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Histoire d'une druidesse [Déania]

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Histoire d'une druidesse [Déania] Empty Histoire d'une druidesse [Déania]

Message  Asélryn / Towann Mar 08 Sep 2009, 22:21

La marche s’interrompt enfin.

La journée touche à sa fin, les lueurs diurnes s’estompent lentement, laissant ce paysage immobile s’assombrir à un rythme ralenti. La pluie s’est enfin stoppée, la terre humide laisse monter une odeur forte. Les voyageurs font enfin une halte.
Le groupe, exclusivement tauren et elfique, s’installe aux abords d’un village abandonné. Les lieux empestent la souillure et la désolation mais il ne fallait pas en attendre moins d’une telle région après tout. Tout a l’air calme, endormi. Les druides s’installent un à un, déposant leurs sacs et commençant à se restaurer. Seule l’habitude leur permet de déceler la baisse de luminosité dans ces lieux, annonçant le soir.

Elle fixe ce ciel rougeoyant et parsemé de nuages sombres, ce ciel de Maleterres. Elle pense déjà à son retour, à ses deux frères, sitôt retrouvés que déjà loins d’elle. Keln sera probablement là à son retour mais Towann partait pour l’Outreterre. Peut-être que…

« Déania ! »

Elle sursaute et attrape de justesse le fruit juteux qui lui est lancé. Celui-ci est un peu trop mûr et s’écrase à moitié dans sa main. Elle plisse les yeux, la mine boudeuse, ce qui provoque immédiatement l’hilarité de son camarade. Il s’approche d’elle, une outre à la main puis s’assied à ses cotés.

« Mange quelque chose, nous sommes encore loin de la chapelle. »

« Tu pouvais très bien me le donner sans le lancer. »
proteste-t-elle en posant le fruit pour s’essuyer la main sur sa robe, tant pis.

Faeren se contente de sourire en la regardant faire. Elle reprend le fruit, y jette tout de même un œil puis finit par croquer. Il est un peu trop mûr peut-être, peu importe, ça reste agréable. Savourant, elle s’allonge alors à moitié en arrière, sur les coudes, ferme les yeux, appréciant la présence de son ami, surtout dans un lieu pareil. Celui-ci s’installe à ses cotés, lâche un soupir soulagé, puis boit quelques gorgées avant de reprendre la parole après quelques secondes de silence, une pointe d’hésitation dans la voix.

« Au fait… Tu as réfléchi à propos de… »

« Oui et je n’ai pas encore fini. »


Elle lui a répondu sur un ton qu’elle réalise être un peu trop sec. La druidesse lui sourit légèrement pour s’en excuser, il fait de même. Elle ne sait pas ce qu’elle doit penser de la proposition qu’il lui a faite quelques jours plus tôt, alors qu’ils quittaient les hauteurs d’Alterac. Elle est encore très jeune pour une kaldoreï mais après tout, elle n’a plus l’éternité devant elle à présent. Faeren a moins d’un un siècle de plus qu’elle… Mais elle ne sait pas si elle saurait le voir autrement qu’un ami. Devenir sa compagne, ça semble être quelque chose qui changerait à jamais leurs rapports. Mais elle l’aime tel qu’il est, tel qu’elle le voit aujourd’hui, pas autrement. Elle le fixe quelques secondes. Il n’est pas très imposant pour un kaldoreï mais elle apprécie plus que tout sa présence, son regard, ses gestes, tout à la fois lui apportant une certaine confiance, une complicité qui sait la rassurer en toutes situations. Une longue chevelure turquoise en crinière, le visage juvénile, presque enfantin, et cette assurance malgré sa faible carrure. Ça ne peut surprendre que sous sa forme elfique cependant. En effet, sous ses formes bestiales, il n’a absolument rien à envier aux autres. Toujours fier, il ne se laisse pas démonter par la moindre difficulté et va de l’avant. Il est aussi un modèle pour elle sur la façon de penser… Que dire de Faeren si ce n’est qu’il était probablement l’être le plus cher à son cœur à ce jour ? Mais s’unir à lui…
Il reprend alors la parole en changeant de sujet, à son grand soulagement :

« Je me demande si cette expédition a vraiment des chances de succès. »

« Qu’est-ce qui t’amène à te poser cette question ? »

« Déania… Ça fait des jours que nous avançons sur ces terres, et je n’ai pas vu un animal, une plante, ou ne serait-ce qu’un brin d’herbe qui ne soit pas ravagé par cette peste. »

« On ne peut rien dire avant d’avoir tenté notre chance, et ce serait idiot de ne pas le faire. Et puis, nous aurons sûrement un peu d’aide une fois à la chapelle de l’Espoir de Lumière, comme ils l’appellent. »


Faeren se tourne vers elle en haussant les épaules puis répond, mais elle n’entend pas sa réponse, couverte par le cri tonitruand du tauren.

« LE FLEAU !!! »

Les druides se regroupent soudain d’un même souffle, animés par la même peur, au milieu d’une cohue ahurissante. Ils surgissent de partout, jaillissant du sol même. Goules, squelettes, banshees… Situés sur une colline proche, les nécromanciens faisant remonter cette marée de chair et d’os scandent des incantations incompréhensibles, entourés de sombres soldats aux armures terrifiantes, champions du Roi-Liche, personnalisations même de son pouvoir. Chevaliers de la mort.

Déania rejoint promptement le rassemblement de druides qui commence déjà à faire face. Elle a beaucoup entendu parler du Fléau, elle a pu constater par plusieurs fois des ravages qu’il causait, mais aujourd’hui pour la première fois, elle se retrouve directement face à lui. Terrorisée, elle regarde d’innombrables mort-vivants se lever et créer un cercle autour d’eux. Un étau. L’espoir de survie pour eux est mince, même quelqu’un sans la moindre expérience des batailles peut le constater. Les non-morts surgissent de partout et surclassent les druides en nombre. Mais soudain, elle se sent rassérénée et prise du sentiment qu’ils seront en mesure de se défendre et que même sur ces terres désolées, la Nature les protégera. La cause de cette reprise de confiance passe enfin dans son champ de vision. Faeren.
Il se place devant elle, courbé à quatre pattes, arborant une fourrure immaculée cachant une musculature colossale, les crocs sortis et un grognement sourd vibrant dans son poitrail. Elle décroche le bâton attaché à sa ceinture et se rapproche de l’ours immense. A ses cotés, elle ne craint plus rien. Ce pourrait bien être Arthas en personne qui les attaque, tant que Faeren se dressera devant elle de la sorte, elle est prête à se lancer dans tous les combats.

Faeren se rue sur les premières goules à portée et en faucha deux d’un seul coup de patte, les disloquant littéralement de sa force titanesque. La riposte ne se fait pas attendre. Les non-morts entreprennent de former un cercle autour du changeforme s’étant isolé de son groupe, celui-ci les défie d’un rugissement puissant. Mais face à des cadavres décérébrés, l’intimidation est bien inefficace. Tous se jettent sur lui en même temps mais le druide se défend comme un beau diable, écrasant, déchirant, broyant entre crocs et griffes. Les blessures qu’il endure cependant se font sentir mais ne se cumulent pas. Quelques mètres en arrière, Déania incante, murmure, implore les esprits de la Nature, malgré leur faiblesse en ces lieux, enveloppant son compagnon d’une couverture de régénération, refermant les plaies aussitôt qu’elles se créent. Autour d’elles, les autres druides soigneurs s’activent de même pour soutenir les changeformes partis à l’attaque. Ces mort-vivants n’ont pas été faits pour réfléchir et ils s’acharnent sur les métamorphes que la Nature préserve de la souffrance.

Déania reste concentrée, prodiguant une guérison durable et permanente à Faeren qui semble inépuisable. A lui seul, il tient à distance des dizaines de non-morts. Saisissant le crâne d’un squelette entre ses mâchoires, il le broie d’une contraction en jetant le reste du corps vers ses ennemis, une goule bondit sur son dos, plantant à son tour ses crocs dans sa chair. Il grogne, se jette sur le flanc, roulant et écrasant la créature de son poids. En se relevant, il sent la plaie se refermer avec une douce sensation mais fond immédiatement sur une nouvelle goule et lui abat son immense patte sur le crâne, fendant sur le coup la plupart des os de son corps décharné. Il jette un regard vers Déania, sans qui il serait tombé depuis bien longtemps, et son sang se fige alors dans ses veines.
Elle finit de soigner la morsure de la goule tandis qu’il en élimine une autre. Elle ne le laissera pas mourir, pour rien au monde. Elle le protégera aussi longtemps que la Nature lui accordera ses pouvoirs, et même au-delà. Faeren rugit soudain dans sa direction. Elle ne comprend pas, se retourne, puis voit une taurène s’effondrer à ses pieds. Le responsable se tient face à elle. Il a beau avoir une apparence humaine, l’armure noire et la lame runique ne laissent aucun doute. Les chevaliers ont pris part au combat. Elle réalise alors avec effroi qu’à part Faeren et elle, les survivants de leur expédition se comptent sur les doigts d’une main. Elle recule, terrorisée, et l’homme avance, lève son arme. Déania sent ses jambes se tétaniser et chute en arrière, sa peur l’empêche même de marcher. Elle retrouve enfin ses moyens lorsqu’un feulement agressif retentit, suivi par une panthère bondissant sur le chevalier et le faisant chuter. Faeren !

Le félin cherche immédiatement à lui déchirer la gorge de ses crocs mais le chevalier s’agite, tente de se libérer et ne subit que quelques lacérations au visage. Avec un grognement, l’homme parvient enfin à écarter le changeforme avec son épée, le repoussant brutalement tout en lui infligeant une large coupure au flanc. Faeren revient se placer devant Déania malgré sa blessure, feulant toujours aggressivement vers son adversaire. La druidesse s’empresse de rappeler les esprits de la Nature pour soigner les plaies de son ami. Ils répondent, elle lance le sort de régénération… mais la blessure reste aussi béante qu’à son origine. Elle ne comprend pas, implore les esprits, ceux-ci lui répondent avec autant de ferveur qu’elle les appelle, mais les soins sont inefficaces, comme si cette entaille ne pouvait être soignée… C’était impossible ! La panique la reprend tandis que Faeren se jette à nouveau sur le chevalier. Elle tente de le prévenir mais le combat l’assourdit et le rend imperméable à toutes mises en garde. Il ne parvient pas à le faire tomber cette fois mais accroche ses griffes aux anfractuosités de l’armure de saronite pour maintenir ses crocs à hauteur de visage.

Le chevalier pose alors sa main sur l’abdomen du félin déchargeant en lui une onde d’énergie impie. Faeren sent tout son être hurler de douleur alors que le voile mortel le jette violemment à terre. Le druide se tortille au sol, reprenant sa forme originelle et paraissant de coup bien moins imposant. Sans un mot, le fléautique s’approche, lève son arme, pointe vers le bas.

Cet instant fut l’un des deux qui restèrent à jamais gravés dans la mémoire de Déania avec une clarté indéfectible. L’acier runifié traversa les chairs et lorsqu’elle sentit son cœur partager la souffrance physique de Faeren, elle n’eut plus de doute. Elle l’aimait.
Elle hurla pour lui sous cette douleur abominable et se précipita à ses cotés, soudainement sortie de sa paralysie. Le chevalier s’écarta, comme si son travail était terminé et que Déania n’avait aucune d’importance. Une nouvelle fois, elle appela la Nature et celle-ci répondit à son désespoir avec plus de force que jamais, mais Faeren ne guérissait pas. Son regard était posé sur elle, plein de tristesse mais aussi de peur. Il ne pouvait plus bouger, est-ce que ce regard voulait dire quelque chose ? Elle ne réalisait pas que celui qu’elle avait aimé était bel et bien mort. Elle tenta à nouveau de le soigner et sa panique gagnait toujours plus de terrain. Elle se mit à chercher de l’aide du regard mais elle était l’ultime survivante de l’expédition.

Lorsqu’elle se retourna, vint le second instant qu’elle ne sut jamais oublier.
Elle distingua brèvement le visage d’une draeneï, caché sous une lourde capuche, avant que la lame ne vienne s’enfoncer dans sa poitrine. Le coup d’estoc était d’une précision irréprochable, Déania n’eut pas le temps de comprendre quoi que ce soit. Elle resta immobile quelques secondes puis la fléautique retira son épée, laissant la druidesse s’affaisser sur le coté, le cœur transpercé.


Dernière édition par Asélryn / Towann le Mer 27 Oct 2010, 12:03, édité 1 fois
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Message  Asélryn / Towann Mar 08 Sep 2009, 22:22

Le dernier homme s’effondra. Son corps du moins. L’ouverture béante dans le cadavre qui avait autrefois laissé place à une tête laissa échapper un flot immonde qui souilla un peu plus le sol. La terre s’imprégnait et prenait une teinte rouge foncée juste devant les restes de l’humain portant toujours une armure et des atours de couleur similaire. La lame se planta soudain au milieu de cette tâche rougeâtre et tout le sang imbibé gela instantanément avec un bloc de la terre qui le contenait.

Le chevalier resta debout, la main sur le pommeau de son arme, et scruta à nouveau les environs. Ce décor était tellement plus plaisant à regarder une fois les bannières déchirées, les tentes abattues, les corps mutilés, sectionnés, massacrés. Comme toujours, ils avaient résisté jusqu’au dernier. Même après avoir vu une dizaine des leurs se faire décimer, ils n’abandonnaient pas le combat, ne manquant jamais une occasion de citer leur Lumière.

« Lumière, donne-moi la force ! » « La Lumière te dessoudera monstre ! » « La Lumière nous jugera tous un jour, même toi et ton roi maudit… »

Un sourire se dessina lentement sur les lèvres de Déania. Les Ecarlates… Sans doute ses proies favorites du fait que mortes ou vives, elles savaient toujours la faire rire. Ceux-ci s’étaient montrés aussi retors que d’habitude mais leur nombre était à peine d’une douzaine, rien qu’elle ne puisse surmonter seule. Enfin non… pas seule.

Elle retira son épée du sol gelé et s’avança hors du camp ravagé en murmurant :

« Allons-y… Faeren… »

Celui-ci ne réagit pas immédiatement. Ce ne fut que lorsque Déania fut quelques mètres plus loin que la goule se décida à avancer à la suite de sa maîtresse.
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