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Message  Angron Manus Sam 26 Nov 2011, 15:01

Vingt sixième jours, onzième mois, trente et unième année.


Les larmes ont de ceci l'avantage qu'ils finissent par bercer ceux qui les font naître.


Cette étrange pensée est venue à moi alors que les premières lueurs de l'astre naissaient. Elle s'est posée sur mon épaule avec la grâce d'un oiseau de proie, porteur d'un message onirique, encore brumeux des relents d'un sommeil agité. Les mots glissants entre mes lèvres, chargés d'un accent étrange, à la fois intime et inconnu. Je n'en saisis ni le sens ni la portée, mais ils me hantent, Lumière qu'ils me hantent, semblables à des crocs figés dans la chair tendre et juteuse de mon flanc. Quoi qu'ils représentent, et d'où qu'ils viennent, je ne puis me résoudre à les oublier, et même si c'était là mon choix, aucune lame, aucune flamme, nul outil des hommes ou des dieux ne parviendraient à l'extraire de ma carcasse moribonde.


Nous sommes au milieu du jour, tous les habitants de cette ville étrange dorment, comme s'ils craignaient la lumière du soleil. Et pourtant, aucune lueur ou presque ne filtre depuis les hauts branchages des arbres millénaires qui s'élèvent si loin au-dessus de nous. Ils nous observent, gardiens millénaires - ou serait-ce geôlier ?- étendant leurs bras feuillu entre ciel et terre, comme pour épargner au sol la caresse des rayons ardents.
Je suis l'un des rares debout, apercevant de temps à autre une sentinelle patrouillant, le regard inquiet porté vers le ciel. Cette inquiétude ne m'atteint pas, non pas source de bêtise ou d'inconscience, mais au contraire, le savoir des dangers nous guettant depuis les fourrés, tapis dans les ombres. Ils nous fixent de leurs yeux rougeoyant, avec la patience distincte des chasseurs aguerris par des années de traques. Ils attendent leur heure, prêt à bondir, avec la certitude des tueurs bestiaux et mécaniques.



Ce carnet ne sera pas un compendium d'exubérances d'un vieux fou aux abois, ni le recueil d'une vie d'aigreur, de cela je n'ai plus le courage ou la force, car déjà tremble sous ma main la plume, m'emplissant d'une colère sourde. Ce combat ne se mènera pas sur la selle d’une monture lancée au galop, ou au cœur d’une mêlée sanglante. Il se fera de front, face à un vélin d’une pâleur maladive, ou je graverai chaque pas vers le sud, chaque vie prise et chaque regard au-delà des monts d’ébènes qui marquent avec la force tranquille d’une nature impérieuse l’horizon vers lequel nous nous dirigeons.


Ce n’est pas une conquête, je ne marche pas la lame pointée vers ce sentier que je foule, je n’ai jamais eu l’âme de ceux qui possèdent par désir et défi. Je ne me suis jamais battu pour posséder ce qui n’était pas miens, avec la hargne grandissante des supérieurs et de ceux qui suivent leur destin clairement tracé. Je ne lutte pas aujourd’hui, ni ne lutterai demain. Je n’ai jamais lutté, à dire vrai, car toute lutte nécessite un courage et une Foi qui ne sont pas miens.
C’est une fuite. Non pas ces reculs glorieux, sonnant un rassemblement ralliant les plus hésitants, non, mais une débandade honteuse et affolée, laissant derrière soi les armes et couleurs d’une cause sans nom et sans saveur. Sous les quolibets acides et les regards venimeux, je prends cette route qui ne porte pas mon nom, sans avoir pardonné aux habitants des forêts d’Orneval. Je n’ai plus le souhait ou l’espoir d’un oubli salvateur, me libérant enfin des affres que je traine après moi ; perdant cette vision de demain et du jour suivant.


J’entends Ceralynde se lever, nous allons bientôt lever le camp. Je n’ai aucune idée de la route que nous prendrons, mais je sais qu’elle ne sera pas pavée d’or ou d’argent.
Lorgan me manque.
Angron Manus
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Message  Angron Manus Dim 27 Nov 2011, 12:12

Vingt-septième jour, onzième mois, trente et unième année.



Nous sommes sur le départ. Nos blessés sont presque remit, et je sens que Ceralynde est un peu plus nerveuse chaque jour, comme si rester au même endroit augmentait nos chances d’être débusqués. Je comprends en partie cela, mais je ne m’inquiète pas, et pour occuper mon esprit, je veille aux préparatifs.

Avec quatre montures seulement, nous ne pourrons emporter beaucoup de provisions, et même si l’elfe est un bon chasseur, je ne sais si le gibier abonde, au sud. J’ai fait en sorte d’acheter des sacoches en cuir, que je vais sangler aux selles par un système de lanière, nous pourrons emporter de la viande séchée, et ces espèces de graines fades qu’ils mangent ici. En plus de ces maigres rations, j’ai fait une liste du matériel que j’ai pu trouver.

-Douze pieds de cordage
-Six torches
-Trois couvertures
-Deux sangles de rechange


Ce ne sont que peu de chose, mais j’ai bon espoir que chaque détail nous aide. J’ai aussi trouvé un plan grossier des environs, et d’après ce que j’ai entendu dire, nous prendrons la route du sud, pour traverser les régions montagneuses qui borde la mer de l’ouest. Une zone en guerre, comme la plupart, mais en passant par les petites routes, nous devrions éviter la majorité du conflit, et ainsi préserver en partie la quiétude du début de voyage.

A l’idée de m’aventurer dans les bois sombres de cette région, je sens en moi renaitre les craintes que nous avions il y a bien des années. Cette peur du noir, irraisonné et improbable, cette angoisse presque instinctive, qui ronge le cœur des plus braves. Car dans les ténèbres d’Ashenval, nous ne pouvons être sûr de savoir d’où viendra la mort ; une créature maudite, une bande d’orc en maraude, ou un glaive lunaire.

Lumière Divine, je suis bien loin des petits tracas de la ville, ces échanges de civilités sous couvert de bile acide, ces duels continuels de domination sociales, et ces quêtes insipides de laurier ou d’or. Vivre, survivre, trouver de quoi manger et un lieu où dormir, de ces chevauchées palpitantes et nerveuses qui délient toute crainte et débride toute retenue. A l’aube de ces quêtes épiques et risibles, dont on ne trouve nulle trace dans les livres de bibliothèque, qu’on ne raconte pas au coin du feu, et qui s’éteignent en même temps que leurs acteurs.

Je suis en vie.
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Message  Angron Manus Lun 28 Nov 2011, 15:31

Vingt huitième jours, onzième mois, trente et unième année.


Nous terminons les derniers préparatifs.


Ceralynde voulait être certaine d’être prête. Elle voulait s’assurer de pouvoir faire face aux obstacles, d’être au mieux de sa forme. Mais elle ne pouvait se résoudre à user de ses pouvoirs trop près de la ville, sa présence étant déjà mise sous surveillance, et le moindre faux pas l’aurait surement conduite à quelques frictions plus que dérangeante.

Nous nous sommes éloignés d’Astranaar, vers les clairières de l’ouest qui bordent ce lac au nom qui m’est inconnu. A pieds, bien sûr, les Kaldorei sont déjà assez réticent envers nous pour que nous ne poussions pas le bouchon à leur demander de nous prêter les rennes de quelques-unes de leurs rares montures félines.

Il nous a fallu moins d’une heure de marche pour atteindre ce lieu qu’elle connaissait. Une grande étendu herbeuse, ou reposait couché le tronc d’un arbre mort, si large qu’il nous apparaissait comme un mur de cinq pied de haut, fendant la clairière de part en part. Un géant effondré, aux racines aussi longues qu’un homme, dont les branchages autrefois touffus gisaient en lambeaux, tel un voile émeraude et brun.

Je me suis installé sur un rocher, m’éloignant quelque peu d’elle par expérience.

A-t-on déjà vu spectacle si vrai, si brut et si captivant que celui des flammes dansant dans le creux des mains de l’homme ? Ce spectacle du feu léchant la chair, des colonnes ardentes s’élevant jusqu’à la cime des arbres, menaçant de les réduire en cendre. Une profusion de brasier, des langues de feu léchant l’air et la terre, laissant derrière elles de longues marques cendreuses. J’inspirais cet ai chargé de suie à plein poumons, faisant surgir les souvenirs d’Hyjal, m’étouffant presque de plein gré dans ce poison olfactif.

Elle psalmodiait dans cette langue étrange, aux intonations presque malsaine, faisant naitre sur son corps l’ombre et la fumée, avant de les projeter par des gestes rageurs vers le béhémot alité sur l’herbe et la mousse. L’écorce crépitant, explosant, s’arrachant en lambeaux calcinés, laissant libre cours aux arts et à la colère de Ceralynde ; jusqu’à ce que l’épuisement la prenne, le souffle court et les jambes tremblantes.

Rarement j’eu autant de plaisir à voir un sorcier faire étalage de ses talents, et nous rentrâmes pour le repas, moi la soutenant, elle râlant, mais plus sereine.

J’ai hâte que nous partions.
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Message  Angron Manus Mar 29 Nov 2011, 14:57

Vingt neuvième jours, onzième mois, trente et unième année.


La bête.

J’écris ces lignes alors qu’elle dort. C’est une vision à la fois hypnotique et dérangeante. Cette chose que j’observe n’a rien d’humaine, si ce n’est un semblant de forme, un corps se rapprochant du notre sous l’aspect.

Mais là s’arrête toute ressemblance. Je devine sous les paupières close ces yeux couleur citrine, qui s’agitent en cadence de ses membres ; suivant en rêve une proie au travers des fourrés. Elle gronde, feule, crispant ses mains dans les draps, d’invisibles griffes sortants de leurs fourreaux pour s’ancrer dans un sol meuble, prête à bondir.

Je ne me suis jamais senti proche de ces choses animales, de cette bestialité qu’on retrouve chez certains êtres. La civilisation, la culture, l’art, la Foi, sont des bastions indéfectibles ou résident notre conscience. Garants de nos principes moraux, nous en sommes les sentinelles inébranlables, les gardiens intemporels et omniscients. De cet état de fait, j’ai toujours été convaincu plus que de raison. Un credo guidant mon bras et ma volonté, faisant fi des barrières et des entraves insipides de quelques gredins mal attentionnés.

Pourtant, quand j’observe Heliven prise de convulsion, qui s’agite, luttant contre elle-même ; ou peut-être n’es ce qu’un jeu, je ressens un trouble profond. Il est inquiétant, effrayant presque, d’observer cette enveloppe humaine être le terrain d’affrontement de ces deux entités radicalement opposées. Et l’équilibre prévalant, la femme laisse lentement place à la bête, qui s’agite, dévore chaque parcelle de conscience et de raison pour instaurer un instinct farouche, dominant, sauvage.

A son réveil, je visualise cette chose me faisant face. Elle n’a plus rien d’humaine, et même le dernier des imbéciles le verrait avec clarté. La créature se tient cambrée, figeant son regard inhumain sur moi, grondant sourdement en montrant ses dents. Ses contours se floutent, mais elle ne change pas de forme, me regardant avec cet air de prédateur sur le point de me sauter à la gorge, de me mettre à mort. Comment donc cela est possible ? Comment deux êtres si radicalement opposés peuvent-ils cohabiter au sein d’un corps si frêle en apparence ? Quand la Bête domine, je ne dois pas montrer ma peur, ou elle ferait de moi un repas copieux, sans aucun remord. Il me faut gronder plus fort qu’elle, dégager une aura de violence d’où toute logique se dissipe, entré dans un rapport de force sauvage et violent.

Je sais que quelque part sous la chair et les os de cette entité réside l’autre part, l’humaine. Alors je fais preuve de la plus grande des vertus, la Patience. Je me dresse et oppose l’acier à la bête, qui feule et recule.

Il faudra une nuit entière pour qu’elle reflux d’où elle est venu. Qu’elle s’en retourne se terrer loin de la lumière du jour, loin du regard des hommes. Qu’elle laisse Heliven en paix, du moins pour les heures venant.

Au petit matin, je sais qu’elle ne se souviendra de rien, sinon de la sensation encore présente du passage de la bête, sans se soucier de ce qu’elle a fait ou vu. Du moins je le pense. Je suppose que ces choses n’ont que peu d’importance.

Après tout, quand la nuit tombe, il est peu probable de distinguer les hommes et les bêtes.
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Message  Angron Manus Lun 05 Déc 2011, 12:39

Cinquième jour, douzième mois, trente et unième année.



J’ai toujours eu peur de l’hiver. Une peur irraisonnée, instinctive, de celles qui annihilent la logique pour vous pousser dans vos derniers retranchements. Ce vent qui traverse les plus épaisses capes en laine, qui fait claquer les bannières au sommet des chemins de ronde, mordant les os et la chair de ses crocs de givre. Me rappelant les étendues gelées du Norfendre, les doigts crispés, articulations bloquée par l’étreinte de la saison pâle.


Le maigre feu ne parvient pas à me réchauffer, peinant à survivre sous les bourrasques traitresse du vent du nord. Les flammes vacillantes lancent des appels à l’aide silencieux ; le craquement des branches mortes qui tombent en cendre sous la caresse brulante du foyer. Il me ressemble. Je me reconnais dans chaque tremblement, chaque crépitement, la valse lente des langues de feu. Et pourtant, quand me vient le souhait de la dessiner, ma main se fige ; prisonnière de chaines invisibles. L’esquisse qui d’habitude nait d’elle-même ne franchit pas la barriere de mon esprit, se refusant à se coucher sur le vélin.


Au-dessus de nous, à plusieurs dizaine de pieds de hauteur, les branchages millénaires nous contemplent, comme des parents mécontents. Dans le sillage des années écoulées, jamais je ne m’étais rendu compte à quel point ces béhémots nous surpassait, toisant depuis leurs siècles imperturbables nos actes vains. Des fourmis s’agitant aux pieds de géants silencieux. Insectes effrayés par la venue d’un hiver trop rude, trop long.

L’errance est un mal dont on ne se défait pas, pas sans en payer le prix. Il me reste à vérifier nos provisions, les serres rocheuses ne sont pas propice à la chasse, et nos cinq bouches ne se contenteront pas de quelques petits gibiers, et l’arrivée des premières neiges ne nous aidera pas à trouver aisément de quoi subsister.

Je me fais un peu d’inquiétude pour Lorgan, mais quel père ferais-je si je ne m’en faisais pas ? Je sais qu’il a vu la petite fille lui aussi, mais à ces questions je n’ai pas de réponse à lui apporter. Je prie pour lui.

Angron Manus
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Message  Angron Manus Mar 13 Déc 2011, 10:32

Neuvième jour du douzième mois de la trente et unième année.


As-t-on jamais vu ruines si majestueuses, colonnes gargantuesques, couloirs sans fins, voutes séculaires dont les sommets se perdent au-delà de ma vision. Tout en ces lieux est démesuré, repoussant la frontière du probable et de l’imaginaire. A chaque détour, des salles aux proportions incalculables, dont chaque dalle au sol est plus grande qu’une chaumière, rongée par la mousse et le lichen.

Les seuls habitants de ces lieux désolés sont les démons et la flore corrompue. Des satyres, rôdant parmi les ombres, s’adonnant à de ténébreux rituels ; des pans entier de cette antique cité réduit à l’état de laboratoire et de lieux de cultes païens. Nous nous sommes engouffrés dans les dédalles tortueux faisant offices de repères à ces créatures malsaine, et nous sommes perdus ; ces boyaux sans fin ne conduisant qu’a de nouveaux démons, encore et encore. Ma lame souillée du sang impur de ces maudits perd de son tranchant à chaque satyre tranché en deux, comme si leur essence même rongeait l’acier et nos volontés affaiblis par la faim, la soif, la fatigue.

Aucune trace des grands rayonnages des biens nés, pas la moindre piste de livre ou de savoir elfiques. Rien que ces maudites ruines, et ces tréants fous qui nous assaillent dans notre sommeil, leurs serments épineux cherchant à nous étrangler sans cesse, et semblable à l’hydre des légendes, pour un tentacule tranché, deux autres poussent et nous harcellent de plus belle.

Les autres sont nerveux, je le sens. Les deux Kaldorei ne sont pas à l’aise en ces lieux qui sont pourtant leur patrie ; ou ce qu’elle fut. Comme si le poids des erreurs commises ici leur imputait de droit, un fardeau ancestral bien loin de la compréhension des mortels. Ceralynde, bien qu’intrigué et hautement intéressé par ces démons et les secrets qu’ils préservent, n’en reste pas moins de mauvaise humeur, et bien que la chose devrait m’assurer d’un état normal ; je me fais quelques inquiétudes. Heliven et la bête perdent patiences elles aussi, je le sens dans les mouvements parfois brusques, les petits grognements et autres comportements et signes discrets, preuve d’une nervosité latente, non pas du à nos péripétie, mais à l’attente.


Si Towann ne trouve pas rapidement le chemin de cette maudite bibliothèque, nous devrons nous séparer, exploiter d’autres pistes, diviser nos forces certes, mais afin de couvrir plus de terrain. Je ne sais encore si nos provisions tiendront plus d’une semaine, et les denrées se font rares ici. Nous avons bien tentés de nous nourrir des diverses baies et plantes qui poussent à la lueur des quelques rayons lunaires, mais tout ici à un gout rance, corrompu, de bile acide et de maladie. Comme si l’air même empêchait chaque chose de rester pur, rongeant sans fin, ne laissant que le difforme et le malade.

Combien de temps faudra-t-il pour que cette corruption nous atteigne nous ? Des mois ? Des semaines ? Le sommes-nous déjà ? Je n’ai pas de réponse, et je n’ose demander à Céralynde. Nous devons faire vite, car ce ne sont pas les démons pour les tréants qui viendront à bout de nous, mais le temps, insidieux et froid, la cadence lente des heures, comme un décompte à notre fin.
Angron Manus
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