La route de Yojamba

Je suis Zuweena Jiwa des Crins-de-givre, la tribu descendante des anciens drakkari de la nation Gundrak. J'étais prophétesse de Bethekk Reine de la magie, pourvoyeuse de sagesse, dans les terres gelées de Dun Morogh. La magie des Loas coulait dans mes veines et je maniais le givremort comme personne jusqu'à ce que...je me perde dans l'infamie du royaume des elfes de sang...
Lors d'un rituel j'offensais un Loa. Lukou, Dame de la vie me foudroya de son courroux pour mon impudence. J'apportais la guérison à la zul'jin qui m'avait recueillie, mais fut puni pour cela!
La voix de Celle-Qui-Soigne résonne encore en moi au matin d'un aube fraiche : "Tu as dévoilé le vaudou à des profanes, invoqué mon nom à la légère, prophétesse! Pour une insignifiante femelle des trolls pouvant tout aussi bien mourir pour hanter de son âme la terre d'ombre du royaume de Quetzlun...mais j'ai consenti. J'ai soufflé mon mojo sur ta chamane malade, aspirant son mal en moi. Elle est de mes enfants. Mais cette elfe devant laquelle tu dévoile les rites n'en est pas une! Voici venu le temps de ton sacrifice! Mon offrande sera ta magie!Sois heureuse de ne pas finir Tsanzas à ma ceinture, Crin de givre, suppliante de Bethekk."
Pas de douleur, un simple rêve hanté de visions d'empires déchus et de guerres interminables entre les trolls, puis, le vide du néant, au delà du monde des esprits, loin dans l'enfer d'ombre de Quetz'Lun.
Je repris conscience. Ma robe de ritualiste trempée de sueur, le visage baignant dans le sable des eaux de Sen'jin. Ma tête était là, à sa place habituelle, non réduite! Je soupirais de soulagement.
Je me relevais, les genoux tremblants, je savais! mon givremort n'était plus! la source de ma magie tarie, Lukou m'avait tout pris. Mon vaudou? oublié! tel un funeste souvenir. Une trollesse errante sans tribu, perdue au milieu de l'empire des elfes de sang, noyée dans leur haine pour mon peuple...il ne me restait qu'à mourir.

Je retournais à Orgrimmar, bastion des orcs en Kalimdor, il me fallait la protection de la horde, si je trainais trop longtemps mon mojo chez les elfes, ça finirait mal. La rancœur plantée dans le cœur des sindoreïs par les amanis brulait comme un tison vivace, il en fallait peu pour enflammer le brasier de la haine. Ils me disaient arrogante, sauvage, belliqueuse, primitive! Ogoun suce leur moelle!Nous les trolls mangions leurs ancêtres alors qu'ils n'étaient pas dans le ventre de leur mère...qu 'importe l'amani ou le Drakkari, la marmite reste la marmite, mieux vaut touiller que bouillir!
Le monde des orcs s'avéra plus à ma convenance, le refuge des Sombrelances m'offrit l'opportunité de remédier à mon infirmité : cette catin de Lukou m'avait pris ma magie? alors je m'emplirais de la rage des trolls, cette colère primordiale abreuvant notre faim. Je fis mes preuves comme grunt dans l'arène des orcs ou je trouvais mes maitres d'armes. J'apprenais vite et ma première mission me fut confiée...

C'est dans les bois elfiques encerclant le petit fortin de Bois-brisé que je passais mon rite de passage. C'est là aussi que je pris la mesure du déclin du peuple troll dans son ensemble. Pouvait il y avoir plus dur avilissement que l'abandon de nos coutumes les plus ancestrales?
Le profane voit dans le cannibalisme des trolls un acte sanguinaire et tabou! Le profane ne sait pas que manger la chair de son ennemi, enchaîne son esprit au royaume de la souffrance d'Ogoun, ainsi il ne revient pas vous tourmenter.
Nous avions, le grunt orc Madak et moi, débusqué les kaldoreîs espionnes sous la sombre canopée d'Ashenvale, livré bataille et vaincu ces elfes de la nuit à la chair si délicieuse! Mon vert compagnon ne réagit pas plus que ça lorsque je prélevais les têtes elfes pour accomplir le tsantzas, réduisant leur bouille pour orner ma ceinture. Réduites, elles informeraient mes ennemis du sort qui les attend, plantant la graine de la peur dans leur coeur. Ceci fait, j'ouvris le ventre d'un geste sûr et prélevait le foie, l'organe ou se concentrait le mojo dans la mort, puis le portais à ma bouche. Mon repas fut interrompu par un orc meuglant et vociférant.

-Qu'est ce que tu fous!!!! C'est interdit par le Chef de guerre! Mange ça trollesse et je ferais mon rapport! tu finira dans la fosses aux worgs!

La rage m'emplissait tandis que je fixais ce foie rebondi à la belle couleur, promesse d'une saveur incomparable...à laquelle je ne pouvait toucher! Les mots sortirent de ma bouche machinalement.

-Voilà le legs de Senj'in et de Volj'in! pwivés de nos twaditions et wéduits à lécher le culs des owcs!

J'appris aussi ce jour que les orcs, n'ont aucun sens de l'humour. Une pogne verte s'écrasa sur ma face avec la violence d'une gifle de berserker drakkari, je terminais les pattes en l'air, sonnée pour le compte, avec la voix de Madak en bruit de fond...le chanteguerre semblait parler au ralenti :

-Tu t'es bien battu , ta bravoure te sauve car elle est digne de la horde! mais considère toi comme avertie trollesse. La prochaine fois, ma main restera serrée sur ma hache...et son fer dans ton crâne! On rentre, bouge ton gros cul de cet arbre, la route est longue jusqu'à Bois brisé!

Je le remerciais silencieusement de sa bonté en recommandant son âme aux Loas primordiaux, j'en choisis un qui saurait prendre soin d'un orc aussi noble. "Puisse hakkar se délecter de ton âme de chien puant!".

Rentrée au campement,méditant les principes hordeux de la tolérance en tripotant ma mâchoire douloureuse, j'avisais d'une lettre sur ma paillasse, une peau d'humain roulée, scellée par une vielle pièce gurubashi. J'ouvrais, oubliant ma lèvre tuméfiée.

Wiwah Zuweena.

Je sais tes malheurs filles des frigéres! Tu te débats dans la toile de Shadra Loa , celle de la prophétie Mosh'Aru. Déesse des araignées, Mère du venin, Danseuse de soie. Mais sache qu'elle est aussi divinité double de la création et de la destruction. Ainsi dans sa toile tu renais autre, tout commence ou ça finit!
Je t'attendrais ou l'empire amani fut brisé, à Lune d'argent. Je rentre d'un long périple pour apprendre ta déchéance, tu as des questions, j'ai des réponses. Hâte toi et voyage vite sur le dos de Damballa, Celui qui enserre le monde de ses anneaux! Heu...chevauche ton raptor je veux dire!

Ps: je t'avais dit qu'invoquer à la légère un Loa était dangereux!

Anshwun, zandalari éclairé de Zanza.


- gna gna gni ...Wun! foutu zandalawi toujours à pawler par énigme! Oh Bethekk, ce bouseux de gwunt m'a cassé la machoiwe.

Au matin, il n'y paraitrait plus, telle était la régénération du troll, au matin, je quitterais ce fortin ridicule ou l'on ne peux manger le meilleur de l'elfe pour rejoindre Anshwun. Je prétexterais une mission de reconnaissance pour m'éclipser en douce. Mon tabar de grunt sera mon laissez- passer pour les territoires de la horde, merci du cadeau. Votre horde de pouilleux? J'en veux pas! je suis Crin de givre, je ne sers que mes Loas...ceux que j'ai choisi!
Je m'endormais dans un doux rêve ou Madrak faisait connaissance avec les techniques de momification des hakkaris, un sourire léger éclaira ma nuit.