Execution Ecarlate

Au loin, un homme. Trop loin pour entendre quoique ce soit, mais assez près pour entrevoir les silhouette des condamnés. Il regarde, à travers son casque et de son seul œil valide, ce qui était une partie de sa fierté, et ce qui restait d'un ami. Et pourtant, sa seule inquiétude était l'absence de ce qui était une partie de sa vie, Suniva Taelis.

Il ne parlait pas, il restait silencieux et observait. L'étalon, sur lequel il était perché, restait le chanfrein vertical au sol, dans le seul espoir que la tension des rênes s'adoucisse, mais rien. Au fur et à mesure des secondes, des minutes, les gantelets de son cavalier augmentaient la pression sur l'embouchure de sa bouche, les doigts se serrant. La crispation de l'homme était complète, mais l'animal ne disait rien. Il se contentait d'écouter le souffle d'un homme énervé, un inspiration qui s'intensifiait à chaque instant, une expiration bruyante, une respiration qui lui rappelait qu'il ne fallait pas se plaindre et qui l'obligeait à rester calme, car il fallait bien qu'un des deux le reste.

La monture ne comprenait pas ce qu'il se passait, mais était persuadé d'une chose : cet homme est énervé. Cet homme ne ressent ni nostalgie, ni regret, sa poigne en témoigne. Un homme nostalgique ébouriffe la crinière pour se consoler, un homme avec des regrets te donnent une tape amicale sur l'épaule avec un faux sourire. Mais ses hommes ont tous un point commun : ils relâchent les rênes.

Un grincement de dent signifiant une nouvelle étape, les pieds ne touchent plus le sol et c'est grâce à une corde qu'ils arrivent à défier la gravité. L'homme attend, contractant tous ses muscles. L'animal a mal, l'animal est mal, mais l'animal reste. Il ne dit rien. Il voudrait crier, mais il ne peut pas, il n'y arrive pas. Pourquoi ? La peur d'une réaction excessive, d'une agressivité quelconque de la part d'un cavalier agacé ? Il ne sait pas. Le respect d'un cheval pour son cavalier, c'était ça qui poussait l'animal à rester calme et ne pas se défendre, car c'est la seule chose qu'il puisse faire pour le conforter : faire son travail.

Les oreilles de l'équidé se redressent : les corps se font décrocher lourdement, inertes. Et c'est à ce moment précis que l'homme dans un soupir décide de laisser filer les rênes, laissant au cheval, l'occasion de décoller son menton de son poitrail pour s'étirer son encolure encore douloureuse par la contorsion. Mais, une main se passe dans sa crinière avec pour but de l'ébouriffer, des doigts qui suivent le pelage délicatement pour venir donner une tape réconfortante à l'épaule accompagné d'un sourire menteur, mimant que tout va bien.