serions-nous devenus ?
- Que deviendrons-nous ? Si Lordaeron est menacé même par ce fléau, comment... comment une bourgade comme Amagand pourrait tenir avec deux soldats dont un...
- Dont un quoi, s'indigna un nain qui semblait avoir bien vécu, en train de tricoter près de la cheminée.
Je lachai un soupir... Un gamin était blotti dans un coin du mur, il regardait la scène avec une immense terreur. Je me souvenais avoir vu sa mère s'aventurer pour ramener de l'eau, et à part un cri perçant rien n'avait jamais plus laissé espoir de sa survie. Dans l'après-midi, alors que le silence s'était étendu comme une vapeur noire sur les clairières désertées, une cloche sonna. Tous les réfugiés d'Amagand levèrent la tête, l'air grave. Cinq « dong ». Tous savaient ce que cela signifiait. La vieille se renfrogna dans son fauteuil et pria, tandis que le nain replongeait son regard dans l'âtre. Moi, affolé, regardai par la fente. De grands cris, de panique de terreur ou de douleur, des langues de flammes au coeur de la capitale. Des colonnes de fumée envahissaient un ciel déjà couvert, mais leur éclat rougeoyant contrastait avec la noirceur maléfique des nuages. Ca y est... Lordaeron entrait en guerre. Thurman se passa une main sur le visage.
- La peste soit du sire Menethil... traitre... assassin...
La haine de Thurman ne le poussa pas jusqu'à omettre son particule... Je ne dis rien. Ce que je voyais dépassait le choc qu'aurait pu me provoquer l'attaque sur Lordaeron. Avant que j'aie eu le temps de dire quoi que ce soit, une des fenêtres volait en éclat. Une épaisse chaine rouillée avait défoncé la cloison, et s'était tortillée sur le plancher comme une larve putride. Elle fondit sur la vieille, se resserra autour de ses os qui se brisèrent dans d'horribles craquements, et elle disparut par la même fenêtre. Elle n'eut pas même le temps de crier. A peine avions-nous le temps de comprendre ce qui venait de se passer que la tête blafarde d'une goule passait l'encablure, la bouche béante, des chairs en lambeaux pendant de son visage fondu. Elle se jeta sur moi, mais j'utilisai son élan pour enfoncer mon épée jusqu'à la garde dans son crâne vide. Un gheist suivit, jappant comme un chien galeux, bavant sur ma peau en inspectant sa proie. Plus hargneux que cette première goule décharnée, celui-ci se défendit encore et encore, tentant vainement de m'immobiliser. Je finis par l'écraser de tout mon poids contre le mur, et je sentis sa carcasse se ployer sous le choc. Dans un bruit de succion il glissa, brisé, le long du mur. D'autres arriveraient. Je balançai les cadavres par la fenêtre béante, et, aidé du nain, en obstruai l'ouverture avec un meuble ancien. La tempête était passée... pour le moment. Le choc résonnait encore dans les crânes, pourtant rien ne brisa le lourd silence de stupéfaction. Le Fléau avait fini par atteindre Amagand... des troupes égarées sans doute. Bientôt, ces terres seraient aussi maudites que les autres. Abattu, je montai l'escalier, suivi des yeux par ma poignée de protégés. Etait-ce le jour ? La nuit ? Peu importe. Les lourds nuages s'accumulaient au dessus de Lordaeron. Mais les clairons y sonnaient toujours... la capitale n'était pas tombée. Combien de temps avant que l'espoir des hommes ne s'éteigne ? Allongé près de la fenêtre, une torpeur de lassitude me prit. Rosie doit être morte. Tout le monde est mort. Et les réfugiés vers Dalaran qui, comme des fous, avaient traversé les terres malades. Et les habitants des villages environnants, de Brîll jusqu'aux fermes de la forêt de pins.
Je m'endormis, après trois jours de veille angoissée. C'est le vacillement d'une lanterne à travers les planches qui obstruaient la fenêtre qui me réveilla. Et... une voix. Un baragouinement indistinct, dont je captai quelques mots : « Aidez-moi ». D'un bond, j'étais sur mes pieds. D'un nerveux revers une bouffée d'adrénaline avait effacé la fatigue qui pesait sur moi. J'aperçus un léger éclat sur l'armoire : un superbe fusil en argent, et une trentaine de balles. Cette arme en main, je descendis les escaliers. En bas, je vis les visages blafards et inquiets, leurs yeux rivés sur cette porte sous laquelle la lumière se balançait. Il y eut un flottement terrible de quelques secondes et...
Therod Aoun'dore
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Message  Therod Aoun'dore Mar 23 Fév 2010, 01:04

Et... on frappa à la porte. Un effroi se lisait sur chacune des faces.
- N'ouvrez pas Terän... pitié... murmura le maire.
- Pauvre imbécile, vous croyez vraiment qu'une goule frapperait à la porte ?
- Il a raison. Si quoi que ce soit de mauvais se cache derrière, je le désintègre, intervint le prêtre, sûr de lui.
D'un coup de crosse, je décrochai la planche qui coinçait la serrure et tournai la poignée avec vivacité, arme en joue. Un homme pâle, affreusement pâle, s'effondra sur le seuil. Son ventre était entaillé, assez profondément, et ses yeux brillaient d'une détresse totale. Le nain fit la moue.
- La morrrt est surrr le seuil, mes amis.
Cependant, la poitrine de l'inconnu se soulevait encore, malgré le carreau d'arbalète qui y était planté. Le prêtre se leva avec difficulté et se pencha sur lui. Il incanta dans un murmure, et la blessure perdit en gravité. L'homme détailla nos visages. Il vit d'abord celui du nain, et de son tricot mal cousu, le canon de mon arme, et moi-même.
- Bienvenue en Amagand, pour le moment, en sécurité, soufflai-je en refermant violemment la porte.
- Plus pour longtemps... les armées du monastère marchent sur Tirisfal, avec une politique bien définie : tout organisme vivant pouvant abriter le fléau doit mourir.
- Ce que vous dites est hérésie, inconnu, tonna le prêtre, courroucé. Jamais les paladins du monastère ne feraient une telle chose. Ils se battent pour la lumière !
- Plus maintenant... articula-t-il avec douleur. Fuyez en Lordaeron avant qu'ils ne marchent sur Amagand. Fuyez, le plus loin que vous pourrez.
- JAMAIS, s'exclama Thurman. Enfin ! Vous ne songez pas à quitter le promontoire sécurisant pour une capitale en ruine ?! Les Nezrthezim ne tarderont pas à en détruire les remparts ! Amagand est encore bien debout que je sache ! Ce sont NOS terres, et nous devons les défendre !
- Epargnez-moi votre prêche patriote, Thurman, répondis-je avec un agacement certain. Les villageois sont tous morts, ou ont fui vers Dalaran et Lordaeron. Derrière les murailles de la capitale, une poignée de survivants se battent encore.
- Il a raison, il faut partir de cet endroit. Il faut atteindre la capitale, objecta le prêtre.
- Qui nous dit que Lorrrderon n'est pas déjà dans les mains sanglantes du Fléau, intrrrépides humains, rétorqua le nain, goguenard.
En réponse, les canonnières de la ville hurlèrent, et de lourdes déflagrations secouèrent le sol. Un coup d'œil dehors, et c'était confirmé. Des hordes de morts vivants marchaient déjà sur Brîll. Deux Nethrezims guidaient les troupes vers les portes, pour un assaut décisif. Mais les rangs alignés des sbires écarlates fendirent ces troupes avec hargne. Tous ces pas faisaient trembler le sol. On aurait dit que Sargeras lui-même déchainait sa puissance, et que les maleterres s'étaient déversées sur Tirisfal.
- Où peut-on trouver refuge ? Réponds !
- Une tour éca... écarlate... A l'ouest.
Il se fit lourd dans mes bras, et mourut pour de bon. Thurman Amagand eut un soupir dédaigneux.
- Je refuse de partir d'ici. Ce serait de la folie.
- Moi, je pars, intervint le prêtre.
- Et moi aussi, clama le nain.
L'enfant, muet, n'eut pas le droit de choisir et fut emmené aussi. Amaigri, anxieux, partagé, le maire referma la porte derrière eux, conservant la maison hors d'atteinte des horreurs qui hantaient les alentours... pour le moment. Nous descendions lentement par le petit sentier pour rejoindre les clairières, profitant des derniers instants de clarté avant de plonger dans l'obscure forêt. Les ténèbres nous entouraient. A l'est ? Mais comment déterminer l'est du nord dans un brouillard épais comme malsain ? La terreur nous glaçait le sang. Un bruit, à gauche... un feulement, à droite. Un bruissement, derrière. Nous avancions au ralenti. Un craquement. Là, devant.
Un arbre tombait, dans l'ombre. Quelque chose... avance. Un rugissement.
Therod Aoun'dore
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Message  Therod Aoun'dore Mar 23 Fév 2010, 01:06

J'empoignai mon fusil plus fermement, prêt à détruire cet ennemi. Et quel ennemi... Une abomination recousue venait de fendre la brume. En nous apercevant de son seul œil ouvert, elle poussa un grognement et nous chargea.
Premier coup de feu. La balle se perdit dans l'amas de chair sans causer de dégâts apparents. Deuxième coup... pas mieux. Je dus éviter le claquement de sa chaine, qui me rata de peu. Le crochet sanglant fixé à son bout se ficha dans une épaisse racine, coinçant le monstre qui tira dessus de son mieux. J'en profitai pour tirer deux autres balles. Elles secouèrent juste un peu sa masse, et la firent s'enrager. Elle dégagea l'arme de la terre d'un grand coup d'épaule et revint à la charge.
Comme seule réponse, le prêtre incanta un châtiment, qui laissa une marque sanglante, comme un coup de fouet ardent. Dans un état d'hystérie la plus totale, l'abomination abattit sa chaine sur lui, le balayant d'un grand coup. Nous ne prîmes pas le temps de voir dans quel état il était.
Nous courions. Perdus dans les langues de brumes, avançant à tâton dans ces ténèbres moites, avec pour seul repère ces colonnes de fumées qui s'élevaient de Lordaeron. Lorsque nous débouchâmes sur une immense clairière, nous stoppèrent notre course. Deux champs, trois maisons... dont une crachait un discret volute de fumée par la cheminée. Une petite pancarte, littéralement recouverte de sang et de chairs en décomposition, affichait « Terres des Solliden : Défense d'Entrée ». A mesure que nous avancions, l'ombre d'une tour de garde émergea du brouillard. Elle portait l'étendard de la croisade écarlate. Le nain me retint par le bras.
- C'est inutile. Nous savons déjà comment cela va se finirrrr.
- Silence, nain.
D'un coup d'épaule je me dégageai, et avançai, l'enfant aux bras. Mon pied se posa alors sur un petit tapis de feuilles, et avant d'avoir compris j'étais pendu par les pieds, accroché à un arbre. Furibond, je tentai de me détacher, sans succès. L'enfant avait la main coincée dans le cordage, et celle-ci virait au bleu. Il cria.
La porte de la maison vola en éclat, et un fermier à la mine patibulaire fit irruption avec un énorme fusil à la main.
- NON DE NOM DE DIEU ! BANDE DE P'TITS ENFOIRES, SAVEZ PAS LIRE ?
Il fit un geste de la main, et une dague coupa la corde, me laissant tomber comme un sac de riz sur le sol. Le contact froid d'un canon sur le bout de mon nez rendit l'accueil tout de suite plus chaleureux.
- Vu que j'suis un gars relativement patient, je vous laisse 20 secondes pour me prouver d'une part que vous êtes pas une de ces saletés de là-bas, d'une autre part pour vous présenter et me donner une bonne raison de pas vous en coller une entre les deux yeux. Mais bougez-vous il vous reste que dix secondes.
Le nain fit un pas en avant pour prendre la parole. Le sommet de son crâne vola alors en éclat, dans un claquement sec, et il s'effondra comme un fétus de paille. Le paysan n'avait pas l'air de plaisanter. Il reporta son attention sur moi.
- Nous disions.
- Je suis un garde d'Amagand, et sûrement un des derniers survivants. Et je serais pas là à vous causer si j'étais une de ces créatures.
- Et l'enfant ?
- Il est avec moi.
Le paysan ne baissa pas son fusil. Il taquina le gamin du bout du canon, et me regarda avec férocité.
- Et c'est preuve de quoi ça ? Je veux pas vous voir ici. Du balai !
- Ecoutez, commençai-je, me voulant diplomate...
- Si vous voulez négocier l'gamin, c'est pas la peine. Je prends ni l'un ni l'autre, alors épargnez-moi vos sensibleries.
- Le gamin ? Qu'est-ce que je pourrais bien en avoir à faire du gamin ?
L'homme me dévisagea, incrédule.
- Bah... tu devrais vouloir me le refiler pour au moins sauver une vie, non ?
- Ca va pas ? Si je dois sauver une vie, c'est la mienne ! Pas celle d'un bambin muet !
- Alors pas le moindre regret. Casse-toi. File. Disparais de ma vue...
J'eus un rictus dédaigneux. Ordure... qu'allais-je faire à présent ? Je regardai le cadavre du nain, dont la cervelle se répandait dans l'humus fumant. Le gosse était cramponné à mon bras, terrorisé. D'un grand geste de la main, je m'en débarrassai...Il risquait de me ralentir. Inutile de jouer les actes héroïques, je n'étais déjà pas sûr de sauver ma propre vie. Il n'insista pas. Je sentais son regard figé sur ma nuque courbée et suante.
Therod Aoun'dore
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Message  Therod Aoun'dore Mar 23 Fév 2010, 01:08

De nouvelles canonnades dans la ville. Il ne fallait surtout pas que j'en approche. Le fléau en avait repris une partie. Je me demandais cependant contre quoi ils pouvaient bien lutter. Combien d'humains auraient pu survivre à une si fulgurante invasion ?
Soudain, au détour d'une colline... une palissade. Une immense palissade fière, encore droite, intacte. Il y avait un petit passage, en son centre. Lorsque je la traversai, arme au poing, je débouchai sur une grande clairière parsemée de quelques maisons, intactes, parfois condamnées de planches. Qu'est-ce que cela signifiait ? Je ne le compris que trop tard. Des ruelles désertes, des granges grinçantes, des portes solidement fermées. Une seule s'ouvrit sous le coup de ma crosse, et le craquement résonna dans l'étrange nappe de silence qui s'était étendue sur l'endroit.
- Il y a quelqu'un ?
Pas de réponse. Pas une lumière, rien... Et pourtant, un rougeoiement dans les cendres de la cheminée attira mon regard. Une braise. Poussé par une nouvelle vague d'espérance, je grimpai à l'étage. Une bibliothèque était renversée devant la porte. Etait-ce des grattements que j'entendais derrière ? D'un coup de pied je dégageai le meuble, et... et je tournai la poignée. Une pénombre moite m'attendait derrière. Une odeur de mort me fit reculer de quelques pas, et je remarquai soudain un mouvement près de mes pieds. Plein de terreur je baissai les yeux.
- Mrrrraaaouw, me lança la bête avec des yeux étonnés
La situation était tellement ridicule que j'en ris, sur le coup, et fis mine de repartir. Lorsqu'une main osseuse et frêle se resserra sur ma cheville et me fit chuter, je crus que j'allais mourir. Sans prendre le temps de regarder ce qui tentait de me retenir, je hurlai de terreur et battai des bras et des jambes pour m'enfuir. La bête s'accrochait férocement. J'entendais ses glapissements plaintifs. Un geist sans doute. Par réflexe, je baissai les yeux. Une femme me regardait, ses cheveux noirs tombant devant ses yeux. Du peu que je pouvais voir de son visage, il était couvert de plaies chancreuses et de bubons mûrs. Ses vêtements déchirés dévoilaient un corps amaigri, bien que des gonflements étranges se soient formés sous sa peau verdie. L'être me regardait avec horreur et semblait me demander de l'aide. D'une voix rendue aiguë par la peur, je beuglais « LACHEZ-MOI !! » en vain. Elle me grimpa dessus alors que je me relevais et me fit rouler dans les escaliers. Pour la première fois, elle prononça quelque chose d'intelligible.
- Pas... peur... attends...
Complètement paniqué, je me résolus à l'écouter. Elle approcha son visage meurtri du mien, m'offrant le triste spectacle d'une peste rampante.
- Qui êtes-vous, balbutiai-je.
Elle haleta un moment à mon visage, faisant voler ses cheveux gras.
- Arthas est reparti. Nos corps sont de nouveau nôtres.
Un moment j'eus du mal à le croire. Des morts vivants gentils? Pourquoi pas un Arthas en tutu bleu ?
- Vous voulez dire que vous vous êtes révoltés ?
- Sylvanas nous a guidés. La Dame Noooire... murmura l'être avec une dévotion étrange.
- Lordaeron est sous son contrôle ?
- Pas encoooore.... elle se bat, elle se défend... la dame noire est grande.
Le geist roula des yeux un moment, comme pris de transe, puis ouvrit grand sa bouche et me mordit l'épaule. Dans un cri je la poussai contre l'escalier. Ok, pas gentils les morts vivants en fait. Elle poussa un rugissement furieux et tenta de se jeter sur moi. Un coup de feu, et elle vola en éclat, retapissant les murs de sang pourri. Pourtant, je n'avais pas tiré. Une silhouette se dressait devant la porte. Une silhouette voutée, étrange.
- Ne nous jugez pas, inconnu. Cette réprouvée était irrécupérable.
- Réprouvés ? Mais vous êtes qui ?
L'inconnu regarda ma blessure, eut un petit rire, et murmura :
- Tu le sauras bien assez tôt.
Son visage émergea de l'ombre. Il avait une peau grisâtre, et flétrie, une ossature saillante, et des traits déformés. Il m'aida à me relever. Le contact avec sa peau me fit frissonner.
- Bon, t'as des choses à apprendre mon gars. Tu viens d'où pour être si peu au courant ?
- Amagand. Tout le monde est mort... Rah la vache, ça fait mal ce truc !
Je tâtai ma blessure... elle était profonde.
- Tu es ici au Glas, camp d'accueil des réprouvés. Comme tu as pu le constater certains n'ont pas pu être récupérés à temps. Tu vas rejoindre les rangs de la Dame Noire et libérer Lordaeron avec nous.
- Eh eh eh attendez là, j'ai aucune intention de risquer ma vie là-bas et de...
Le contact très désagréable d'un fusil sur mon front me fit me taire.
- Je crois que t'as mal compris. C'était pas une question.
Il me montra la crypte où étaient empilés les mourants et les morts en attendant d'être réveillés par les apothicaires et nécromanciens de Sylvanas. J'avais du mal à concevoir que des morts vivants s'étaient détachés de l'armée d'Arthas. Ma blessure s'aggravait d'heures en heures.
- Dites, c'est normal que ça soit aussi douloureux ?
Le réprouvé me regarda avec étonnement.
- Mais vous avez la peste maintenant !
Aussi curieux que cela puisse paraître, je n'en étais absolument pas étonné, ni effrayé. Après tout, ces gens étaient encore debout, conscients. Je devais m'être déjà fait à l'idée dès que j'avais franchi le seuil d'Amagand : nul ne peut en réchapper éternellement. Et peu à peu, à la pensée même de retrouver Lordaeron sous un règne stable me rassurait profondément. J'avais été rendu à moitié fou, à moitié passif, avec les derniers évènements.
Therod Aoun'dore
Therod Aoun'dore


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Message  Therod Aoun'dore Mar 23 Fév 2010, 01:08

Finalement, on me mit un casque sur la tête, une épée dans la main, et on m'envoya combattre en Lordaeron. Retourner en Tirisfal ne m'enchantait guère, mais je n'avais pas le choix. Dans notre dos, cinq chars de guerre roulaient entre les arbres dans un vacarme grandissant, et nous tracions vers les portes de la capitale. Les cris de guerre résonnaient dans tout Lordaeron. Au pied des murailles, les machines de guerre hurlaient, et pilonnaient les positions jusqu'au coeur de la ville. Des centaines et des centaines de cadavres s'amoncelaient de toute part, perdus dans les langues de brume malsaines et rampantes. L'odeur de la mort flottait partout, mêlée à celle de la poudre noire et de la destruction.
Tout à l'est, les armées du Fléau, menées par les chevaliers de la mort, ne cessaient d'arriver des Maleterres. Au delà des barricades, des milliers de morts vivants attendaient d'être relevés pour partir à l'assaut, au milieu des béliers et des engins de sièges. Alignées, les balistes de la croisade balayaient ces rangs continus, et des pluies de flèches enflammées s'abattaient impitoyablement sur tout ennemi. Les grands généraux écarlates faisaient hennir leurs chevaux depuis les plus hautes crêtes, sous l'ombre maléfique du monastère. Au même instant, notre bataillon longeait les murailles pour contrer un nouveau flux de renforts de l'est, allant à la rencontre de la mort elle-même.
Les rangs de mes collègues beuglaient à la victoire, criaient « GLOIRE A SYLVANAS, MORT AU FLEAU » comme un dogme de haine. Les murailles éclataient, les tours s'effondraient. L'apocalypse était là. Un petit groupe de résistants humains, qui n'avaient pas rejoint la croisade, menaient un maigre assaut de front depuis les berges du lac. Ces mille cavaliers téméraires fendirent les rangs du fléau avant que nous ne les ayons atteints, mais le surnombre de ces morts absorba le choc et le réduisit en poudre. Deux immenses abominations tiraient un bélier gigantesque, en forme de tête de mort, qui portait dans sa bouche béante des échantillons de peste redoutables. Sur la cime des murailles, des flèches enflammées pleuvaient sur ces troupes.
- LES ARCHERS DE SYLVANAS, s'écria le réprouvé à ma droite. GLOIRE A SYLVANAS !!
Cent mètres séparaient les armées des réprouvés et les renforts des maleterres. Ces-derniers alignèrent le bélier à la porte principale, qui avait jusque là tenu, et frappèrent un premier coup. Les catapultes de Sylvanas répondirent d'une série de coups qui balayèrent une vingtaine de morts-vivants.
Les fantassins chargèrent. L'adrénaline qui coulait dans nos veines faisait battre des coeurs mourrants. Les hurlements des seigneurs du fléau faisaient trembler la terre et secouaient ses fondements.
- EN AVANT, SOLDATS, PAS DE PITIE ! GLOIRE A ARTHAS, GLOIRE AU ROI LICHE, GLOIRE AU FLEAU !
Et sur ces mots leurs chars tirèrent à leurs tours des boulets ardents qui s'écrasèrent sur nos rangs dans des gerbes de flammes. Les voix de nos meneurs nous crièrent de ne pas battre en retraite. Les explosions faisaient siffler mes oreilles. Les coups de canon résonnaient dans un choc de titans.
Rencontre. Mort-vivant contre mort-vivant. Les épées tranchèrent les corps décrépis. Les geists bondissaient à 3, 4 sur chaque combattant, tandis que les goules sortaient à même de la terre pour nous prendre en tenaille. Des abominations foulaient les rangs, écrasant des rangs entiers. Sans qu'on ne le voie, des nécromanciens se déployaient autour de nous, dans le bois, et commençaient des incantations. Trop occupé à trancher la tête d'un défenseur tentaculaire, je ne vis pas de gigantesques masses nous foncer dessus. Des beremoths de chair, hurlant à la mort, chargeaient nos troupes de flanc, et renversèrent plusieurs engins de siège. Les trébuchets postés sur les plus hautes tours basculèrent dans un grincement, pour nous venir en aide. Certains projectiles purent les atteindre, et les affaiblir. Mais nous étions pris en tenaille. Le bélier frappa un dernier coup, et la porte vola en éclats, faisant s'effondrer l'arche principale sur les premiers morts vivants qui entraient. De nouveaux chars arrivaient, imposants, porteurs des grands princes du fléau. Valanar, Kelseth, Taldaram. Tous pensaient marcher sur Lordaeron à la fin de la nuit.
Therod Aoun'dore
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Message  Therod Aoun'dore Mar 23 Fév 2010, 01:09

Le combat stagnait. Des créatures du fléau se retrouvaient parfois désorientées, et combattaient leurs propres amis. La perte de contrôle d'Arthas se faisait de plus en plus sentir. Une ombre apparut sur la plus haute muraille. Une silhouette féminine regardait ses rangs avec fierté. Les réprouvés crièrent « GLOIRE A SYLVANAS ». Et Sylvanas répondit, d'une voix qui couvrit les rumeurs de la bataille.
- Soldats du Fléau, obéissez à votre seule vraie maîtresse ! Ne vous laissez pas corrompre par ces usurpateurs ! ENTENDEZ L'APPEL DES REPROUVES !
Le combat ralentit, une grande partie des morts-vivants perdaient de leur hargne. Les trois seigneurs du fléau s'empressèrent d'entrer dans la ville avec les quelques forces qu'il leur restait. Nous les poursuivions, fiers de cette nouvelle victoire, avec l'aide d'un beremoth, d'une vingtaine d'abominations et d'un nombre grandissant de morts-vivants. A peine avions nous pénétré dans la ville que nous comprîmes l'ampleur du désastre. Même si nous allions parvenir à reprendre Lordaeron, nous n'aurions que des ruines et des cendres, des cadavres et des décombres. Il ne restait quasiment rien de la fière citadelle, hormis... hormis le trône de Menethil, au delà de la cour principale. C'est là qu'allaient s'affronter les quelques forces du fléau et des réprouvés, pour un dernier combat décisif. Sylvanas réunit toutes ses forces en ce point. Y compris, à notre grande surprise, un Nezrethim, et pas des moindres. L'aura de la banshee avait même corrompu Varimanthras, un des trois grands seigneurs de l'ancien fléau.
Un grand silence se fit dans tous les rangs. Les réprouvés étaient trois fois plus nombreux à présent.
- Valanar... Kelseth... Taldaram... Vous avez donc quitté votre cachette pour combattre ici ? Servir la cause juste du roi liche ?!
- Tu payeras ta trahison, Sylvanas, s'écria un des San'layn.
- Qui parle de trahison... Ner'zhul s'est détaché de la légion ardente, il n'obéit qu'au fléau à présent. Le Roi Liche a perdu plus de la moitié de ses forces du Royaume de Lordaeron. Fuyez, avant qu'il ne soit trop tard.
- Jamais tu ne résisteras au courroux des Nezrethims. Ils t'écraseront, comme ils ont écrasé cette capitale !
Sylvanas n'attendit pas une seconde de plus, et lança l'assaut. Les réprouvés se ruèrent en masse contre les quelques centaines de morts-vivants restants. Les chevaliers de la mort éradiquaient en masse ces rebelles, mais... la victoire changeait inexorablement de main. Poussé par une nouvelle bouffée de courage, je fonçai sur Valanar, arme au poing. Me voyant arriver sur lui, il leva la main d'un air magistral. Je sentis alors l'ombre s'insinuer en moi par chaque pores de ma peau. Le sang frappa mon coeur et le fit cesser de battre. Le givre glaça mes veines et mon esprit. Et l'impie me propulsa à ses pieds, sans que je puisse résister. Il m'empoigna et me murmura :
- Subis la colère de la poigne de mort.
Et plus rien. »
Therod Aoun'dore
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Message  Therod Aoun'dore Mar 23 Fév 2010, 01:12

Le texte s'arrête longuement ici. Les pages avaient eu le temps de se ternir avec l'âge. Lorsqu'à nouveau une plume se posa sur le papier, elle était plus hésitante, et fébrile.

Je viens de relire toute mon histoire, et ma survie. Aujourd'hui, que je suis retourné en Hurlevent, il est temps de ma repentance et de mes avoeux. Je poserai ici 3 années d'exil au service du fléau. Trois longues années. De manière transparente, bien qu'impersonnelle, j'avouerai mes crimes, et me présenterai devant la Sainte Lumière ce livre à la main. Khassim Al-Rakim, paladin de Hurlevent, va tenter d'effacer de moi et la peste que je porte, et la fletrisssure du fléau. Si je dois mourir, lecteur, diffuse au monde entier une des nombreuses copies que j'ai faite de ce manuscrit. Elles sont cachées dans les capitales de l'alliance et j'ai pris grand soin de les distribuer.

Un mois après ma contamination, je m'accuse coupable d'avoir aidé les réprouvés à pénétrer dans la sainte Lordaeron et d'en avoir pris possession. Je me rends coupable d'avoir abandonné un enfant, un nain, et un prêtre dans la forêt de Tirisfal pour assurer ma survie. J'ai retrouvé le prêtre près d'Achérus, vivant et prisonnier. La Sainte Lumière a su le préserver pour mieux me prouver mes erreurs.

Je m'accuse coupable de nombreuses attaques sur Âtreval, et Comté-de-Darrow. Coupable de la mort de centaines de personnes de ma propre main, dans les poches de résistance des maleterres. Je m'accuse coupable du meurtre de femmes, d'enfants, d'honnêtes défenseurs de la lumière sous la domination du roi liche et son terrible courroux.

Je m'accuse coupable d'avoir mené les légions morts-vivantes et d'avoir participé à leur écrasante victoire sur le royaume de Lordaeron. Je m'accuse coupable d'avoir participé à la planification de l'attaque sur Lune d'Argent et Quel'Danas. Coupable d'avoir écrasé l'enclave écarlate, d'avoir ainsi tué de fiers défenseurs de la lumière, venant des quatre coins des maleterres pour arrêter Achérus. Je me rends coupable d'avoir aidé à la recherche sur le développement de nouvelles créatures du fléau, et d'en avoir ranimé moi-même des légions.

J'avoue l'avoir fait non pas en spectateur mais en acteur, par lâcheté et plein de ferveur, car j'avais compris la grande protection dont pouvait me faire bénéficier le grand Roi Liche. Je me rends coupable d'avoir ainsi tué, à vue de nez, 12 000 personnes de ma main, et par ma faute, humains, elfes, nains, et autres, d'avoir hautement aggravé la situation dans le nord des royaumes de l'Est, et d'avoir apporté un appui aux San'Layn et au baron Vaillefendre.

Je me rends coupable d'avoir condamné à l'errance et à la terreur des innocents, en aidant à l'ascension de Scholomance et de la famille Barov, ainsi coupable d'avoir mené contre le bastion écarlate de Stratholme des batailles décisives.
Coupable.
Coupable.
Coupable.

Je me rends à présent devant la lumière qui m'a permis d'être encore vivant aujourd'hui, afin d'obtenir rédemption. La peste quittera mon corps en emportant ma mémoire, puisse mon prédécesseur effacer mes pêchés.
Il en est de son devoir, car cet être inconscient de son passé que je serai devenu sera aussi coupable pour sa passivité que moi. Puisse ces écrits lui rappeler le lourd fardeau qui pèse sur ses épaules.

Terân Dumas, Chevalier de la Mort.

Vous refermez le livre avec la conscience qu'il est un aveu direct de pêchés terribles. Cet homme parle bien d'une collaboration, au final volontaires avec le fléau. Vous plaignez sans doute d'avance le pauvre amnésique qui se réveillera, avec pour seul souvenir d'avoir tenté de survivre en Tirisfal, et ignorant tout de cet autre Terân, meurtrier, assassin. Son fardeau pourrait bien être lourd, hélas.
Therod Aoun'dore
Therod Aoun'dore


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Message  Therod Aoun'dore Mar 02 Mar 2010, 12:53

"Khassim a réveillé un monstre. En libérant l'horrible créature qui hantait ma chair depuis des années, il a créé ma némésis : mon souvenir. Insaisisable, inoffensif... mais oppressant. Toi, qui trouveras ce journal, sache que je pars pour un autre lieu, où les criminels comme moi sauront trouver place. Où chacun a son fardeau de responsabilités.
Si on a purifié mon corps, je peux encore m'infecter de façon volontaire. Il est temps que j'accomplisse ma destinée, et que par le scellé de mon geste, je ferme à jamais ce livre. Je dois accomplir ma rédemption jusqu'au bout et me rendre là où m'attend mon châtiment <quelques gouttes de sueur font ici baver l'encre, à moins que ce ne fûssent des larmes>. Je m'en vais servir celle à laquelle je n'aurais jamais du échapper. Je m'en vais servir Sylvanas, afin de semer ce démon qui me hante.
Terân restera en cet endroit, Terân sera seul et désemparé. Et je serai enfin libre. Lecteur, toi qui de tes yeux effrayés a lu l'horreur de ce destin, diffuse, diffuse, les paroles d'un malade. J'ai du sombrer dans la démence, mais qu'importe. Une nouvelle histoire s'offre à moi.
Celle de Teran, le réprouvé."

*Le livre semble s'arrêter ici... mais qu'allez-vous en faire ?*
Therod Aoun'dore
Therod Aoun'dore


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