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Le temps suspendu.

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Message  Armand Polminhac Ven 21 Oct 2011, 11:17

Etait-ce indispensable ? Probablement que oui. Rien ne l’obligeait à lui rendre visite aussi vite, mais sa présence au donjon, aux côtés du Roy, entraînerait nécessairement leur rencontre, dans un des couloirs du donjon ou lors d’une réunion. Autant passer la voir avant de tomber fortuitement nez à nez avec elle ou de devoir la rencontrer en présence du Roy.

Aussi, après être passé à la caserne où il n’avait pu s’empêcher de s’entretenir en privé quelques minutes avec un sous officier qui lui paraissait digne de comprendre le sens exact de sa question, il avait été de piètre compagnie tout au long de la soirée, son ami de longue date, le Capitaine Matthew Copeland, comptant ses soupirs, signes, disait-il, qu’Armand n’était pas dans son état naturel.

« Que s’est-il donc passé ? Parlez mon ami ! » insista Matthew. Armand avait soupiré, encore une fois, regardant longuement Matthew qui, de toute évidence, commençait à s’impatienter. « Il y avait là un vieux brisquard. Je lui ai demandé si elle avait changé. ». « Oui, et ? ». Le Lieutenant Colonel des Armées du Roy, Armand Polminhac, l’homme que chacun s’accordait à comparer à un roc inébranlable avait laissé voir son talon d’Achille en laissant échapper un nouveau soupir contrit. « Et il m’a répondu que comme le bon vin, elle … avait pris de l’âge. Un compliment bien troussé, non ? ».

Son vieil ami Matthew le connaissait trop bien pour ne pas voir, dans ses façons, la preuve que, sous ses airs sévères et indifférents, une part de lui restait accrochée à un passé lointain et révolu, quelques 20 années plus tôt.

Matthew esquissa un sourire.
« Vous connaissez un vieux diction qui dit que ... « Cœur qui soupire n’a pas ce qu’il désire » , je suppose ? Alors quel est le problème, vous avez peur de la revoir ? ». Armand arqua un sourcil d’étonnement.« Peur ? Mais pas du tout voyons ! Et puis… j’ai eu tout ce que je désirais.». Matthew avait esquissé un sourire entendu, bien conscient que son ami ne pouvait admettre que cette rencontre lui semblait à première vue plus problématique que de foncer arme au poing contre un bataille complet d’orcs.

« Et si elle faisait… flancher de nouveau votre petit cœur d’homme ? N’est ce pas cela que vous craignez ? ». Armand avait explosé, plus de honte que de crainte, probablement. « Rhaaa, Matthew, de grâce, taisez vous donc ! C’est tout bonnement impossible ! Trop… trop de choses dites, trop de regrets, trop de…. A mon âge qui plus est ! Non, impossible ! Et puis, nos affaires personnelles n'ont que peu d'importance à côté de celles du Royaume. »

Matthew l’avait observé un moment sans rien dire puis avait ajouté. « Mon ami, je vous connais tout de même bien. Pourquoi chercher à la revoir, si cela vous coûte autant ? ». Assis à une table de la mezzanine du Solitaire Bleu,Armand tournait sa choppe dans ses mains, songeur. « Je ne sais pas ... les impératifs du métier ? ». Matthew avait lentement hoché la tête, laissant dans son regard voir qu'il ne s'en laissait pas conter. « Et ces impératifs vous poussent à aller par deux fois tenter de la voir dans cette caserne ? Pourquoi faire celui qui n'y pense pas alors que cela vous ronge l'esprit depuis deux bons jours que nous sommes ici ? ».

Matthew avait raison, bien sûr, mais il lui en coûtait de l’admettre. La revoir lui semblait indispensable et en même temps si… difficile. Il inspira longuement, essayant de retrouver la sérénité qui d’ordinaire ne lui faisait pas défaut. « Matthew, j’aimerais que vous fassiez quelque chose pour moi. Acceptez vous de rester non loin de moi et de me prémunir contre ma propre.... faiblesse d'homme ? ». Matthew ne comprenait pas du tout de quoi il était question. « Que vous soyez là pour que je n'oublie pas les devoirs de ma charge ! ». L’ami fidèle secoua la tête, sincèrement désolé. « Armand, autant vous pourriez me demander n’importe quoi dans le domaine militaire ou diplomatique, autant là, je crains de n’être jamais d’aucune utilité. Et vous vous méprenez sur votre propre compte. Je ne connais pas cette femme mais vous m’en avez si souvent parlé que je me doute qu’elle peut offrir tout ce qu’un homme désire. Vous dites l’avoir obtenu, et l’avoir perdu, il est fort probable que la revoir va vous coûter, les tous premiers instants, mais que très vite votre pragmatisme va reprendre le dessus et que vous allez pouvoir deviser avec elle des affaires du Royaume sans aucune arrière pensée. »

Le Lieutenant-Colonel Armand Polminhac acquiesça, sans conviction sincère
. « Puissiez-vous dire vrai, mon ami ». Le soir même, il adressa un courrier à celle qu’il avait tant aimée, espérant que le passé ne les rattraperait pas.
Armand Polminhac
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Message  Armand Polminhac Sam 22 Oct 2011, 15:45


Le plus grand des visionnaires lui aurait prédit ce qui allait se passer ce soir là lui aurait arraché un immense rire qui aurait empli l’air à dix lieues à la ronde. La fébrilité ne l’avait pas quitté tant qu’il ne l’avait pas eue dans ses bras, autant dire que la réunion avec Matthew et elle dans le bureau des Officiers de la Garde avait été difficile, et ce même si elle avait su le détendre en lui offrant un bon cognac, laissant entendre immédiatement qu’elle n’avait rien oublié de ses goûts, et de ses faiblesses.

Pendant la réunion, apercevant à son doigt une alliance, il l’avait cru remariée et l’air de rien avait enlevé la sienne, ne voulant pas lui montrer qu’il ne l’avait, lui, pas oubliée. Une heure durant il avait essayé de paraître impassible, craignant de devoir de trop près l’approcher, percevoir ses effluves, parfum de sa peau dont il gardait le souvenir intact, celui de ses cheveux qui l’étourdissait, essayant de ne pas la trop la regarder de près, remarquant tout de même qu’elle n’avait pas changé, comme si le temps avait été suspendu depuis leur éloignement. Plus mature, bien sûr, comme l’avait dit le vieux brisquard, mais d’autant plus belle, plus femme, plus désirable.

Enfin la réunion avait touché à son terme, Copeland et lui avaient fait le tour des questions posées par le Roy, fait l’inventaire des besoins, pris le temps d’évaluer ce qui devrait être proposé, et il avait enfin pu poser la question qui lui brûlait les lèvres, était-elle heureuse. Il ne pensait pas pouvoir l’emmener en ville, se disant que tout resterait professionnel désormais, une si longue séparation qui plus est incomprise, ne pouvait pas être effacée sous prétexte qu’il débarquait dans sa vie à nouveau.

Aussi fût-il très étonné de l’entendre dire qu’elle souhaitait sortir en ville, quitter cette armure, et le voir en privé. La voix de celle qui, dans le creux des draps, était devenue Linn, s’était faite douce et tendre pour lui demander de choisir le lieu de leurs retrouvailles, une attention qui l’avait désarçonné, bien plus qu’un emportement du Roy, que l’on savait pourtant parfois violent.

Lorsque, tout naturellement, elle s’était assise à ses côtés, à l’auberge, venant presqu’immédiatement se blottir dans ses bras, la fébrilité d’Armand s’était faite tangible. Il avait hésité, s’était tendu tel un jeune homme à son premier rendez vous, n’osant pas la toucher, encore persuadé qu’elle avait refait sa vie, ne comprenant pas, n’osant pas espérer, surtout.

Puis, les mots de Linn comblant peu à peu les incompréhensions d’Armand, il s’était détendu, avait retrouvé les gestes protecteurs et aimants qui les liaient, un baiser doux sur ses cheveux, une mèche dégagée sur son front, une poigne tendre et ferme sur son bras, un glissement de la main sur sa taille, le tout encore chaste et teinté d’inquiétude, plus de dix ans à croire qu’elle était partie avec un autre ne s’effaçant pas ainsi en quelques minutes.

De cette soirée, il en était ressort un fait essentiel, il n’était pas prêt de repartir.

Elle se pensait et se disait toujours sa femme, celle qu’il pouvait de nouveau aimer, aider, protéger. Et il n’était pas décidé à la laisser s’échapper de nouveau.

Mais, si elle regrettait d’avoir fait passer sa carrière avant leur vie, et percevait son retour avec une vraie et profonde joie, ils n’allaient pas pour autant de nouveau se déchirer à cause du travail. Ils savaient l’un et l’autre que toute leur vie était d’abord dédiée aux affaires du Royaume, qu’ils ne se referaient pas, et qu’ils devaient trouver la relation qui leur permettrait de vivre non loin l’un de l’autre, et s’aimer peut-être de nouveau, mais en bonne intelligence.

Par ailleurs, elle avait beau être pleine de talents, elle se sentait souvent trop seule et aurait aimé être aidée pour mieux s’intégrer dans cette ville qu’elle ne connaissait pas encore très bien. Armand, comprenant qu’il avait trouvé là le moyen de l’aider sans entraver sa carrière, lui proposa donc de se mettre à son service pour l’aider à s’intégrer au plus vite.

Après l’avoir déposée, dans sa moto rutilante, aux marches de la caserne, l’avoir serrée dans ses bras une dernière fois, osant à peine effleurer le coin de ses lèvres, il s’était donc empressé de rentrer au Donjon afin de commencer à préparer son « plan de bataille ». Le lendemain, c’est d’excellente humeur qu’il retrouva Matthew pour lui narrer sa fin de soirée et lui faire part de la mission dont il se sentait désormais investi. Mission pour laquelle il comptait bien avoir l’appui de son vieil ami.
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Message  Armand Polminhac Mar 25 Oct 2011, 12:52

Dite qu’il était désireux de l’aider au mieux n’était pas assez fort. Car il y mettait toute son âme, tout son cœur, tout son temps. Depuis qu’il l’avait laissée, à regret, retourner dans cette caserne où elle devait vivre aves « ses » hommes, il n’avait pas cessé de s’activer, allant et venant dans les couloirs du donjon, rencontrant des conseillers, des amis de longue date qu’il retrouvait, prenant des rendez vous, traversant même les mers, rien ne l’arrêtait plus et Matthew l’observait redevenir tel qu’il était plus jeune, vif et facétieux, parfois même un peu trop.

Le premier rendez vous l’avait amené au manoir de Bayle. La Comtesse l’avait chaleureusement accueilli, acceptant d’interrompre une réunion pour écouter sa requête, et, après une heure d’entretien, il avait été convenu qu’Armand reviendrait avec Laurelinn afin que la Comtesse puisse lui présenter son catalogue, rappeler les services rendus à la Garde et surtout faire plus ample connaissance avec celle qui, sans nul doute, était appelée à devoir prendre plus d’importance au sein de la Garde.

Le second rendez vous n’en était pas un, plutôt une rencontre inopinée, dans le patio du Donjon. La jeune femme, qu’il ne reconnût pas tout de suite comme étant la nièce de l’Archevêque, avait accepté d’intercéder auprès de son oncle pour une rencontre dans les plus brefs délais.

Le troisième avait demandé plus de temps, Armand Polminhac avait dû faire la traversée jusqu’à Theramore, accompagné de Copeland. Les Seigneurs Cathules avaient organisé un petit campement sur la route qui menait aux Tarides et se battait contre des orcs qui attaquaient sans relâche. Rencontrer le Capitaine Hellenlich était possible, si cela pouvait aider, mais il faudrait qu’elle se déplace, eux mêmes ne pouvant guère laisser la route sans défense. Armand décréta qu’elle se déplacerait sûrement s’ils voulaient bien la faire venir par portail comme ils le suggéraient. En conversant de cette visite avec Dame Cathules, de très vieilles images sensuelles vinrent se rappeler au bon souvenir d’Armand qui se troublait devant la rousseur des cheveux de la Dame, images immédiatement remplacées par d’autres, encore plus vives et troublantes car bien réelles celles ci.

De retour en Theramore les deux amis prirent le temps de dîner et d’évoquer leurs vies personnelles, Armand ayant curieusement perdu tout sourire.


« Je ne vous comprends pas » disait Matthew. « Vous êtes toujours amoureux, vous la retrouvez, elle vous a été fidèle et semble même vous attendre, et vous ne faites rien pour… ». Depuis son retour du campement, Armand était énervé, apparemment sans raison, il observa longuement son ami, l’air peu amène. « … pour ? ». Matthew faisait manifestement des efforts pour ne pas entrer dans le jeu de son ami, il hésita puis lâcha. « Ecoutez, ce serait moi, je l’aurais certainement prise dans mes bras, emportée dans mes draps et … j’aurais tenté de rattraper le temps perdu… non ? ».

Armand prit ses gantelets posés sur la table du dîner et les remit avec des gestes un peu secs. « C’est vous qui dites cela ? Vous que je n’ai pas vu en galante compagnie depuis… rappelez moi donc depuis combien de temps, mon ami ? ». Matthew esquissa un sourire, repoussant verre et assiette et se levant de table, sans répondre. « J’ai souffert de son absence, je ne l’ai jamais caché. Mais j’ai fini par m’en accommoder. Je ne tiens pas à replonger dans les affres de la passion comme le jeune homme que je ne suis plus. Vous comprenez ? ».

Matthew attrapa ses gantelets, hochant la tête . « Le célibataire endurci que je suis comprend tout à fait. Allons y, voulez vous, j’aimerais ne pas rater le dernier bateau. »
Armand Polminhac
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Message  Armand Polminhac Ven 28 Oct 2011, 11:06

Le petit campement avait été aménagé plus à l’ouest, entre les rives du marais d’Aprefange, marais qui portait bien son nom tellement la puanteur portait aux narines et remontait au cerveau. Le Chevalier Armand Polminhac, Lieutenant-Colonel des Armées du Roy, venu par bateau depuis la terre de l’Est, avait mis sa tenue officielle, éclatante, afin de passer sans encombres les différents barrages et barricades qui ne manqueraient pas, il le savait, de lui être opposés dans cette région en guerre.

Pourtant sa mission n’avait rien d‘officiel, tout juste professionnelle, même si la raison véritable en était bien personnelle. Armand Polminhac, et son ami le Capitaine Matthew Copeland entraîné à sa suite, venaient pour préparer un entretien entre les Seigneurs Cathules, le Sénéchal Idrid et sa Dame Fanélia, seigneurs de Theramore, et Laurelinn Hellenlich, récemment nommée Capitaine de la Garde d’Hurlevent, qui lui en avait fait la demande.

En marchant au pas sur la terre humide et lourde du marais, louvoyant entre les cadavres d’orcs et de taurens qui jonchaient la route, Armand repensait à toutes ces années sans elle, Laurelinn, son épouse, sa femme, sa moitié. Que de temps passé loin d’elle, que de combats, de réunions, de guerres pour l’oublier. Il se pensait immunisé contre les piques douloureuses de l’amour et l’avait recontactée dans un but qu’il voulait croire uniquement professionnel. Mais la revoir, toujours aussi belle, et flamboyante, l’avait ramené plus de dix ans en arrière, comme si le temps avait été suspendu, et il se sentait prêt à l’aimer de nouveau, pour peu qu’elle en montre le désir.

Le Lieutenant Colonel Polminhac secoua la tête en entendant des cris plus loin sur la route. Il s’égarait, il devait se reprendre, voilà justement ce qu’il craignait avant de la revoir, perdre son sang froid et oublier les devoirs de sa charge. Il se redressa sur son cheval, jeta un regard sur Matthew qui l’observait en silence, sans doute conscient de ce qui l’animait, et talonna son cheval pour atteindre le campement.

Sur place, des femmes et des hommes épuisés, à cran, s’activant pour tromper l’ennui et peut-être la peur. Il était question de soins, d’hygiène et le Sénéchal Cathules semblait devoir calmer ses hommes qui s’échauffaient pour des broutilles. Armand l’observait tandis qu’il s’arrangeait du rendez-vous avec sa Dame, une splendide rousse dont la vue le troubla, des images d’un autre temps l’assaillant de nouveau. Voir le Sénéchal si présent, attentif et presque paternel avec ses hommes le toucha, lui rappelant ses propres combats sur le front du Nord, lorsqu’il fallait, de quelques mots, redonner courage et force à ceux qui risquaient de mourir dans l’heure. Il en éprouva quelques regrets, et une admiration toute professionnelle. Voilà un homme digne de son rang qu’il fallait peut-être aider, si cela était possible.

En rentrant le lendemain sur Hurlevent, le Lieutenant-Colonel avait deux messages à faire passer. L’un personnel, à son épouse, afin qu’elle prenne ses dispositions pour aller à la rencontre des Sénéchaux, en Theramore, si telle était toujours sa volonté, et l’autre, bien plus officiel, au Roy, afin de lui faire part des difficultés des troupes de Kalimdor et peut-être réussir à le convaincre de leur porter aides diverses, vivres, armes, hommes de troupes. Le Roy Varian Vrynn devait savoir que, de l’autre côté de la mer, des braves se battaient sans relâche contre la Horde.
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Message  Armand Polminhac Sam 29 Oct 2011, 13:36

« J’aimerais revivre avec toi… Oh, pas comme avant, bien sûr, mais…. ». Armand n’en avait réellement pas cru ses oreilles. Bien sûr, il l’avait espéré, rêvé, mais il ne s’était pas du tout permis d’y croire raisonnablement. Aussi, lorsqu’elle s’était placée devant lui, assise sur ce ponton dans le port de Hurlevent, qu’elle avait doucement pris son visage entre ses mains, et lui avait dit cette simple phrase d’une voix douce, sans le toucher, son visage effleurant à peine le sien, avait-il été totalement décontenancé.

« Je…. ». Pourquoi fallait-il que les mots manquent ainsi quand il faudrait savoir offrir les plus belles, les plus douces, les plus poétiques phrases pour exprimer ce que l’on ressent. Il n’essaya pas et répondit comme il savait le faire, en l’embrassant fougueusement, tout à la fois tendre et passionné, sans doute même un peu trop fébrile à son goût.

Sur le chemin du Donjon, avant de la faire remonter sur cette moto qu’il avait achetée récemment, il essaya de dire son inquiétude. « Je te suis resté fidèle, tu sais.. ». Laurelinn s’en étonna, lui disant qu’elle aurait compris qu’il ait pris femme de temps à autre. Mais ce n’était pas pour cela qu’il parlait de sa vie quasi monacale des dix dernières années. Il inspira longuement et, osant à peine la regarder, lâcha. « J‘ai peur d’être aussi empressé qu’un jeune puceau avec sa première conquête, ou au contraire aussi peu efficace qu’un vieillard sénile, je… j’ai peur de te décevoir, Linn…. ».

Il roulait doucement, comme si le temps gagné sur le chemin lui permettait de calmer ses sens, de freiner son ardeur et de se préparer à la redécouvrir. Enfin, ils arrivèrent au petit appartement de fonction que le Roy offrait aux Officiers Supérieurs en mission au Donjon, Armand ouvrit la porte, essayant de ne pas montrer combien cette nuit qui s’annonçait était bien plus qu’une simple nuit de retrouvailles, combien il l’avait rêvée, espérée, attendue, sans jamais vraiment y croire.

L’appartement était petit mais agréable et bien meublé. Armand lui proposa un verre de cognac et Linn secoua la tête en souriant, n’attendant rien d’autre qu’il la prenne dans ses bras, ce qu’il fit, lentement, osant encore à peine la toucher.

Puis, aidé par sa douceur et les souvenirs qui affluaient, il retrouva peu à peu les gestes d’une intimité lointaine mais pourtant vivace. D’abord, la défaire de sa ceinture et de son épée, un sourire réprobateur sur le visage, celui de l’homme qui savait combien cette femme, sa femme, pouvait être prompte à se servir d’une arme. Puis déboutonner, lentement, le haut mordoré qu’elle portait, goûtant le plaisir de percevoir son attente, de sentir sa peau frémir au contact de ses doigts, de voir sa gorge se soulever plus rapidement, d’entendre son souffle s’accélérer. Ôter le haut, sans précipitation, redécouvrant avec bonheur ses épaules, son ventre, sa poitrine enveloppée de dentelle noire. Finir de la déshabiller entièrement puis, enfin, la pendre dans ses bras et l’entraîner dans le lit pour la redécouvrir et l’aimer, comme aux premiers jours.

Ils dormirent peu, et la nuit passa trop vite. Au petit matin, Laurelinn se leva sans un mot puis alla préparer le petit déjeuner, agissant comme elle le faisait dix ans plus tôt, connaissant chacun de ses goûts, préparant jus de fruit et café comme il les appréciait. Il semblait à Armand qu’elle faisait plus que s’amuser en retrouvant ces anciens gestes, elle y mettait son âme, cherchant à combler le vide de ces longues années d’absence par une attention de chaque instant. Ils déjeunèrent en silence, les regards suffisant à dire tout le bonheur éprouvé.

Lorsqu’elle quitta l’appartement d’Armand, Laurelinn Hellenlich avait retrouvé toute la splendeur de sa jeunesse, l’assurance de la femme comblée en plus. Son passage dans les couloirs du Donjon ne passa pas inaperçu.

Armand Polminhac
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