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La Camarde vagabonde

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Message  Alesham Ven 21 Aoû 2009, 21:51

Un feu… Crépitant dans son antre, quelques pierres posées en cercle, un trou creusé à même le sol, fosse mortuaire du bois envolé dans une danse enflammée pour finir de cendre…


Là, un vieil homme, ses cheveux ayant depuis des lustres désertés un champ de bataille que le temps aurait irrémédiablement conquit, un visage tanné par des vents aussi miséricordieux que l’inquisition, fouettant la peau, serpent de cuir ou vipère de l’air, le même son émanant de ce cri perfide qu’est le cinglement, ce vieil homme – disais-je- se trouvait entouré d’enfants, d’adolescents et de quelques adultes, attendant une histoire, un conte, une bride de vie différente, histoire d’altérer pour quelques minutes leur morosité.


« Je vois que vous êtes venu nombreux, ce soir encore…Bien trop important pour l’écho de voix du vieillard que je suis, héhéhé » Commença t’il en souriant, déridant un temps soit peu sa figure plissée par les âges, dévoilant à l’assemblée quelques chicots rescapés de cette même guerre dont les cheveux furent victimes. « Ce soir, …Oui ce soir, je vais vous narrer l’étrange destinée de la Camarde Vagabonde, l’ombre de Sir Edmund O’Kazar, bienfaiteur de notre petit bourgmestre, cette histoire, mes enfants, fait trembler les chaumières jusqu’à Hurlevent paraît il… »


De 7 à 77 ans, les oreilles étaient à l’affut des mots du conteur, leurs esprits perdus dans l’inspiration de cette fable, égarés par le débit de langage du vieil homme, barque à la dérive sur la mer des mythes, l’embrun iodé de l’océan littéraire se percutant contre le flan du navire s’éloignant de la rive de la réalité.


« Ce brave homme avait eu un fils…Un gamin, mignon comme tout disait on. Les cheveux aussi noirs que sa mère, elle, morte en couche, lui braillant de vie. Son regard était aussi droit et franc qu’une lance de fantassin et une bouille à vous faire donner votre dessous de matelas sans sourciller juste pour lui faire lâcher un sourire… On l’aimait bien au village, ce loustic, un marmot qui vous remuait les tripes tout en vous touchant le cœur mais sans nausées, si vous voyez c’que je veux dire… » Le regard de l’homme se perdait dans le ballet hypnotique du feu avant de reprendre : « Mais la beauté des flammes ne leur enlèvent guère leur dangerosité, le brillant d’une épée ne retire pas le coupant de la lame tout comme le rire de l’enfant n’éclipsa pas le mal en lui… L’insouciance des premières années, les premières bêtises que beaucoup mirent sur l’inexpérience du bambin devinrent idioties malsaines pour finir inepties sans nom… »


« Quelles bétises il a fait, l’fils d’Sir O’Kazar?? » Coupa un gamin d’une dizaine d’année.


A suivre


Dernière édition par Alesham le Sam 26 Sep 2009, 22:49, édité 1 fois
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Message  Alesham Sam 22 Aoû 2009, 08:08

Le visage du conteur se tourna vers l’enfant, curieux, qui venait de l’interpeller. L’espièglerie du gosse se lisait dans ses yeux, de petites étincelles de malice pétillaient dans l’iris, ce qui fit sourire le vieil homme avant qu’il ne lui réponde :


« Quelles bêtises il fit ? Tu aimerais le savoir pour sans doute pouvoir expérimenter certaines choses, petit » Commença t’il sous les rires des camarades de jeu du bambin « Pourchasser les chats du village, lancer des pommes sur les passants, bien caché du haut d’un arbre, sauter dans la boue et s’amuser à s’en couvrir, voilà sans doute ce que tu aimes faire, hein, mon grand…Mais le fils de ce cher Edmund ne s’arrêta pas à ces futilités. Son adolescence fut remplie de rituels étranges et obscurs, de sacrifices divers et variés, allant de quelques souris et mulots jusqu’aux chats, chiens et bien plus selon les dires… Comme le jour ou le fils de Bill Gravois disparu, ‘tit bill qu’on le nommait, le chérubin… »


Un morceau de bois crépita, dernier murmure de la souche capitulant devant les doigts enflammés, cette poigne incandescente auréolant le tronçon de bois pour en évacuer, en échange de sa consistance, quelques brides de chaleur.


Le narrateur regarda l’assemblée de droite à gauche, satisfait de son entrée en matière.


« Je vois que l’histoire de ‘tit bill vous revient en mémoire, sans doute vos parents vous ont-ils conter comment il disparu, peut être vous disent ils cela dans l’espoir que vous ne vous éloignez pas du chemin menant à la carrière de pierre, peut être pensez vous que cela n’est qu’une fable destinée à effrayer les plus jeunes et à faire frémir sous la couette… Non, chers enfants, non, vos pères et mères auraient dû vous prévenir que ‘tit bill habitait bel et bien ce village il y a quelques années, tout comme Edmund habite toujours dans son manoir, là haut, tout comme son fils erre toujours ici et là…Tout comme ce même fils tortura durant trois lunes ‘tit bill, lui ouvrant le ventre pour jouer avec ses viscères, avec ses organes…mais plus que tout, jouer avec la souffrance de l’enfant. Cette histoire est aussi vraie que les cris du malheureux qui se répercutèrent de paroi en paroi dans les grottes souterraines, allant par chance jusqu’aux oreilles d’un bucheron, cette histoire est aussi vraie que les pleurs de Bill Gravois quand on lui conta la découverte, la macabre découverte, quand il vit son fils, enchainé sur une table chirurgicale, maintenue en vie malgré la multitudes de plaies, malgré l’ablation des yeux, l’arrachement de la langue et l’amputation des doigts, cette histoire, pourtant vraie, fut enterré par l’influence d’un père déboussolé…Ce fut la plus grande erreur d’Edmund… Pardonné à son fils les atrocités commises et chercher dans l’éducation paladine un semblant de rédemption, une sorte d’ultime façon de remettre son fils déchu sur le chemin de la bonté…Mais, l’adolescent était depuis bien trop longtemps en errance, depuis bien trop longtemps égaré dans les marais du mal pour ne serait ce qu’apercevoir la route du bon sens… »


- a suivre-
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Message  Alesham Dim 23 Aoû 2009, 01:26

De nouveau, quelques secondes s’écoulèrent avant que le vieil homme ne reprenne la parole, laissant le silence s’installer dans les rangs des badauds venus l’écouter.


« Le paladinat du fils d’Edmund dura 10 ans, 10 années pendant lesquelles le calme reprit peu à peu ses marques au village, rivière retrouvant son lit de tranquillité après une montée des eaux désastreuses, 10 années pour oublier les atrocités du jeune O’Kazar ou du moins les apaiser.


O, il revint bien de temps à autre au village, quelques jours à peine par an mais il demeurait là haut… »
Dit le troubadour, montrant d’un doigt décharné le manoir d’Edmund O’Kazar, cette demeure imposante qui surplombait de toute sa masse, sa lugubre masse, le petit bourgmestre cloisonné à la montagne. « … Son père le maintenait reclus, disait on, une sauvegarde nécessaire pour empêcher la panique de gagner les villageois et ainsi permettre au temps de faire barrage aux souvenirs, ce même temps qui pouvait atténuer bien des blessures et peut être, espérait le bon vieux Edmund, baigner son fils de sa clémence afin que les années finissent par le laver, le purifier… Mais la puissance de la corruption est telle qu’elle n’a que faire du temps, que faire de l’attente, non, le mal est patient, il se terre, se cache, gangrènne peu à peu les peaux saines pour se les approprier, s’en faire sienne et au final…Au final, la mort n’a plus qu’à se baisser pour cueillir l’âme perdue… 10 années,… 10 années… » Plus alerte qu’il n’y paraissait, l’homme se leva, posant sur l’assemblée des yeux tristes, les pupilles scintillant d’humidité devant l’émotion qui le submergea. « …10 années avant que ne frappe à nouveau celui que l’on nommera bien plus tard…La Camarde Vagabonde... »


Captivé par le conteur, la troupe amassée autour de lui buvait ses paroles, étanchant leur soif de curiosité directement aux puits de la connaissance et des légendes, s’abreuvant de ses dires pour rafraichir leur imagination, absorbant la moindre atténuation de tonalité, la moindre gestuel pour peindre, chacun dans son esprit, la scène qu’allait leur décrire l’orateur, sa voix comme toile de fond.


« Ce jour là, Edmund organisa une grande fête pour célébrer la fin de l’apprentissage de son fils, festin de grande envergure pour commémorer le passage de l’adolescent au rang d’homme et celui de fils de Sir Edmund O’Kazar au titre de Paladin. »


Les yeux clos, le vieux narrateur semblait revivre cette journée, son esprit traversant les affres du temps, s’immisçant dans l’étroit sablier pour en remonter la course un instant et se faire l’interprète des événements passés à son auditoire attentif.



- a suivre -
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Message  Alesham Dim 06 Sep 2009, 08:33

« Je revois encore le drapeau ancré bien haut sur le mat de la plus haute tour, l’emblème de la maison O’Kazar claquant au vent, fièrement, comme pour interpeller le regard des dieux de leur indulgence pour le drame qui allait se passer d’ici peu, comme pour narguer leur bonté devant l’ignominie du fils maudit… Une centaine de convives furent inviter, les propriétaires terriens des alentours ainsi que bon nombres du village furent présent. Les tables étaient dressées à la perfection, nappes en dentelle immaculée, pétales de fleurs éparpillées sur les pans de tables, guirlandes de ces mêmes fleurs accrochées au mur, alcôves aux multiples senteurs accueillant les hôtes d’une soirée à passer sous leurs bras colorés… Oui je me souviens de cette soirée pour y avoir assister comme beaucoup, j’entends encore l’orchestre jouer avec brio des airs connus de tous tels que « Hymne pour deux », « La lance et le Jupon » ou encore « Le chevalier chevreuil ». » Décrivait il, un sourire illuminant ses traits plissés, la nostalgie emplissant son cœur et sa voix d’un délicat châle d’émotion. « Les plats étaient un ravissement pour les papilles : Du hachis de noix, des aiguillettes de cygnes pochées dans une sauce aux pêches et au safran, du ragout de mouton mijoté aux carottes et aux oignons dans un lait d’amandes… Je revois les domestiques s’affairer dans la grande salle, ci servir vins, liqueurs et nectars de fruits, là déposer petits pains chauds au seigle, blé noir et autres céréales, je les revois amener les plats sous les « Aahhh » des convives, débarrasser les écuelles et revenir les bras charger de nouvelles….Je revois jongleurs et prestidigitateurs ravirent de part leurs tours et acrobaties petits et grands, lançant leurs balles haut dans la salle, les faisant virevolter, danser avec eux, rouler bouler sur eux même avant de rattraper la dernière d’une main leste, je les revois, extasier les hôtes par l’apparition d’une colombe sortie de nulle part, sortir foulard après foulard d’une manche au demeurant vide de tout artifice… »


Son visage se ferma alors, comme si un sombre nuage venait de chasser l’éclaircie des souvenirs, comme si une bourrasque soudaine venait de balayer le doux effluve de la nostalgie…


« …Et je revois le fils O’Kazar jouer à la perfection un rôle ne lui séant guère, un rôle d’hôte de qualité, discutant avec les invités, se faisant tour à tour aimable, charmeur, taquin, blaguant ici, philosophant là, allant même jusqu’à accorder quelques danses aux demoiselles présentes. Tous semblaient se complaire dans sa tromperie, faisant fi de l’être qu’il était jadis, l’être qu’il était encore….Je le savais, nous le savions, Sir Edmund O’Kazar le savait aussi…Et pourtant il ne pouvait s’empêcher de regarder son fils, un sourire aux lèvres, la joie faisant pétiller ses prunelles, se permettant d’imaginer, pour une soirée, avoir un fils bon, aimé et aimant,…un fils qu’il n’aurait jamais… »


- a suivre -
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Message  Alesham Sam 26 Sep 2009, 18:59

Les yeux clos, le vieil homme laissa perler une larme du côté droit, la goutte glissant le long de sa joue, empruntant les sillons des rides comme lit naturel pour s’échouer dans l’estuaire de la commissure des lèvres.


« Ce fut la dernière fois que je vis Edmund sourire ainsi…La dernière…C’est sans doute cette joie qui lui fit baisser la garde, qui lui fit espérer un avenir serein pour son fils unique avant que ce…Cet être diabolique ne brise les rêves de son père, lui fende le cœur et lui fasse perdre raison… » marmonna t’il dans un soupir avant de rouvrir les yeux, iris scintillantes d’amertume et de tristesse mais étincelantes de conviction, comme si le fait de livrer ses souvenirs à l’assemblée pouvait panser ses blessures, comme si les mots, brides d’émotion lâchées aux oreilles attentives, pouvaient se faire porteurs de vengeance, comme si, pour ultime contribution d’un vieillard pour contrer un mal, conter l’histoire du fils O’Kazar à la populace permettrait de lui faire barrage.


« Ce fut pendant que les convives quittaient les lieux, pendant que soubrettes et domestiques, dirigés d’une main experte par le majordome de la famille, débarrassaient écuelles, couverts et autres restes qu’Edmund, toujours ému du comportement exemplaire de son fils ce soir là, accorda à ce dernier de le suivre dans ses appartements, mettant de côté ces présomptions surement pour n’écouter que son cœur. Les quartiers de son fils… » Poursuivit il « …était de l’autre côté de la demeure, après un long couloir que quelques torches éclairaient, leur clarté diffuse ondulant sur les murs de pierre, jouant avec ombre et lumière, dessinant des formes dans la pénombre que seule l’imagination pouvait nommer. Et pourtant,… Pourtant, Edmund entra à la suite de son fils, proie innocente suivant son bourreau avant le couperet final, la guillotine allait tomber et le condamné se rendait lui-même sur l’échafaud. Malgré une odeur feutrée de décomposition, malgré le sourire énigmatique qui se dessinait sur le visage d’ange de son fils, malgré, sans doute, le souvenir persistant des atrocités que son héritier avait fait jadis, le brave homme laissa la porte de l’enfer se fermer sur lui… Et voici ce qui se passa… »


Captivé par le récit, l’assemblée ne bougeait plus, attendant la suite avec avidité alors que le conteur, lui, s’approchait du brasier, remit une buche dedans, ravivant les flammes affamées de bois mort, avalant le morceau de chêne en craquant et projetant de plus belle une sphère de lumière dans l’hémicycle de badauds. L’illumination soudaine donna au visage ridé du troubadour un air grave, ses yeux reflétaient l’intensité du feu de camp avec un soupçon de rage en plus, une lueur vindicative.


« La pièce qui les accueillait était éclairée par une cheminée faiblarde mais suffisante pour distinguer les lieux. La table au centre entourée de 6 sièges, la commode sur le côté, les deux fauteuils encadrant le foyer de braise, tous les meubles étaient revêtus de draps, bouclier de tissu contre la poussière des jours passant, stigmates des lieux inoccupés trop longtemps. « Que veux tu me dire de si particulier, mon fils, pour m’avoir mandé de venir ici, alors que le ménage n’a même pas encore été fait ? Veux tu que je fasse venir Rackyrd ? » Interrogea mon vieil ami Edmund. « Pas besoin, Père » répondit son fils « La pièce me convient parfaitement. La raison de votre présence, ici, cher paternel, est que dans cette fête que vous m’avez organisé, il manquait quelques personnes, hélas… » »



-Suite et fin du prologue de la Camarde vagabonde bientôt-
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Message  Alesham Mar 29 Sep 2009, 18:56

« Que…Que veux tu dire ? » Balbutiait Edmund, le ton de sa voix laissant percevoir alors le doute qui, peu à peu, commençait à percer les nuages de l’illusion, commençait à dissiper le mirage qu’était la bienséance feinte de son fils lors de la soirée. » Continua l’orateur tout en glissant une main alerte dans une des bourses accrochées à sa ceinture, extirpant lestement la poudre contenue, prêt à en faire usage au moment opportun pour appuyer l’effet de sa révélation.


« Sans mot dire, le rejeton O’Kazar s’avança de la table drapée de tissu, empoigna deux extrémités de la parure immaculée… » Poursuivit-il en mimant la scène, captant l’attention de tous. « Puis tira brutalement dessus, laissant paraitre à la vue horrifiée de son père… » S’exclama t’il la voix forte tout en lâchant la poudre sur le feu.


Aussitôt, les flammes avalèrent la poussière ainsi donnée en pâture à leur chaleur, accueillant leur pitance dans un « Prrrffffffff » sonore, une fumée rougeâtre s’éleva dans les cieux tandis que le feu gagna quelques secondes seulement une ardeur digne d’un dragon. La stupéfaction fut totale dans l’assemblée, tous sursautèrent, tous bondirent sur place, quelques cris accompagnèrent leur surprise, une gamine au fond se mit même à pleurer.


« Là, sur la table,… » Reprit aussitôt le vieil homme, désignant du doigt un meuble invisible, son regard, pourtant, sa voix, ses gestes, son être entier semblait vivre la scène. « … Laissé dans un rictus figée par la faucheuse, ses yeux morts fixant Edmund, se tenait une tête,… Une tête d’homme coupée juste là… » Dit il en simulant d’une main le tranchant d‘une lame sur son propre cou. « « Qu’as-tu fait, mon fils, qu’as-tu fait ? » implorait Edmund. « Moi, Père ? Mais je n’ai fait que convier le vieux Bill Gravois à cette soirée. Il est vrai que les années ne l’ont guère épargné mais je puis vous assuré qu’il crie face à la douleur comme son fils » Ironisait alors l’héritier O’Kazar, tout sourire, comme si son geste ne semblait pas atteindre son cœur ni même son âme mais….En avait il jamais eu une ?... »


Question rhétorique laissée en suspend quelques minutes, le regard du conteur englobant l’assemblée, de gauche à droite, puis de droite à gauche, laissant la tension descendre un peu avant de reprendre :


« Sir Edmund recula alors de quelques pas… » Mima de nouveau le troubadour. « …, se retrouvant bien vite acculé contre la cheminée délivrant, elle, par ses quelques braises restantes, ses derniers soubresauts de clarté. « Mais…Tu es paladin maintenant, un homme de foi, un homme d’honneur, tu ne peux…tu ne peux… » Il ne trouvait ses mots tant l’horreur l’apeurait, l’égarait, l’incompréhension se mêlait à la déception, la peur, la honte, la colère. Et savez-vous ce que répondit son fils ? Savez-vous ce qu’il avoua à son père ? »


Nombreux furent les bambins à faire « non » de la tête, quelques adultes aussi mais la plupart restaient accrochés aux mots du vieil homme comme on peut l’être à la lecture d’un bon livre, pressé de tourner la page pour avaler la suite de l’histoire, impatient de dévorer les écrits de l’auteur pour rassasier une curiosité piquée à vif.


« Et bien… » Reprit-il « il dit ceci: « Le paladinat… Ah oui, Père, peut être faites-vous référence à cette lettre écrit par Lord Tiervas, ce parchemin où il faisait part de mes facultés inouïes, ces aptitudes à louer la Lumière et à suivre allègrement les préceptes chevaleresques, où il vous expliqua que j’avais haut la main réussi mon initiation. Autant demander à l’intéressé directement non ? » Et là, tout sourire, il souleva le deuxième drap dévoilant la tête de son mentor, exhibant aux yeux de Sir O’Kazar le visage distordu par la mort de l’instructeur. Le rejeton maudit alla même jusqu’à ironiser, à la barbe de son père, abasourdi : « Un homme sage qui a eu jusqu’au bout la tête sur les épaules à ce qu’on dit… Pourtant ses cris étaient bien loin de la vaillance que l’on pouvait lui attribuer » . Edmund n’en pouvait plus, il se tenait maintenant à la hotte de pierre, tentant de contenir la dérobade de ses jambes, les larmes coulaient sur ses joues devant son échec, l’échec de s’être autant leurrer sur son fils, l’échec d’avoir permis, par son pardon, à l’adolescent malsain de jadis de grandir et de devenir celui qu’il était maintenant, un être abjecte, sans conscience, sans once de pitié, sans barrière, le mal à l’état pur.


Hélas, le tombé de rideau de cet acte macabre, la scène finale de chaque tragédie n’était pas encore jouée, le pire restait à venir… »
Continua le conteur « Le maudit fit quelques pas vers l’un des fauteuils, prit le drap entre ses mains et, adressant un sourire diabolique à Edmund tira une nouvelle fois sur le tissu… Et les larmes coulèrent de plus belle sur le visage de mon vieil ami, rivière de tristesse d’un corps portée à bout, d’un mental brisé…Il ne put alors que murmurer ce prénom si chère à son cœur : « Maria… ». Là… » Poursuivit il, les yeux humides, sa voix trahissant la peine qui le submergeait « Là…sur ce fauteuil était assis, mortifiée dans la robe jadis témoin de leur union, Maria Valenz, la femme d’Edmund. O cher auditoire, ce n’était bien sur pas elle à proprement parlé mais elle était imitée avec une lugubre perfection. Ces longs cheveux noires, bouclées, sa corpulence…de sa taille de guêpe à sa poitrine généreuse…La faible clarté aurait peut être put permettre de croire qu’une vie battait en son sein mais….Mais en y regardant de plus prêt, sa peau n’était qu’un puzzle de plusieurs chairs, fixées les unes aux autres par du fil d’argent…Ses yeux…Ses yeux étaient vairons, l’un azuré…Comme elle avait de son vivant et l’autre…l’autre était éteint de toute couleur, la putréfaction ayant déjà perçu son dû depuis quelques temps déjà… »


La tête basse, le poing serré devant l’émotion qui lui étreignait le cœur, le vieil homme s’accorda quelques secondes de répit, a-t-elle point qu’un gamin se leva et lui secoua la manche demandant : « M’ssire, vous allez bien ? »



- fin du prologue prochainement -
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Message  Alesham Jeu 01 Oct 2009, 19:04

« Oui petit, je..je vais bien…Je vais finir, mes amis, je vais finir…. »


Le môme rejoignit sa place puis, l’histoire reprit, le narrateur de la soirée en avait la voix tremblante, ajoutant à la tragédie des mots celui de l’atténuation du ton employée.


« Ce damné poussa le paroxysme de l’horreur jusqu’au bout, empoigna les hanches du golem de chair, de cette…cette marionnette à l’image de sa propre mère et se mit à tourner, tourner, tourner, valsant de droite à gauche sur un air imaginaire, faisant tournoyer la robe de mariée à l’âge passée comme elle l’avait faite lors de la danse nuptiale, et…Tandis que cet être ignoble, hilare, se donnait en spectacle, Edmund, lui, se tenait la poitrine, une violente douleur lui étreignant le cœur, ce cœur rompu, fracassé par la violence de la scène et quand il tomba à genoux….à ce moment précis où son fils, en pas final, fit pencher sa mère dans un déhanché obscène, la tête de la momie se décrocha… » Dit il, agenouillé de façon théâtrale sur le devant de la scène improvisée, tendant une main frémissante vers l’endroit où, dans l’imaginaire, devait se trouver le crâne du cadavre reconstitué ? à quelques pas du premier rang. « Elle roula, roula jusqu’au pied d’Edmund…Et… » gémit-il « Ce fut le coup de grâce…Mon vieil ami, l’honorable Sir Edmund O’Kazar s’écroula, la cage thoracique en feu et la dernière image qu’il vit avant que l’inconscience ne le cueille fut celle de son fils, Alesham, lui baisant le front, murmurant à son encontre : « A croire que Mère n’avait pas toute sa tête !! » »


Le conteur se releva, vidé de sa prestation, concluant d’une voix éteinte tant elle avait vibrée, tant il était vidé: « Depuis ce jour, Edmund vit dans un autre monde, détaché des occupations réelles, ne se remémorant que cette nuit encore et encore, son corps à moitié paralysé par la syncope qu’il faillit lui couter la vie et son esprit à jamais entrainé dans l’engrenage d’une folie qui ne le quitte plus. Ce soir…Oui ce soir mes amis, j’ai voulu vous faire les témoins de cette tragédie, de cette nuit qui vit Aleshma O’Kazar devenir celui que l’on nomme « La Camarde Vagabonde », l’amant de la faucheuse arpentant nos routes, nos contrées….Alors cette nuit, et la suivante…Et les prochaines, ….Méfiez vous des voyageurs au sourire enjôleur, méfiez vous des étrangers au regard racoleur car, il se pourrait que le fils maudit repasse dans la région et que votre hospitalité soit votre dernière erreur !!!! »



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Le feu n’était que braises rougeoyantes quand les derniers badauds, après avoir congratulé le conteur, lui avaient donné ci quelques piécettes de cuivres, là quelques légumes ou encore une ou deux miches de pain.


Une légère bise s’était levée en cette heure tardive, soulevant les rares cheveux rescapés du vieil homme. Occupé à ranger ses affaires dans une besace de cuir, il ne vit pas qu’une personne demeurait présente alors que l’ensemble des auditeurs étaient, depuis un moment maintenant, retourné dans leur foyer.
Tournant le dos à l’étranger, le troubadour sursauta quand ce dernier l’interpella, d’une voix calme et posée : « Jolie histoire !! »


« Ooh, vous m’avez fait peur, messire » répondit il en se tournant vers l’inconnu toujours porté par les ombres, le cercle de lumière du feu de camp ne se résumant plus qu’à un périmètre des plus minimes. Plissant les yeux, il tentait de dévisager l’intéressé mais en vain…Ses vieux yeux, sans doute.


Par charité, ou par provocation, l’homme fit quelques pas, se détachant de la pénombre pour que son visage puisse épouser la faible luminosité, conjugaison du feu en fin de vie et de la lune voilée de nuages.


« Puisse la Lumière avoir pitié !! » S’écria le conteur, reculant d’un pas devant la vision.


« Laisse la Lumière où elle est, cher Rackyrd !!! Et racontes moi plutôt comment l’on passe de majordome à raconteur d’histoires… La Camarde Vagabonde…Joli nom que tu m’affubles là » Répondit l’inconnu, d’une voix enjouée, un timbre amusé enveloppant les dires.


« Maudit, tu…tu… »


« O, entends tu?» Le coupa Alesham « Ce gargouillement? Ce bruit…Etrange… » Continua t’il, cherchant des yeux l’origine d’un son que lui seul semblait entendre, regardant derrière lui, sur le côté, en l’air, le vieil homme, lui, fixant le fils de son ami dans un rictus mêlant colère et appréhension.


« J’ignore ce que tu cherches en venant là devant moi, gredin, mais tu ne m’intimides pas, tu ne m’intimides plus, je ruinerai ton nom comme j’ai pu le faire ce soir, comme je l’ai fait moultes fois, comme le font mes fils et comme le feront, au travers du verbe et du bouche à oreille, ceux ayant déjà entendu mon récit, je porterai à la populace quel ignoble être tu es et ta vie ne sera que… »


« De nouveau ce gargouillis ? Là, tu l’entends, hein !!! » L’interrompit de nouveau le fils O’Kazar, insensible, semble t’il, aux menaces du majordome, ne s’intéressant même pas à lui, se contentant de chercher des yeux encore et toujours un son inaudible.


« C’est cela, amuses toi, joues toi de ma patience comme tu jouas avec la santé de ton père, je ferai mention à la milice de ta présence en ce lieu. Tu seras pourchassé, traqué telle la bête que tu es, tu… »

« Encore !! Cela ressemble à un grognement…Etrange, vraiment !!! »


« Bordel !! Arrêtes donc avec ce bruit, il n’y a rien, rien de… »


A peine eu t’il le temps de continuer sa phrase qu’un éclair d’acier le frappa à la gorge, une lame froide contrastant avec la chaleur du sang s’écoulant de la plaie, un sourire écarlate se dessinant rapidement sur le cou du troubadour. Portant les mains à sa blessure, tentant vainement de stopper une hémorragie irrémédiable, le vieil homme tomba à genoux, sa vitalité n’était déjà plus qu’un souvenir face à la lente progression de la mort. Le sang ruisselait entre ses doigts, grain de sable du sablier de sa vie s’écoulant sans moyen de la ralentir. Il tenta bien d’appeler à l’aide, de crier à l’assassin, porter, crénom, ses menaces à exécution mais seul un gargouillement se fit entendre.


« Voilà… » Dit, enjoué, Alesham pointant de sa dague le mourant « C’est exactement ce bruit dont je parlais. Tu vois quand tu veux !! »


Puis, tandis que, maintenant sur le dos, une flaque vermeille pour linceul, Rackyrd luttait désespérément pour ne pas monter sur la barque de la mort, déjà à quai, son meurtrier, d’un ton plus sérieux, vint le souffler à l’oreille ces quelques mots : « Je te rassures, je passerai le bonjour à tes fils de ta part et m’assurerait qu’ils jouissent de la même fin déplorable que leur père…Quant à ruiner ma vie, pauvre idiot, tu ne fais que renforcer ma destinée….Tu mourras seul et inconnu de tous, même les mioches de ce soir t’auront oublié d’ici peu alors que la Camarde Vagabonde passera d’histoire à légende !!! »




-Fin du prologue-


[hrp : Voilà en espérant que cette introduction en matière vous a plu, n’hésitez pas pour tout commentaire. Au plaisir]

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