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Le Vieux

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Message  Iakov Magtorus Jeu 16 Sep 2010, 13:42

[Hrp] Voici une biographie de mon "brave" (et âgé) Défias. La chronologie sera respectée au mieux, j'espère que ça vous divertira au moins un brin. [/Hrp]

-Pourquoi les déteste-t-il ?
-A quoi t’attendais-tu ? Qu’aurais tu fait à sa place ? Hoché niaisement la tête et partir comme si la trahison n’avait pas eu lieu ?

-La défense du royaume et de ses citoyens passe avant tout, renforcer les frontières était un devoir, non, un besoin vital. Ils devaient empêcher qu’une autre tragédie se produise, ce n’était qu’une preuve de bon sens.
-Balivernes, la parole donnée a été reprise, une promesse vieille de dix ans a été jetée aux rebuts par ceux qui n’ont de noble que le port de tête.

-Mais regarde-le enfin ! Il transpire la haine et l’avidité, sa soif de sang se lit sur son visage, ce n’est plus qu’une bête.
-Il brandit son marteau car c’est tout ce qui lui reste, ça et ses souvenirs d’un champ de ruines à qui il a rendu sa gloire originelle. Il arpente les rues forgées par ses frères, ses compagnons que les soldats n’hésitent pas à attaquer comme de vulgaires orcs. Réclamer son dû est un crime suffisant pour recevoir le glaive.

-Ces émeutes compromettaient la sécurité des habitants, il y aurait eu encore plus de morts si rien n’avait été fait.
-Le nombre de morts, ce n’est pas ça qui compte, n’est ce pas ? Mais plutôt de quel côté ils se trouvent.

-Ils ont mis à sac les échoppes, agressé tous ceux qui croisaient leur route, la Reine elle-même en est morte !
-Et alors ? En quoi sa vie vaut elle plus que celle de n’importe laquelle des leurs ? Le Vieux a pu voir Helmett Croistry tomber avec la gorge ouverte, à quelques pas de lui. Il avait passé quatre ans à l’édification du Donjon, celui-là même qui est devenu son tombeau improvisé.

-Il savait ce qu’il encourait en tenant tête à sa Majesté, VanCleef et ses fouteurs de trouble n’ont eu que ce qu’ils méritaient. L’exil était presque une grâce en soi. Le Vieux a eu de la chance de s’en tirer à si bon compte.
-De la chance ? De tout qui aurait pu arriver, rien n’aurait pu être pire que ça. Condamné à rester hors des murs de son joyau, à vivre dans la misère…

-Cesse avec ton air de violons, tu n’attireras la compassion de personne.
-Je raconte les choses telles qu’elles se sont passées, rien de plus.

-Que faisait-il quand il a appris la nouvelle ?
-Il terminait quelques finitions dans un bâtiment qui devait servir d’école pour les mages, la porte d’entrée frottait un peu à l’ouverture, il s’occupait de la raboter consciencieusement. Puis son apprenti est arrivé, j’ai oublié son nom, pour le lui annoncer. Le gamin tremblait comme une feuille, déjà malingre pour son âge, il était blanc comme un linge. Le Vieux n’a presque pas réagi. Pendant l’heure qui a suivi, il a terminé ce qu’il avait commencé, remis la porte sur ses gonds, puis a ordonné au gosse de retourner chez ses parents.

-Belle preuve d’altruisme...
-Ne confonds pas la fierté de l’artisan avec autre chose, et pour ce qui est du gamin, il était trop jeune et inexpérimenté pour servir.

-Car « Si un outil devient inutile, on s’en débarrasse », oui je sais. Je supporte cette rengaine depuis assez longtemps pour la connaître par cœur.
- Moque-toi si tu veux.

-Et ensuite ?
-Il a fait le tour du quartier une dernière fois, se remémorant de qui chaque chose était l’œuvre. Fenêtres, arches, toits, tout y est passé. Il a salué la maitrise du dénivelé, la beauté des tours, et chaque détail qui donnait à ces lieux leur perfection. Il s’est rendu sur la place devant la prison, là où tous les camarades de la guilde des maçons s’étaient rassemblés instinctivement. VanCleef était furieux, beaucoup refusaient de croire ce qui s’était passé. Ca avait été comme un coup de tonnerre, vif et brutal.

-Quand est ce que le Vieux a perdu son sang-froid lui aussi ?
-Quand il a vu deux soldats du Guet ordonner la dispersion de la foule, ça a été l’affront de trop.

-Ils ne faisaient que leur devoir.
-Tu parlais de rengaine ?...

-Peuh !



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Message  Iakov Magtorus Dim 14 Nov 2010, 10:32

Observe mon garçon. L’artisan, le vrai, celui qui laisse son rêve glisser le long de ses doigts jusqu’à ce qu’il prenne forme, celui-là sait que tout commence avec les outils. Il en existe des centaines, peut-être même des milliers, et chacun d’entre eux sert un seul but, une seule tâche bien précise à laquelle il est entièrement dédié. Ne perds jamais de vue ce que je te dis, utiliser le mauvais outil au mauvais moment ou dans un but autre que celui auquel il est destiné est la pire chose à faire, c’est un crime affreux à l’encontre de ceux qui t’ont appris ce que tu sais et envers tout ceux qui les ont précédés. Le créateur, car c’est que nous sommes, suit dans son travail une discipline aussi stricte que le guerrier qui chaque jour prépare son corps et son esprit pour le feu de la guerre. Nous, mon garçon, nous entrainons nos mains à donner la vie aux bâtiments, aux rues, aux navires, ou à n’importe quoi qui serait utile au genre humain. Nous sommes l’outil des civilisations, sans nous rien ne pourrait s’élever, rien ne perdurerait. Elles nous utilisent avec sagesse, comme une ressource rare et précieuse. Au même titre que ton seigneur sait où le royaume du maçon se termine et où celui du charpentier commence, il est de ton devoir de respecter profondément tes outils, traite les comme tu voudrais être traité. Ce n’est pas à ce qu’il bâtit que l’on reconnait le vrai maître, mais à la qualité de son matériel. A présent, retourne à l’étage, je crois qu’Henri a besoin d’aide aux fenêtres.

Le Vieux soupira profondément, la tête entre les mains. Son front était posé sur le comptoir, tout autour de lui les parfums entremêlés des différentes fleurs donnaient une impression de tranquillité à la boutique. Un cocon sombre et sur où il pourrait mettre de l’ordre dans ses pensées, faire le point.

Tu as fait une erreur quelque part, tu as négligé ce qui t’appartenait.

L’unique bougie de la pièce vacillait depuis un moment, et finit par s’éteindre avec un petit chuintement. Dans l’obscurité, Monsieur Plong, quel nom idiot, laissa ses doigts jouer dans la tignasse emmêlée qui lui tenait lieu de chevelure, aussi sec que de la paille pensa-t-il.

C’est indigne de toi.

La chignole tout juste sortie de la forge, du potentiel auquel il manque encore les éraflures et marques du temps, celles qui font la personnalité de l’outil. Tu dois roder cet instrument, sans forcer de peur qu’il ne se rompe, l’exercer, et alors il servira ta cause.

Le couteau sans manche, la lame aiguisée comme un rasoir, celle que l’artisan puritain se refuse à utiliser car trop imprécise, trop instable, trop dangereuse pour celui qui l’utilise. Tu dois te montrer prudent, si tu la serres trop fort au creux de ta main, ton sang perlera et tu seras incapable d’œuvrer. Sois souple sans trop l’être, guide sa trajectoire, suggère plutôt que d’ordonner, le résultat n’en sera que plus satisfaisant.

Le marteau, solide, implacable, fidèle au poste au fil des décennies et des créations. Jamais il ne t’abandonnera, jamais il ne faillira, pour peu que tu n’en abuses pas. Ce qu’il gagne en force, il le perd en précision. Grossier, imprécis, limité même, il ne doit pas être employé pour autre chose que des tâches basiques où la subtilité n’est pas de rigueur.

Tu as abandonné tes instruments à leur sort, que voulais tu qu’ils fassent sans ordres ?


Il releva la tête, en proie à une mélancolie qu’il ne se connaissait pas, et décida qu’il pouvait bien passer la nuit ici pour une fois, le sommeil ne viendrait pas même s’il rentrait.
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Message  Iakov Magtorus Lun 20 Déc 2010, 14:34

[Bien qu'encore relativement soft, le texte suivant pourrait éventuellement choquer les plus sensibles ou traumatisés, vous voilà prévenus]

Ça craque encore une fois, comme un œuf écrasé sous un torchon, avant de lui couler sur les mains, comment ce type peut-il encore avoir quelque chose à saigner ? Incroyable, vraiment incroyable.

Son auriculaire continue à le lancer au rythme des battements de son cœur, résultat d’un crochet mal décoché qui a touché sa cible au front, il faut dire que viser correctement dans un tel endroit relève presque de la prouesse physique. Il le laisse retomber dans la poussière, gargouillant et pleurant comme un gamin tombé de poney. Le pauvre gars a le nez ratatiné, tordu dans tous les sens. Chaque fois que le tout commence à cicatriser, le Vieux se fait un plaisir de réduire en miettes le cartilage naissant.

Enfin, « plaisir », façon de parler. Il n’aime pas cogner sur Zeliek, même si ce dernier est la plus ignoble larve à avoir jamais rampé dans la fange de ce continent, mais à défaut de le calmer, ça l’occupe. Dans les sous-sols de sa planque, le chef du Tranchant Carmin entreprend l’ancien informateur de la Confrérie depuis plusieurs semaines déjà. Pour qu’il parle, pour qu’il souffre, et pour qu’au final il y reste, dans cet ordre de préférence. Le Vieux a d’abord cherché des réponses à ses questions, il a un droit de regard sur tout ce qui touche à sa bande, tout particulièrement quand la bande en question a failli finir en charpie. Et Zeliek baigne de près ou de loin dans tout ce qu’il y a de louche en Elwynn. Régler des vieux comptes et s’informer en même temps, que demander de mieux ?

Les premiers jours, il a envisagé d’attaquer directement avec la quincaillerie, mais force a été de constater qu’il n’a plus la main aussi sure qu’avant ; fais une erreur de quelques centimètres avec ta lame et le type se vide comme un goret avant d’avoir pu articuler deux mots. Non, il a d’abord préféré l’affamer, assis dans un recoin sombre à regarder en silence ce gros lard lécher les moisissures des parois pour ne pas se déshydrater.

Zeliek a maigri à vue d’œil, à force de macérer dans sa crasse et ses excréments, il n’arrive plus à distinguer le rêve de la réalité, bercé par des coups de pieds dans les côtes chaque fois qu’il essaye de prendre du repos. Le Vieux ne pose plus de questions depuis longtemps, ou alors toujours les mêmes. Les réponses ne l’intéressent même plus, son univers tombe en morceaux là-dehors, il le sait. La terre tremble, s’effondre et les fantômes émergent des vieilles pierres. Il veut juste oublier, oublier la rancœur qui lui tord les tripes et la peur qu’il a osé ressentir avant de quitter Hurlevent. Le bâtisseur sait qu’aucune construction n’est éternelle, mais sa ville ne peut tomber, jamais, la cité Blanche disparaitra en même temps qu’Azeroth, et pas avant ! Alors il s’acharne sur Zeliek, un des rares hommes encore vivant qu’il ait connu pendant la Grande Époque, peut-être est-ce une façon d’effacer le passé, ou plutôt de déverser sa rage sur un morceau de viande juste bon à encaisser les coups.

Le Vieux retourne sur son rocher favori, penché sur la silhouette en sanglots, sa barbe a poussé et le démange horriblement, une autre raison de se montrer hargneux, si l’on aime les prétextes faciles.

-Qui est ce morveux, Zeliek ?

-Gnfl...

Un caillou lancé à pleine vitesse vient immédiatement toucher l’intéressé au bras, il gémit, incapable de se protéger, le Vieux lui a démis les deux épaules dès le début pour éviter les mauvaises surprises.

-Qui est ce morveux, Zeliek ?

- Je ne sais pas…

-Qui est ce morveux, Zeliek ?


Un silence crispé, ils connaissent tous les deux les règles du jeu. Aucune question n’est répétée plus de deux fois. À la deuxième, si la réponse n’est pas satisfaisante, un doigt est brisé, une côté est fêlée, ou n’importe quoi de peu réjouissant arrive.

-Je ne sais même pas de qui tu me parles, je ne l’ai jamais vu, c’est toi qui travaille po… GNAAAAAH !

Il se tord de douleur, la tête rentrée le plus possible, le Vieux connait par cœur chaque plaie, chaque hématome, chaque fracture qui recouvrent le corps de Zeliek, il appuie là où ça fait le plus mal, juste ce qu’il faut.

-Je te jure, je te jure, je le connais pas !


Il y a toujours des petits malins pour penser que leur volonté est plus forte que la douleur, souvent des nobliaux gringalets bercés à la harpe et bordés tous les soirs, mais c’est faux. Tout le monde a une limite, il faut juste du temps, même le plus endurci finit par craquer et tout déballer. Zeliek a franchi ce point depuis un moment déjà, mais on n’est jamais trop prudent, des fois qu’il se ressaisisse par miracle.

-Depuis combien de temps ça dure ton petit trafic ?

-Un ou deux ans.

-Pourquoi pas avant ?

-Trop… trop de patrouilles, même de nuit c’était risqué.

-Qu’est-ce que tu fais passer ?

-Tout.

-Qu’est ce que tu fais passer ?

-Tissus, armes, les choses qui sont taxées…

-Vraiment ?

-O-oui.

-Quand on t’a cueilli, tu étais bien accompagné, on n’a pas ce genre de gars sous la main juste pour éviter le questeur, tu sais.


Nouveau silence.

-Qui sont tes clients ?

-…

-Qui sont tes clients ?

-Ça… ça change souvent…

-Qui sont tes clients ?

-Ils ne me disent jamais leur nom ! Je sais juste qu’il y en a un à Cabestan ! Je te le jure !

Le Vieux essaye toujours de garder la tête froide depuis qu’il a tenu sa première dague, se laisser aller c’est faire des erreurs, faire des erreurs c’est rendre réelle l’expression avoir le cœur sur la main. Mais comme déjà dit, tout le monde atteint le point de rupture un jour ou l’autre, et pour le maçon Thadius Bjeck, le fleuriste affable Phineas Plong, ou plus simplement le Vieux, c’en est trop. Il est au supplice lui aussi, malgré sa détermination il sent que les évènements lui filent entre les doigts, et ça le rend fou. Il lui saute à genou sur l’abdomen pour lui couper la respiration, oh il n’en est pas fier, mais lui aussi a bien le doit de se tromper de temps en temps.

-Ah tu ne sais pas ?! Pauvre petite pourriture de mes deux ! Ah tu ne sais pas !

Il attrape la première chose à portée de main, la lève bien haute et la lui aplatit sur le crâne. Un gémissement, un nouveau craquement. Il recommence, encore, encore. Ça gicle sur son visage, ça l’imprègne, il continue jusqu’à être hors d’haleine et dégoulinant. Il lève les yeux vers la voûte de la grotte, il a froid, et se relève sur ses jambes tremblantes. Zeliek n’a plus qu’une bouillie informe en guise de tête, son pied gauche s’agite frénétiquement et donne l’impression de battre la mesure.

Le Vieux ouvre la trappe. Des étoiles, il y en a partout là haut, assez pour y voir clair. Les autres dorment, tant mieux, il n’est pas d’humeur. Il fait quelques pas dans l’herbe sèche et finit par s’allonger sur le dos, la main toujours crispée sur ce qui lui a servi de masse ; une bouteille en plomb pour faire décanter les mélanges. Le fond est gondolé, Zeliek a toujours eu la tête dure après tout.

Il passe deux doigts sur sa barbe et observe le pourpre qui lui recouvre les phalanges.

Même plus besoin de masque à présent.



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