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[RP épistolaire] Mellys et Atollan

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Message  Grelot-de-Bois Lun 02 Nov 2009, 09:13

Lettre 1 - Atollan

Une enveloppe sobre et propre, quoi qu'un peu maltraitée par le voyage. En l'ouvrant, on trouve une lettre à l'écriture pointue, peu lisible mais appliquée. Une odeur de sel et d'algues sèches s'en dégage, indiquant avant toute lecture qu'elle vient de l'autre côté de la mer. Elle est accompagnée d'un petit objet très léger, empaqueté dans deux couches de fin papier jauni. En les ouvrant, on peut reconnaître un médaillon d'argent ayant appartenu au frère de Mellys.

D'Atollan Ocre-Automne
Le 2 novembre de l'an 29
Depuis Theramore
Marécage d'Âprefange

Mon amie,

Voici maintenant dix ans que nos chemins se sont séparés. J'aurais bien préféré qu'ils ne s'écartent pas, ou qu'ils ne se recroisent jamais, même une fois tout ce temps écoulé, car le changement est toujours synonyme de souffrance, et, une fois encore, en règle fidèle, cette maxime se vérifie. Oui, j'aurais bien préféré que mes mots ne s'adressent plus jamais à toi, Mellys de mes songes, plutôt que de devoir t'annoncer un jour ce qui m'amène cette nuit à reprendre le contact. Au moins, cependant, auras-tu la certitude que je ne suis pas mort, et que je me porte aussi bien que possible en ces périodes de ténèbres.

Tu l'as compris, c'est un funeste vent qui m'envoie. Nous étions enfants ; nous sommes maintenant adultes. Nous avons tous deux changé, la chose étant nécessaire. Aussi j'ignore, Mellys, si tu préfères scruter encore un peu les vestiges de notre insouciance ou plutôt aller avec une bravoure que je ne possède pas moi-même au devant de la peine qui te guète. Dans le doute, et par une délicatesse peut-être superflue, je vais tenter de remplir une page entière avant d'en venir au fait. Avec cette lettre, j'ai joint un petit paquet ; ne l'ouvre pas encore. Tu te doutes peut-être déjà du malheur que je vais annoncer, mais je souhaite, si tu choisis de ne pas sauter mes lignes, que tu oublies tout ce que tu sais, ne serait-ce que pour la durée de quelques minutes. Ne cherche pas à deviner. Bientôt, tu sauras.

D'ailleurs, peut-être as-tu déjà oublié, sans que je doive te le demander. Je vais te rafraichir la mémoire, bien que ces souvenirs soient gravés au plus profond de mon esprit : peut-être n'est-ce pas ton cas. Mon nom est Atollan, et tu étais ma meilleure amie, dans mon enfance - ma seule amie. Nous vivions à la Cité de Lordaeron, où mes parents enseignaient la magie indépendamment du Kirin Tor. Je n'ai plus souvenir de la raison pour laquelle toi-même tu y étais... peut-être ne t'y rendais-tu même qu'occasionnellement ? Je ne saurais le dire. Ces détails matériels, aussi importants soient-ils dans l'absolu, ne signifient pas grand chose pour moi.

Ce dont je me souviens, en revanche, c'est que, outre notre ascendance elfique, nous partagions notre passion pour la lecture. Oh, quand j'y repense, il ne s'agissait la plupart du temps que de livres pour adolescents, quoi qu'il nous fût également arrivé de dévorer des classiques de la littérature. Mais, après tout, nous étions enfants... quoique la chose puisse paraître ridicule, nous étions en fait très précoces. Et nous lisions, donc, côte à côte, assis sur le rebord de granit noir du Collège Alonsus, où nous avions la chance d'étudier. Ma famille n'est pas noble, mais, puisque nous étions sujets du roi Anasterian (*) à l'étranger, nous avions quelques privilèges d'ordre diplomatique. Je me souviens que peu avaient accès aux études, chez les humains.

C'est ainsi que nous nous sommes rapprochés. Quel âge avions-nous, déjà ? Huit ? Neuf ans ? Je crois que tu en avais neuf et moi huit. J'ai 21 ans, tu dois donc en avoir 22. Si tu me réponds, donne-m'en confirmation : je m'en voudrais de faire erreur sur ton âge... Je suis toutefois certain que nous avons conservé une vive affection l'un pour l'autre durant les trois ans que nous avons passés ensemble, si ce n'est plus - mais notre séparation à l'issue de cette période m'empêche de savoir quel souvenir tu as gardé de moi. En ce qui me concerne, j'ai souvent pensé à toi... j'ai songé, parfois, à essayer de te chercher et de te joindre, mais la distance et surtout la crainte m'ont dissuadé de passer à l'acte. Et puis, bien sûr, les choses se sont estompées, je l'affirme à grand regret. Mais tu m'as suffisamment marqué pour qu'il me soit impossible de t'oublier ; "amitié" et "insouciance" sont deux termes que je t'associe aujourd'hui encore.

Puis, il y a eu le Fléau. Dans quatre ou cinq siècles, les historiens appelleront cela l'an 1, peut-être. Ce fut le commencement d'une nouvelle ère, et, si ce n'est vrai pour l'Humanité, ça l'est au moins pour moi-même. Il y eût rupture entre le bonheur de l'enfance et la douleur de l'âge adulte. Car, sans toutefois m'en plaindre - j'ai moins souffert que bien des gens, je l'imagine sans peine -, je n'ai jamais été adolescent. C'est à la fois un fardeau et une fierté. Un fardeau, parce que trop tôt sorties du cocon, mes ailes sont devenues fragiles. Une fierté, parce que j'ai porté bien plus que ce qui m'était destiné, et je n'ai pourtant pas bronché. J'ignorais, bien sûr, ce que cela me coûterait, mais, même si je l'avais su, cela n'aurait rien changé : le courage, la volonté, j'en avais encore à revendre.

Ma force est allée à mon père. Un romantique, comme moi ; il ne pouvait pas guérir de la disparition de ma mère. Et nous savons tous ce que signifie "disparition" : elle devait au même instant servir de chair à canon aux nécromanciens du Culte. Mon père était prêtre-mage, et je l'ai poussé à suivre Dame Proudmoore. Il s'est laissé faire. Je croyais que le salut était là-bas. Il croyait qu'y mourir serait plus agréable. Nous sommes partis dans les dernières caravelles, alors que le ciel brûlait de toute part : les démons n'étaient pas loin.

Mon père a finalement réussi à l'avoir, sa mort, malgré mes efforts acharnés. Quant à moi, j'essaie aujourd'hui de m'en sortir sans prendre les armes... franchement, un avorton dans mon genre, dans une armure ? J'ai grandi, mais je n'ai pas grossi, si cela peut te donner une idée.

Et toi, ma tendre Mellys ? Ne m'en veux pas de t'appeler ainsi ; les rêves ont peut-être embelli mes souvenirs. Mais toi ? Qu'as-tu vécu, durant tout ce temps ? Tu as souffert, je n'en doute pas... Les rescapés de l'âge du Chaos ont tous été marqués, ne serait-ce que dans l'esprit. Je ne souhaite pas réveiller ces vieilles blessures, en plus d'inévitablement en ouvrir de nouvelles. Mais avoir de tes nouvelles me serait vraiment agréable ; la seule chose que je sais de ta nouvelle vie, c'est qu'elle se déroule à Lune-d'Argent. J'ai dû faire quelques recherches, pour te retrouver, et être sûr que tu vis encore...

Il est temps. Je suis sur le point, déjà, d'entamer ma troisième page. Le moment est venu de faire face. Je m'en veux terriblement de devoir t'annoncer cela aussitôt nos retrouvailles faites, si toutefois on peut appeler cela des retrouvailles... J'ignore combien tu t'es durcie en dix ans, et j'ignore également si cela aura des conséquences matérielles sur ta vie, mais je sais qu'un grave événement est arrivé, et je crains que tu en viennes aux larmes. Pleure sur ma lettre, Mellys. Si j'étais à ton côté, je serais là pour épancher ta peine. Serre les dents ; je les serre avec toi, de l'autre côté de la mer. Puisses-tu me pardonner d'avoir été le héraut de ton malheur.

Mellys... ton frère devait se rendre à Theramore afin de rencontrer Dame Proudmoore. Il n'est pas arrivé à bon port. Les Nagas y ont veillé. Hélas, aucun doute n'est possible... c'est moi qui l'ai identifié ; le corps porte le même tatouage qu'il y a dix ans, au poignet gauche. Je suis désolé, Mellys... Je suis désolé...

Pardon, une fois encore. Pardon pour toutes ces années de silence. Pardon pour ce venin que je t'insuffle aujourd'hui. Ton frère est mort en héros ; garde-le dans ta mémoire, et sois-en fière. Mon père est mort en lâche, et je commence à croire qu'il aurait mieux fait de continuer à souffrir.

Avec toute mon amitié et ma compassion, mes plus sincères condoléances.

Atollan Ocre-Automne.
.
(*) Anasterian : roi de Quel'Thalas avant l'invasion du Fléau.
Grelot-de-Bois
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Message  Aluin Mar 17 Nov 2009, 22:03

Spoiler:

Lettre 2 - Mellys

Une enveloppe parvient, après de longs jours d'un voyage mouvementé, à son destinataire final. Elle est froissée, un peu déchirée, malgré les consignes de l'expéditeur, qui a sans doute mal choisi les messagers. A l'intérieur, le papier a suivi la courbe, mais les blessures végétales n'empêchent en rien la lecture. L'écriture est légèrement arrondie, nuancée par de nombreux angles cassés. La plume n'a pas tremblé un seul instant, laissant deviner l'indifférence... ou une certaine maîtrise de soi.

Mellys Cuivre Lune
Le 5 novembre de l'an 29
Lune d'Argent
Quel'Thalas


Très cher cousin,

Voilà bien longtemps que je n'ai eu de tes nouvelles... bien longtemps aussi que j'ai eu l'occasion d'écrire une telle lettre.
J'espère que ce parchemin te trouvera dans la meilleure forme possible, et j'insiste pour cela : n'hésite pas à te nourrir correctement ! J'accusais déjà ton appétit de moineau, et je constate que cela n'a visiblement pas changé. Mais j'ai beau dire cela, je n'ai pas plus d'appétit qu'autrefois, mais ma condition actuelle m'y oblige. J'y reviendrai.

Sache que j'ai été heureuse de recevoir de tes nouvelles, même de manière si inopportune. Je te remercie pour ta prévenance, savoir tôt ce qui est arrivé à Ipsos me permettra au moins de ne pas l'attendre plus longtemps.
Je ne sais exactement ce qui l'amenait à voyager jusqu'au Marécage, tout ce que je peux dire est qu'il était depuis un moment en contact avec le Régent. C'est sans doute cela qui l'engageait à rencontrer la Dame. Il me parlait de temps en temps d'une tâche que Lor'themar allait lui confier. N'avait-il point une missive qui permettrait de faire reconnaître sa mission ? Qu'il n'ait pas fait ce chemin pour rien...
Je te l'avoue, j'étais proche de mon frère. Nous n'avions de secrets l'un pour l'autre que les travaux dont nous étions respectivement chargés. Pourtant, je n'arrive pas à pleurer. Malgré ton exhortation, je n'ai nulle appréhension pour cette nouvelle. Ces circonstances me laissent de glace. C'était sans doute ce qu'il voulait. Je te suis toute de même reconnaissante pour m'avoir ramené sa montre, elle lui était précieuse.

Je suis heureuse disais-je, car je me souviens bien de toi. Ces jours passés me semblent hier, et la nostalgie m'y plonge parfois, comme un trésor perdu à jamais.
Je te le confirme : j'ai toujours une année de plus que toi, et cela, effectivement, ne changera pas. Je n'ai pas perdu cette passion pour les livres, même si le temps à passer au milieu d'eux m'est aujourd'hui compté. Tu te souviens, je rêvais de pouvoir tous les lire, et si la Bibliothèque de Dalaran ne m'est pas inaccessible, je crains devoir renoncer à cette espérance... Tout comme ma voie s'est dessinée sur un autre fil que celui sur lequel mes yeux s'était fixé lorsque nous étions enfants.
Mon but était alors de rester auprès de toi et tes parents, d'apprendre la magie et la science auprès d'eux, et rester toujours avec toi. Quelle naïveté. La vie en a décidé autrement, et nous avons été séparés.

Le Fléau... Mes parents ont choisi de fuir Lordaeron. Plus tard, il m'ont entraînée derrière Kael'thas. Je n'avais pas vraiment mon mot à dire, et étais encore trop jeune pour reconnaître les conséquences de ces actes. J'ai hérité de ces yeux verts qui me semblent bien détestables parfois.
Mon doux Atollan... Si je ne me trompe, tu dois avoir gardé cette pureté que j'envie... Cela nous sépare, quelque soit notre volonté. Pour une couleur, pour un choix, l'avenir nous a placé, et nos enfants, dans deux camps qui se combattent. Je souhaite seulement que nous ne soyons pas menés à nous rencontrer à nouveau dans de funestes circonstances...
Car oui, mon cousin, je suis devenue une combattante. J'ai appris la magie, mais l'utilise à des fins autres que celles auxquelles j'aspirais. C'était il y a longtemps. Aujourd'hui, je porte l'armure aux couleurs des Chevaliers de Sang. Je ne t'expliquerai pas maintenant les chemins de mon choix. Cela serait remuer l'écume qui réveillerait l'ouragan. J'ai perdu l'habitude de parler pour ne rien dire, tu m'excuseras.

Sur ces mots, je te quitte. Peut-être n'ai-je pas répondu à toutes tes attentes, toutes tes questions. Mais j'aurais sans doute l'occasion de relire ta lettre et de compléter celle-ci, que je t'envoie. Tu auras au moins la maigre satisfaction de me savoir en vie, et un peu plus joyeuse qu'auparavant.

Porte-toi bien.

Mellys


Aluin
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Message  Grelot-de-Bois Sam 21 Nov 2009, 07:01

Lettre 3 - Atollan

La propreté et la sobriété de la lettre seraient fort reconnaissables, si celle-ci n'avait été victime des intempéries. Durci par l'eau salée, le papier est par miracle ou par enchantement demeuré lisible. Toujours cette délicate odeur de mer l'accompagne, quoi qu'un peu plus forte que la dernière fois. Manifestement, ces mots auraient bien pu ne jamais atteindre les continents de l'Est.

Atollan Ocre-Automne
Le 21 novembre de l'an 29
Theramore
Marécage d'Âprefange

Mon amie,

J'ai tant de choses à te dire, tant de réponses à te donner... Oh, l'ampleur de la tâche me semble immense. Je le sais, en réalité, tu n'espères pas grand chose de moi ; ta lettre me l'a bien fait comprendre. Elle m'a en fait plongé, je l'avoue, dans une certaine mélancolie. C'est pourquoi les quelques mots que je devais écrire m'ont paru peser des chapitres entiers. Oui, ma plume est ta débiteuse, encore. Pourtant, ce matin, ce n'est pas le devoir qui l'anime. Alors que son tracé pourrait contenir un sens profond, celui auquel tu t'attends, il sera en fait bien plus futile, car c'est le besoin d'épancher mon encre qui me guide.

Je suis allé m'asseoir sur le récif, derrière le phare. Cet endroit est en quelques sortes mon refuge. Il est vrai, un certain nombre de gens sont amenés à s'y rendre, de temps à autre. Je me débrouille pour les éviter, généralement ; pour la plupart, je ne désire pas leur compagnie. Après tout, les allées et venues sont assez prévisibles ; il me suffit de connaitre les jours et les heures. En définitive, c'est un endroit tranquille. J'y trouve une certaine paix. J'y puise la simplicité qui me manque tant. Je l'arrache à la mer, sans lui faire de mal, et je la tire à moi comme on pêcherait une baleine à la ligne. Un jour, peut-être, j'y parviendrai. En attendant, je me contente d'être simple à cet endroit-là seulement. Lorsque je m'y trouve, je suis une autre personne, pour quelques heures.

As-tu déjà vu la mer, Mellys ? Maintenant que tu vis à Lune-d'Argent, et après tous les voyages que tu as sans doute réalisés, je suppose que oui. Peu importe, je sais que tu n'as pas vu celle de Theramore ; ma mer. Je la contemple en ce moment-même, tout en t'écrivant. Je sens le matin poindre, tout doucement, comme un voile que l'on voudrait arracher sans douleur. Bien sûr, c'est impossible. Je suis fébrile devant la beauté presque irréelle de ce profond silence des embruns. Je ne vois pas encore le soleil, mais je crois que je pourrais le toucher. Je le touche déjà. Je m'y baigne, ne serait-ce qu'en observant l'eau mauve et hâve qui s'étend comme un sépulcre à l'infini.

Et moi, je suis là, accroupi sur ce rocher noir et humide. C'est un écueil abrupt, sur lequel on ne peut pas s'asseoir confortablement. Je suis un peu à l'étroit, mais je me sens si bien... J'ai déjà mal à la main gauche, car le granit y imprime peu à peu sa marque, mais je le laisse faire sans regret : l'instant que je suis en train de vivre vaut bien quelques stigmates. Je suis parcouru de frissons depuis un bon moment, mais je n'essaie plus de résister à la brise de l'aube : ses couleurs sont si tièdes, que je m'y sens comme un enfant qu'une nymphe étreindrait... Je sais que personne ne viendra interrompre mon union avec la mer. Je suis seul à ses côtés, et sentir le temps couler entre mes doigts, sans pouvoir le retenir, me rappelle que tout a une fin, et que nulle chose n'est plus belle que cela.

Je soupire, malgré moi. Ce n'est pas de la tristesse ni de la joie. C'est une émotion indescriptible, composée d'un peu des deux, peut-être. L'intense soulagement d'avoir été caressé par le vent. Mes épaules se soulèvent, enfin débarrassées de leur joug. Elles le retrouveront aussitôt que je tournerai dos à l'océan ; mais cela n'a pas d'importance, car le temps n'a pas prise sur cet endroit.

Et je laisse vagabonder mon esprit sur le parchemin. La fille qui s'occupe du phare s'appelle Babs. Elle est gnome. Très généreuse, et très laide. C'est sans doute la personne pour laquelle je ressens le plus d'affection, ici. On ne s'est pourtant pas beaucoup parlé... mais elle m'a toujours regardé avec une tendre pudeur, me laissant à la solitude que je venais chercher sans contrarier cette dernière. Moi aussi, j'ai de la même manière décelé en elle une richesse certaine. Nos souffrances sont sans doute semblables, l'une et l'autre.

Babs est une artiste. Elle invente des boissons. Pour tout le monde, c'est une mécanicienne. Mais une mécanicienne, ce n'est pas Babs. De temps à autre, je viens boire un verre avec elle, et nous discutons. Elle a toujours quelque chose de différent à me proposer. Cela lui fait plaisir, d'avoir des avis extérieurs. Nous parlons de notre vie de tous les jours, de nos petits soucis, de nos petites joies. Et nos interactions s'arrêtent là. Étonnamment, nous nous entendons très bien.

Puis, il y a Merwyn. C'est une jeune pêcheuse humaine qui s'est mise en tête d'apprivoiser une mouette. Elle n'a pas encore de résultat, mais ses efforts seront sûrement récompensés... d'ailleurs, même si tel n'était pas le cas, cela lui aura au moins permis de rencontrer Babs. Elles se sont connues avant que je ne trouve ce coin, et elles aussi s'entendent bien. Merwyn m'amuse et m'attendrit en même temps... Il est dommage que je la voie si peu.

En dehors de quelques connaissances de Babs, que je n'ai pas vraiment eu l'occasion de recroiser par la suite, les autres personnes que j'ai vues au phare étaient trop occupées, pressées, ou méprisantes pour me parler. Il faut avouer que je ne fais pas non-plus beaucoup d'efforts pour aller vers les autres, surtout à cet endroit. Cela viendra, je suppose. Ces temps-ci, je me concentre sur mon travail.

Je me rends d'ailleurs compte que je ne t'en ai pas encore parlé ! Je suis calligraphe. Puisque la guerre est partout, j'ai été obligé de me lancer dans la création de glyphes dont je ne sais pas moi-même me servir. Les glyphes sont des symboles complexes qui, couplés à une certaine magie, peuvent donner des pouvoirs aux choses sur lesquelles ils sont inscrits. Je ne peux malheureusement pas t'en dire plus, car c'est une affaire de mage, or je ne sais rien faire d'autre que manipuler une plume. Enfin... c'est inexact. Babs m'a montré comment bricoler une lampe à huile, et un vieux loup de mer borgne, qui lui aussi passe parfois au phare, m'apprend à tailler des bouts de bois. Ca ressemble un peu à la calligraphie, mais j'admets que je ne suis pas très doué pour l'instant... Ce marin s'appelle Homère, mais je sais peu de choses sur lui : il est très dur et silencieux. Quoiqu'il en soit, tu en conviendras, ces deux activités secondaires ne sont pas vraiment utiles.

Voilà le soleil. Enfin, il est là depuis un bon moment, maintenant, mais ma pensée court plus vite que ma main. Je vais songer à aller me reposer : je suis un peu malade, je n'aurais peut-être pas dû sortir en chemise. Mais avant cela, Mellys, il y a deux choses que je dois te dire.

Tu m'as d'abord demandé quelle était la mission de ton frère. Ipsos devait rencontrer Dame Proudmoore pour discuter avec elle au nom du Régent, mais je ne puis hélas en savoir plus : il semblerait que le sujet soit un secret bien gardé. Je suppose que Lor'Themar va devoir envoyer quelqu'un pour le remplacer. Ne crois pas, cependant, que sa mort ait été inutile ; grâce à lui, deux membres de l'équipage qu'il accompagnait ont pu s'en sortir vivants. Ce sont eux qui ont signalé où se trouvait l'épave.

D'autre part, je souhaite te présenter mes excuses pour ces quinze jours de silence. Mes excuses, mais aussi des explications ; car je n'en suis pas responsable. J'ai en effet reçu ta lettre il y a trois ou quatre jours seulement, et dans un état assez lamentable : il paraît que des typhons inhabituels sont apparus au large du Maelström. En plus de considérablement ralentir la navigation, ils me font craindre que tu ne reçoives pas cette missive. J'espère qu'elle atteindra Quel'Thalas, si possible avant décembre...

Mellys, je t'embrasse. Et la couleur de tes yeux n'y changera rien. Nous ne nous croiserons pas sur un champ de bataille ; peut-être, en revanche, nous reverrons-nous en amis. Une vive nostalgie s'est emparée de moi, et sache que je tiens à toi comme à une sœur. Permets-moi d'espérer, au moins, que la paix n'est pas impossible.

Prends soin de toi, Dal'da. Al diel med'alah ronae. (*)

Atollan
.

(*) Dal'da : littéralement, "douce étoile", "bonne étoile", ou "petite étoile". Ici, il s'agit d'un surnom affectif qui désignait Mellys dans son enfance.
Al diel med'alah ronae : "Que ta lumière soit gardée en paix."
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Message  Aluin Sam 21 Nov 2009, 14:47

Spoiler:

Lettre 4 - Mellys

La lettre d'Atollan arriva à destination, et peu après partait un oiseau solitaire au dessus de la Cité. Le messager était dressé et savait utiliser les bateaux et leurs escales à bon escient. S'il ne se perdait pas en chemin, et s'il ne s'épuisait pas avant d'atteindre sa destination, le relai était assuré.
C'est ainsi qu'un humain vint trouver Atollan Ocre-Automne alors qu'il travaillait, plume à la main. Le maladroit faillit provoquer une rature sur un parchemin aux priorités magiques en l'interpelant sans plus de procès. La surprise passée, il lui remit l'oiseau exténué. A sa patte, un étui. Il contenait un parchemin très fin, plié de nombreuses fois de sorte qu'apparaisse à l'extérieur le nom du mage.


Mellys Cuivre Lune
Le 24 novembre de l'an 29
Lune d'Argent
Quel'Thalas


Cher Atollan,

Tes craintes étaient juste concernant cette lettre, elle m'est arrivée dans un piteux état. Il semblerait que ce soit le lot de tous les courriers que l'on viendrait à s'échanger... Mais je l'ai reçue et l'ai lu, n'est-ce pas le plus important ? J'espère que ma réponse te parviendra de la même façon malgré les intempéries, je le regretterai.

Je reviens au début de ta lettre, et je dois admettre que tu as raison : je n'espère rien de toi. Mais ne te trompe pas. Tu ne m'es pas indifférent, sinon, je n'aurais pas pris la peine de répondre. Je n'attends juste aucun réconfort de cet échange, même si la douce mélancolie qui t'étreint me gagne à travers ta description de l'océan.
Je ne suis peut-être plus aussi émotive qu'autrefois, mais je ne me pense pas insensible. Oui, je voyage beaucoup, oui, j'ai déjà vu la mer. Mais je ne me suis jamais arrêtée - je n'ai jamais pris le temps pour ça, devrais-je dire - pour la contempler comme tu aimes à le faire. Tu es resté poète, je ne suis pas certaine que l'on puisse en dire autant de ma personne. Quand je lis tes lignes, j'en viens à le regretter, un peu. J'essaierai de m'y attarder plus, la prochaine fois.

L'écriture ne m'est plus aussi familière que lorsque je dévorais des livres entiers à tes côtés. Cela m'est devenu un exercice difficile, mais je m'efforcerai à le pratiquer. Si c'est par et pour toi, ça ne me dérange pas.

Tu n'es pas complètement seul, c'est déjà bien. Les amis sont rares, et le sont de plus en plus par les temps qui courent. Que tu aies quelqu'un sur qui compter près de toi est important, et je suis soulagée d'apprendre au moins cela.
J'aimerai te visiter, et regarder le mer d'un œil nouveau, alors que tu chanterais ses louanges. Je regrette que cela ne se puisse. Un jour, peut-être...

Mon seul ami. C'est resté vrai aujourd'hui. Tout au moins depuis la réception de cette première missive, qui, si elle n'était pas joyeuse, a remué des souvenirs et des espoirs que je croyais perdus. Peut-être que j'espère bien un peu de réconfort, malgré tout...

Je suis couturière. Bien étrange métier pour une guerrière, non ? Mais j'aime bien l'ironie, et peu ont osé trouvé à redire sur ma manière de vivre. Je conçois et fabrique des vêtements que j'enchante. Je me plaîs à en inventer pour moi aussi, tu me verrais dans ma robe d'étoffe cristalline ! Je m'arrangerai pour me faire faire un portait, d'ici quelque temps, cela te permettra en même temps de voir les traits que le temps a marqué sur moi.
A cet instant, tu peux m'imaginer sourire, rien qu'à l'idée de me voir sur une toile en robe. C'est devenu si rare, à croire que ça ne me ressemble pas ! Tant pour la robe que le sourire, d'ailleurs. Finalement, ce n'est pas une si mauvaise chose.

Toi calligraphe. Cela ne m'étonne pas tant que ça. Un bon moyen de combiner plusieurs passions de façon "utile". Cela explique aussi la facilité que tu trouves à remplir des pages, et avec quel talent. Je t'envie.

La paix n'est pas impossible, et je la souhaite. Il y avait toi, et mon frère. Nous ne sommes plus que deux, mais je ne l'oublierai pas. Si t'écrire comble un peu ce vide, alors je le ferait autant de fois qu'il m'en viendra l'envie. Je n'attendrai peut-être pas toujours de voir ta réponse, au cas où l'une de nos lettres se soit perdue en chemin. Ce sera peut-être de courts paragraphes, mais ne m'en veux pas. Comme cela viendra.

Repose-toi, mon ami. Profite du Soleil et de la brise, mais garde-toi du vent et de la pluie. Je ne voudrais pas que ma prochaine lettre te trouve allité pour un instant déraisonnable.
Je te quitte cette fois avec un grain de nostalgie plus ancré qu'au départ.

A bientôt.

Melly


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