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Le parcours de la Lumière

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Le parcours de la Lumière Empty Le parcours de la Lumière

Message  Aeredril Dim 20 Nov 2011, 00:27

L’astre solaire avait depuis longtemps disparu, laissant place à l’éclat laiteux de la Lune quand retentirent les cris. Dans cette petite ferme construite un peu à l’écart du Comté de Darrow, dans les terres de Lordaeron, le cycle de la vie démontrait de nouveau son caractère miraculeux. Dans une chambre éclairée par plusieurs chandelles, l’homme tenait la main de sa femme de la sienne, celle-ci serrant les dents, allongée sur leur grand lit. Par moment, elle poussait des cris de douleurs en regardant une troisième personne présente. Une prêtresse semblait il, au vu de son aube, qui s’affairait à mettre au monde l’enfant dont la femme accouchait. La prêtresse prononça quelques paroles douces, mêlant encouragements et mots rassurant, avant de retourner à l’enfant pour un dernier effort. Alors que la future mère lâchait un nouveau cri de souffrance, son mari, angoissé au possible, étira néanmoins un grand sourire mêlé de larmes en voyant la prêtresse sortir enfin l’enfant du ventre de sa mère. Le cri de la femme se tut, remplacé par celui du nouveau né qui annonçait au monde la nouvelle de sa naissance.

« C’est un garçon ! » annonça la prêtresse.

Elle l’enveloppa dans des langes après avoir coupé le cordon et le tendit à son père émerveillé qui le prit dans ses bras. Sa femme, à bout de souffle, ferma les yeux et reposa la tête contre l’oreiller, esquissant un sourire tendre.

« Je… c’est si… Par la Lumière…, commença le nouveau père, cherchant ses mots, tu te rends compte Merianne ? … Merianne ? MERIANNE ! »

Son fils dans les bras, l’homme ne pouvait que crier le nom de sa femme, paniqué. Et bien que la prêtresse se précipita au chevet de la mère en incantant, les mains auréolées de Lumière posées sur la poitrine de Merianne Mantelumière, ses efforts furent vains. Elle finit par le comprendre et s’agenouilla alors devant le lit, commençant à donner les derniers sacrements à la femme qui gardait le sourire même dans la mort. Aerethern Mantelumière regardait sa douce femme, choqué et perdu, ne sachant s’il devait pleurer sa femme ou fêter son fils, succomber au chagrin ou se confondre dans le bonheur. Et, dans ses bras, alors que son père dévasté ne parvenait pas à comprendre ce qu’il lui arrivait, le petit Aeredril continuait de s’époumoner, dans des pleurs semblables à un chagrin incontrôlable.

***


… En l’an de Grâce 1 après l’ouverture de la Porte des Ténèbres selon la nouvelle dénomination et en l’an de Grâce 593 selon le calendrier du Roy, est à noter le 26ème jour du 2nd mois de la nouvelle année le décès de Dame Merianne Hautelune, épouse Mantelumière, morte en couche de son fils Aeredril Aeryel Mantelumière. Selon son testament, ce dernier et son mari recevront…



Le petit garçon, du haut de sa huitième année, filait à toutes jambes dans la cour de la ferme. Son souffle rapide s’échappait de ses lèvres, formant dans cet air hivernal comme un fragment de brume se dissipant bien vite. Emmitouflé dans de chauds vêtements d’hiver, qui ne gênaient nullement sa course rapide, ses cheveux courts et bruns cachés sous un bonnet de laine, il courrait, jetant son regarde gris acier si peu commun, héritage de sa mère, en tout sens. Entre les murs, vers les frondaisons, en direction des congères… Partout où pouvait se dissimuler le danger. Les sourcils froncés trahissaient sa concentration alors qu’il s’arrêtait devant la grange.

Mais c’est bien sur… Prudent et à pas mesurés, il pénétra dans la grange dont la porte grande ouverte prenait, dans la lueur hivernale, des allures de gueule grande ouverte de quelque monstre gigantesque. Alors qu’il se dirigeait vers le fond du bâtiment, il perçu du coin de l’œil un mouvement dans une botte de foin proche. Se tournant vers cette dernière, il déglutit et s’avança prudemment…

… Avant de sauter sur la botte et de pousser un cri de triomphe.

« Ahah ! Je t’ai trouvé ! »

« D’accord, d’accord je me rends ! » Le détenteur de la seconde voix émergea de la botte en époussetant ses vêtements. « Tu deviens de plus en plus rapide »

« Aller tu avais promis père, j’ai faim moi ! »

En réponse à ces paroles le ventre de l’enfant se mit à gargouiller bruyamment et son père éclata de rire en ébouriffant les cheveux de son fils. Aerethern pris le petit Aeredril dans ses bras et le porta jusqu’à l’interieur de la ferme.

« Bien, à table mon fils. »

… Le long du court chemin, la tombe les vit passer. Simple bloc de pierre marqué de gravures religieuses rappelant la tragédie passée déjà huit ans plus tôt. Marquant le sang entachant la terre. Seule la vie apporte la vie.
Semblable à un œil, le signe de la Lumière gravé sur la tombe contemplait indéfiniment les terres qui s’étendaient sous son macabre regarde, témoin éternel et silencieux de la vie et de la mort. Pour l’éternité…

***


Depuis ce jour tragique qui vit naitre le jeune enfant, pas un jour ne s’écoula sans que le souvenir de Merianne Mantelumière ne vive à travers les deux êtres qui vivaient pour elle. La vie s’écoulait, rythmée par les saisons, les récoltes, les intempéries et cette chose nommée Chance ou Destin selon les croyances. Et toujours, ce même jour de Novembre, où l’hiver montrait les premiers signes de sa venue, Aerethern Mantelumière quittait sa ferme isolée pour une journée au Comté où il préparerait la survie de sa famille. Bien vite, les routes deviendraient impraticables, bloquées par la neige, gelées par les pluies et cachées par le blizzard. Mais ce jour était différent. Pour la première fois, son fils l’accompagnerait à la découverte de ce monde encore inconnu et mystérieux…

« Père, tu sembles contrarié. »
Entendant ses mots s’échapper des lèvres juvéniles de son fils assis près de lui, les sourcils broussailleux d’Aerethern retrouvèrent leur posture normale et son front se dérida.

« Mais enfin, bien sur que non. » Il lui sourit et ébouriffa ses cheveux du même brun que les siens.

« Hmmff » fit l’enfant, étalant une mine boudeuse. « C’est moi qui t’embêtes ? Peut être que tu n’aurais pas du m’emmener… »

« Mais enfin que vas-tu chercher là ? Tu es mon fils, ma fierté. Ne penses pas des choses pareilles, tu veux ? » le père soupira et regarda de nouveau la route. « Tu verras, le Comté est un endroit merveilleux. Mais il est plein de gens et d’activité et je ne veux pas te perdre aussi… »

« Je sais, je sais, je resterais près de toi. Tu me l’as déjà dit des tas de fois. » répondit son fils, la mine toujours aussi boudeuse.

Son père sourit. Intérieurement, il était inquiet. Ce jour était le premier qui verra Aeredril au Comté et il se demandait comment allait le recevoir la population. Il était quelque peu connu à présent, l’enfant né de la mort de sa mère. D’aucuns disaient même que son père ne l’amenait jamais car il n’existait pas et qu’il aurait tué sa femme. Cela attristait beaucoup Aerethern, déchiré par ces propos insultant et blessant par ceux qui ne connaissaient pas.

Il soupira. Qu’importe la populace, il devait faire ce qu’il avait à faire.

Devant eux s’étendait la route pavée de l’entrée du Comté de Darrow. Celui-ci fourmillait d’activité. Encastrée dans une vallée, les contreforts des hauts monts dans le dos, il offrait un sentiment assez relatif de bien être et son charme pittoresque ne faisait qu’ajouter à cela. Bâti à la mode typique de Lordaeron, ce Comté était quelque peu isolé des villes les plus proches, à savoir Andhoral à l’Ouest et Stratholme au Nord. Jusqu’ici, la sainte ville aux cents Églises faisait rayonner la Foi en la Lumière et c’est tout naturellement que le Comté disposait de sa chapelle propre et de son cortège de Prêtre. Il n’était toutefois pas assez important pour disposer d’un Évêque.

La charrette des Mantelumière s’engagea sur la route. A présent, le petit Aeredril avait abandonné sa mine boudeuse pour des yeux pétillants et un visage émerveillé. Il est vrai que pour lui qui n’avait jamais rien connus d’autre que la ferme, devait ne pas en revenir. Si bien qu’il ne remarqua pas les quelques passants qui, connaissant Aerethern, saluaient son père et se figeaient en remarquant l’enfant.

Si ce dernier fut interloqué en voyant la rue principale du Comté, qu’elle ne fut pas sa surprise lorsqu’il déboucha sur la grande place où s’étalaient les divers stands. Aujourd’hui était jour de marché. Autour de la fontaine, la place était noire de monde, surveillée par quelques gardes portant la livrée royale, à l’affut de l’escroc ou du voleur.

Le Comté était régit par la Couronne des Menethil, un gouverneur portant leur directives en cette petite région reculée. Il siégeait dans le petit fort, au centre de la ville et disposait d’une petite garnison. A ceci prêt que le Comté était un lieu calme et que les incidents y étaient rares. Autour du village, les fermes s’éparpillaient sur des lieues.

Aerethern fit stopper la charrette à un emplacement libre et retira la bâche qui recouvrait son contenu. S’y étalait le surplus de grain, de légumes et de viandes qui avaient été produite dans l’année. Aussitôt, les habitués s’agglomérèrent autour du stand improvisé, saluant le fermier et découvrant le garçon. Ce dernier, intimidé, ne disait mot et regardait tout ce monde inconnu avec appréhension. De ci de là lui venait les sourires des passants et les compliments fait à son père pour « un enfant apparemment si vif et vigoureux. Ah il a le même regard que sa mère ce bonhomme. » et les remerciements de son père qui se détendait en voyant que tout se déroulait à merveille.

La journée s’écoulait, les stocks s’épuisaient et Aeredril s’ennuyait. Cela ne ressemblait pas à l’aventure exaltante qu’il imaginait, malgré son émerveillement premier. Il soupira et regarda le ciel. Le soleil brillait haut, au zénith ce qui n’améliorait pourtant pas la fraicheur de la journée. Il frissonna et resserra ses vêtements baissant le regard. Et, à travers une brèche de la foule, il aperçut une jeune fille. Elle croisa son regard. Elle semblait un peu plus jeune que lui, mais devait bien faire sa taille. Ses cheveux noirs descendaient longs et ses yeux foncés lui sourirent en même temps que le firent ses lèvres.

Immédiatement le garçon se redressa et se fraya un chemin dans la foule. Les gens lui cachaient la vue et il craint de ne pas la retrouver. Mais malgré tout, il parvint à en sortir et se retrouva près de la fontaine où il se trouva face à elle. Timide, il ne dit rien au premier abord et elle lui tendit la main, prenant les devants :

« Tu veux jouer ? »

Souriant amplement il acquiesça et saisit sa main. Il passa une journée merveilleuse en compagnie de sa nouvelle et seule amie avec laquelle il joua sur le bord de la fontaine. De toute évidence, son père avait du les voir car il ne partit pas à sa recherche.

Le soleil à présent déclinait et il entendit la voix de son père le héler. Il sauta à bas de la fontaine sur laquelle il s’était assis avec la fillette et partit vers rejoindre son père. Au dernier instant il se retourna et demanda.

« Dis… Je m’appelle Aeredril. Aeredril Mantelumière. Et toi ? »

« Laurienna. Laurienna Clairéclat. »

Il lui sourit, la salua et retourna vers la charrette qui débordait à présent d’objets et mets en tout genre. La journée avait été rempli pour le père, aussi bien que pour le fils qui retourna à la ferme en songeant à sa nouvelle amie et à la première journée différente de celle qu’il avait vécu depuis sa naissance.
Aeredril
Aeredril

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Le parcours de la Lumière Empty Re: Le parcours de la Lumière

Message  Aeredril Dim 20 Nov 2011, 00:29

Les pétales blancs coulaient le long de tes joues comme les larmes qui aujourd'hui roulent des miennes. La dentelle délicate de ta robe immaculée enveloppait ta silhouette fine, pareille à une écume neigeuse et fleurie, et je ne pouvais, face à ta beauté, à ta grâce irréelle, je ne pouvais que rester silencieux, afin de ne pas laisser ce moment se dissiper trop rapidement. La Lumière elle-même dansait dans tes yeux, ruisselait sur tes épaules, prenait vie par ta voix. Et moi, indigne que j'étais de ton amour et le cœur envolé à l'idée que tu devenais mienne, je tressais des fleurs sauvages dont je parais ton voile, alors que tu souriais, et par ce sourire, ta Lumière m'éclaboussait.

Il allait bon train, dressé sur ses jambes on ne peut plus osseuses, vacillant toutefois à cause à chaque pas, sans doute à cause de la friabilité de ses tibias. Il n'était plus très frais, loin s'en fallait ; certainement un quelconque soldat mort il y a quelques années et enterré sur le chemin de la vague funeste qui abattait les piliers de Lordaeron en ce moment-même.
De fait, des résidus de peau blette couvraient encore le crâne défoncé et pendouillaient sur les côtes encore présentes. La charogne se traînait sous le poids d'un extravagant plastron incomplet qui dépassait de ses épaules dénudées et tenait au poing une lame rouillée et émoussée qui avait dû connaître elle aussi les baisers de la terre au creux d'une tombe.
Ce squelette se dandinait vers nous d'une manière ridicule, roulant des hanches pour tendre ses jambes tour à tour, grotesque parodie. Son crâne penchait sur le côté de temps à autre, trop lourd pour les cervicales que le sommeil semi-éternel qu'elles avaient connu n'avait pas rendues de fer.
Sifflement dans l'air, dans notre ligne de front. Le squelette chancela, déséquilibré par l'impact de la flèche, et tomba en arrière dans un fracas d'os brisés. Dérisoire victoire.
Ils étaient des milliers semblables à celui qui venait d'être éliminé, des milliers d'hommes arrachés à la mort pour servir les desseins occultes de celui qui fut notre prince et de ceux qui le commandaient, lui. La plupart d'entre eux étaient des cadavres frais, des soldats tués récemment dans une bataille.

Pouvions nous défaire une telle armée ? Je doute même que le mot armée convienne. Notre propre nombre ne peut que se réduire, et nos corps grossiront leurs rangs; comment pourrions-nous vaincre ?

La lame de fond de chairs terreuses mélangées fut sur nous. L'enfer se déchaîna.

Un enfer aux couleurs multiples et mêlées, rouge du sang, ivoire de l'os, ainsi que l'argent des armures, que le noir des nécromants qui relevaient les braves tombés.
Un enfer qui résonnait du fracas violent des lames, des cris d'horreur et d'agonie, du vrombissement continu tout autour des belligérants des magies débridées.
Un enfer empuanti par l'odeur de putréfaction, sucrée, celle, âpre, de la peur, et celle, métallique, de la mort brutale et ce qu'il y a après.

Un enfer profané, souillé, un enfer dénaturé.

J'ai fui avec à l'esprit l'unique pensée que le terme 'enfer' était trop nuancé.
C'est l'instinct qui dictait cette fuite, et je n'étais pas le seul à avoir succombé à l'horreur.
Comment lutter face à cela ? Ce sont des hommes qui en sont à l'origine, et hommes nous sommes. Ce sont des hommes qui commettent de telles atrocités, des hommes qui servirent la Lumière...
Nous, fuyards, nous nous enfoncions entre les arbres pour regagner vaille que vaille le Comté de Darrow, alors que derrière nous, la mort moissonnait un champ qui respirait encore à notre départ. Peu à peu, de loin en loin, les bruits que causaient la fuite animale de mes Frères s'estompèrent.

J'entrai dans le village en courant comme un dératé, l’œil écarquillé, et empruntait la ruelle menant à la maison où je vivais encore heureux quelques jours auparavant, quelques heures, au côté de ma bien-aimée.
Les rues étaient désertes, les portes baillaient sur leurs gonds, ouvertes sur des abysses de noirceur autrefois éclairés par nos foyers et notre Foi. A l'image de nos esprits où toute trace d'espoir ou de rationalité avait été soufflée. Nous avions décampé comme une bête fuyant son anéantissement certain.

Je m'engouffrai par la porte béante de ce qui fut mon chez-moi, il y a une éternité. Je la trouvai allongée sur le sol, tournée vers l'âtre de notre salle à vivre, ses cheveux cascadant librement. Le feu qui brûlait gentiment dans l'âtre avait été mouché par les doigts insidieux du vent.
Je crois que je me suis agenouillé et que je l'ai ranimé. Puis mon regard s'est posé sur elle. Mon esprit savait déjà ce que mon cœur refusait de croire ; mais ma conscience était loin.
Je l'ai prise dans mes bras et tournée vers moi.

Elle était inerte et me souriait, me souriait d'un effroyable sourire rouge qui barrait sa gorge.

Aujourd'hui la Lumière est loin de moi, un vague murmure dans le brouillard.
Aujourd'hui je contemple un horizon vide, un champ de poussière. De poussière et de cendres. Fragments de ma vie...


Texte écrit par La Dame
Aeredril
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