Dessous de la mission diplomatique - Récits officieux

Auteur: Velassia ; Incarne Aelindra, l'émissaire de la Mortelle Onction, mort en mission donc.

Chaque entrée du journal commence de la même façon, par les mêmes mots déposés par une plume élégante et fine, visiblement particulièrement appliquée.
« Quelle que soit la façon dont cette journée s’achèvera, et car les décisions de la Lumière peuvent mener à n’importe quel résultat, je dépose ces mots afin que l’on sache que mes intentions et mes actes étaient ce qu’ils sont et aucune autre chose qui puisse être. »

« Mercredi 14
Aujourd’hui... ce que je vais faire va peut-être aider à changer la face du monde. Je fais maintenant depuis quelques mois partie de l’Ordre de la Mortelle Onction, qui protège les peuples de l’Alliance des menaces d’ennemis redoutable.
Je pense qu’il est l’heure de faire un bilan... je sais bien que leurs actes ne sont pas cautionnés par tous, mais il faut bien que certains sacrifient leur image pour protéger le monde. Bien sûr, même moi, je ne suis pas d’accord avec toutes leurs décisions et la moindre de leurs actions. Malgré tout, je comprends ce qu’ils font, et j’essaie autant que faire se peut d’adoucir certaines de leurs approches.
Alors, lorsque j’ai appris qu’ils désiraient organiser une mission diplomatique pour signer un traité de paix avec le peuple des taurens, le plus paisible de ceux contre lequel l’Ordre a pu lutter, je n’ai pu que considérer que mes prières et mes espoirs avaient été exaucés.
Bien sûr, certains diront que faire la paix avec l’allié d’un ennemi n’est qu’une manoeuvre politique, mais, quelle que puisse être la raison, je ne peux que considérer que c’est avant tout une occasion d’amener un peu de paix sur le monde, une paix qui ne peux malheureusement qu’être atteinte par les armes, en général. Une opportunité de mener une négociation évitant de nombreuses morts.
Je ne suis pas une brillante combattante, rien que porter une arme d’apparat me met mal à l’aise, tant je suis maladroite, je ne manie aucun art magique, quel qu’il soit. Malgré tout, je sais parler, je sais mener des discussions d’ordre diplomatique, je sais tourner mes paroles pour faire comprendre que mon opinion mérite d’être entendue. Bien sûr, je veille à ne pas manipuler mes interlocuteurs, bien que cela serait terriblement facile. Je préfère trouver les mots justes pour faire comprendre ce que je veux faire comprendre... et j’obtiens généralement de bons résultats.
Il est temps de me préparer, d’enfiler ma tenue de cérémonie, de ceindre cette dague d’apparat dont la présence me dérange. On vient de toquer à ma porte, je n’ai plus beaucoup de temps. »

Aelindra rejoignit, escortée par les troupes de la Mortelle Onction, Baie-du-Butin. Attendant le bateau, elle resta légèrement à l’écart, plongée dans ses pensées, répétant ses arguments, faisant tourner ses pensées afin de préparer les mots justes. Elle salua la major de la garde, Eriane, qui allait faire partie de l’escorte officielle de Hurlevent, avant de monter dans le bateau, le coeur battant la chamade à cette étape marquante de la mission diplomatique. Tout allait bien se passer, mais tant de choses reposaient sur ses épaules, la pression était à son paroxysme.
La suite devait être plus difficile. Montant sur le mammouth du Primat de l’Ordre, Aelindra ne put que se rendre compte qu’autant monter un cheval était chose qu’elle savait faire et qu’elle maîtrisait plutôt bien, autant subir le tangage d’une monture moins stable, dans une nacelle attachée à l’arrière de l’animal n’était pas chose qui la laissait indifférente. Ses pensées commencèrent à s’emmêler, ses réflexions à cafouiller, tandis que des haut-le-coeur incessants l’assaillaient.
Arrivés à quelque distance de la capitale tauren, elle ne put qu’avoir le plaisir de remonter sur sa monture, qu’elle avait couvert des ornements diplomatiques habituels. Rabattant sa capuche blanche sur les épaules, elle se tourna vers les différents représentant d’autorités variées, autant là pour accompagner et veiller à ce que tout se passe bien que pour, il n’en faisait aucun doute, garder un oeil sur les actions de la Mortelle Onction, et intima à son cheval d’avancer, au pas.
Elle regretta un instant de ne pouvoir écrire quelques mots dans son journal, pour retranscrire les sentiments qui étaient siens en ce moment, ce fourmillement incessant d’idées, cette excitation croissante, son coeur qui s’accélérait, l’excitation qui la prenait alors qu’elle allait pouvoir aider à changer les choses ; elle craignait que rapporter ces idées après coup ne les modifie et ne fausse ses sentiments. Un sourire s’étira sur ses lèvres alors qu’elle se disait qu’elle allait devoir être particulièrement attentive à ce qui allait se passer, laisser les faits se graver dans son esprit, avant de tomber au sol, frappée par une flèche qui l’avait désarçonnée, avant que son esprit ne soit tordu et déchiqueté par une attaque mentale puissante, avant qu’une lame ne la transperce de part, emportant sa vie en même temps que son sang coulait de l’entaille béante.

La suite fut confuse. Des gens autour d’elle. Des tentatives pour la soigner. Même, à un moment, un sentiment étrange. Elle flottait, et vit un arbrisseau posé en face d’elle, sur un petit monticule de terre. Une lumière l’éclairait, elle, et l’éclairait lui, les ténèbres environnantes empêchant de voir quoi que ce soit d’autre. Elle eut une conscience absolue que la vie à venir de cet arbre pouvait être sacrifié pour sauver la sienne. Sans une once d’hésitation, elle se détourna, et se dirigea vers les ténèbres qui l’accueillaient, à la fois inquiétantes et apaisantes.

Auteur: Elyn, Chapelaine de la Mortelle Onction, chargée de l'organisation de la mission diplomatique.

Il n’avait pas été aisé de faire accepter l’idée d’une délégation diplomatique comprenant des membres de la Mortelle Onction. La démarche était en effet singulière et avait de quoi étonner. Hospitaliers, Gardes et Pacifistes se méfiaient. Certains avaient même crié au scandale, dénonçant la crédulité de leurs pairs.
Un Ordre connu et reconnu pour ses idées bellicistes, prenant part à un cortège dédié à la paix... Cela sonnait en effet comme une plaisanterie et elle aurait sans doute ri, elle aussi, si ses nerfs le lui avaient permis.

Il s’agissait cependant de ne rien laisser paraître et de se conformer aux ordres du Primat. La Délégation qui allait se rendre en Mulgore avait pour vocation, au moins pour ce soir-là, de rapprocher les peuples de l’Alliance et de la Horde, et il ne convenait pas de laisser avis et opinions personnels nuire à cet important projet.

Il fallait faire preuve de discipline. Saluer, s’incliner, discuter, sourire même, alors que les membres de la délégation, regards et traits d’hypocrisie crispés, se regroupaient sur le quai de la Baie.
Une splendide mascarade qui, si elle avait eu pour décor l’enceinte d’un théâtre, aurait mérité tonnerre d’applaudissements.

Tous des comédiens et à voir leur engouement à monter à bord du navire qui avait accosté avec un peu d’avance, il était évident que ce simulacre d’entente ne pouvait durer au-delà de la soirée que certains avaient déjà osé qualifier d’historique.
Il y avait de l’audace dans ces propos et croire que c’est ainsi que les membres de l’Ordre souhaitaient que l’on se souvienne de leur combat, revenait presque les insulter.

Pour autant aucune parole déplacée ne fut prononcée et malgré le silence parfois pesant, le cortège avait continué sa progression vers Mulgore. L’on restait néanmoins sur ses gardes. Un elfe de sang avait été aperçu et il pouvait très bien s’agir d’un éclaireur. L’on surveillait donc les alentours en même temps que l’on gardait son voisin et normalement allié à l’oeil, cherchant toujours quelques bonnes raisons de hâter un peu plus le pas.

La terre de sable rouge des Tarides finit logiquement par se recouvrir d’un tapis d’herbes vertes. Mulgore avait un côté accueillant... Quelques rares sourires s'étaient dessinés sur les visages alors que le Primat de la Mortelle Onction prenait la parole pour remercier diplomates, ambassadeurs et défenseurs de leur présence.
Ses derniers mots, dédiés à la paix, furent repris en choeur et c’est au galop que la délégation avait pénétré sur les terres des taurens.

Arrivé non loin des Pitons, le cortège s'était, comme prévu, scindé en deux. Les ambassadeurs, choisis par les différents ordres présents, avaient doucement fait avancer leurs montures de quelques mètres, avant de se retourner une dernière fois.

Elle aurait dû être parmi eux, mais le Primat s’y était finalement opposé et Aeliandra, seule volontaire, avait été désignée. C’est donc les doigts crispés sur son chapelet qu’elle les avait regardé partir en avant. Ces ambassadeurs et tous leurs espoirs d’entente et de paix... Pathétiques... Ridicules même...

Ils semblaient pourtant nombreux à vouloir y croire. Pacifistes, Hospitaliers et même Gardes de Hurlevent qui, tout comme Aelindra, pensaient qu’un jour Horde et Alliance feraient à nouveau front ensemble contre le Roi-Liche et le Fléau.

Utopistes et doux rêveurs qui, les yeux rivés, au loin, sur les silhouettes des légats désignés, continuaient de penser que la paix attendait de l’autre côté de ce pont alors que s’élevaient déjà les premiers cris et appels à l’aide.

Auteur: Cymbeline, assassin de la Mortelle Onction, qui décale avec méticulosité la narration en direction du Primat et du maître de ses coupe-jarrets.

Le Primat se tenait devant la fenêtre, les mains jointes derrière le dos. Un froid glaciale emplissait la pièce sombre illuminée simplement par la lueur des quelques flammes mourantes provenant de la cheminée massive au centre de la pièce.
Les pas d’un autre elfe silencieux, légers firent chemin jusqu’à lui s’arrêtèrent à quelques pas. :

-Alors ?

-Nous les avons retrouvés à l’endroit indiqué. Nous avons suivis les ordres et les corps ont été brûlés.

-Bien, bien....et sait on s’ils ont pu parler à quiconque avant que tu ne les trouve ?

-Un seul a parlé. Ils se sont arrêtés à une auberge, mais nous nous en sommes occupés.

-Un seul dis-tu ? Il te faudra revoir les tactiques de tortures avec tes hommes.

-Oui, Primat. C’est surtout Cymbelîne qui continue à contester mes ordres...quand à Orike, il est encore un peu novice.

Le maître des assassins tenait son casque sous le bras et se tenait la tête incliné face à un Primat toujours de dos. Ce dernier finit par se retourner. Dans l’obscurité environnante, le regard d’où émanait une lueur bleuté donnait au visage du Primat des airs de folie. Il fixa les flammes.

-Totalement inutile ce feu....mais je me plais à me souvenir comment sa chaleur était douce autrefois.

Il releva la tête et fixa son meilleur assassin.

- Il nous faut à présent nous occuper des funérailles de notre soeur. Son sacrifice n’aura pas été vain. Nous devons passer à l’étape suivante.
-Oui, Primat...Les funérailles auront-ils lieu en la cathédrale d’Hurlevent ?
-Si fait, s'en suivra une procession jusqu'à Lordaeron puisque c'est là qu'elle vit le jour. Penses tu que ces fichus rédempteurs nous poseront problème ?
-Pas pour mettre en terre une des leurs, je pense.
-Assures toi en et pour le reste...prends tes hommes et fais comme d’habitude.
-Oui, Primat.
-Nous enverrons les faire parts sous peu. Il me faut choisir qui présidera la cérémonie. Quand à toi, envoie-moi ton compte rendu au plus vite.... Tu peux te retirer à présent.

Le grand maître des assassins ne se fit pas prier, il s’inclina et sortit, replaçant son casque comme pour le protéger du regard du Primat. Ce dernier semblait d’humeur neutre et ce n’était pas bon signe. Pas bon signe du tout.

L’opération au Piton du Tonnerre avait pourtant été un succès. Certes, seule l’ambassadrice de la Mortelle Onction avait péri dans l’attaque, mais c’était ça... le plus important.

La délégation était arrivée comme prévu. Une première alerte avait été donnée lorsqu’un elfe de sang fit son apparition dans les parages. La procession continua d’avancer et peu avant le pont, la délégation choisie pour les négociations de « paix » s’étaient détachés de la foule venant les accompagner dans cet instant « historique ».

L’attaque se fit sur le pont, ils fondirent sur les ambassadeurs dévalant la colline à toute allure. Les ambassadeurs semblaient penser à un détachement envoyé par Cairn...ce n’est que trop tard qu’ils virent la rage sur les visages des assaillants et le scintillement de leurs armes avant de s’enfoncer dans leur chairs.

Les ambassadeurs ne portaient pas d’armes.

Ce fut un massacre....

-Trahison ! Trahison ! S’était mis à crier le Grand Maitre des Assassins, qui avait été choisit pour suivre le bon déroulement de l’opération.

-Embuscaaaaaaade ! Hurla un autre.

L’armée du général Qadjaar n’était pas loin, attendant les ordres. Ils ne se fit attendre pour mettre ses troupe en branle bas de combat...Déjà le Primat hurlait ses ordres, appelant aux représailles ivre de rage et de colère.

Les protestations des pacifistes, les accusations qui commençaient à naître, n’eurent le temps de faire chemin jusqu’à la raison des spectateurs sous le choc du massacre de ces représentants qu’on avait envoyé « négocier la paix ».

Et ce fut une véritable ras de maré composé d’humains, d’elfes, de nains, de gnomes et de montures de toutes sortes et de machines vrombissantes, qui se mirent en route...pour venger leurs frères assassinés...

Cymbeline resta derrière avec les hospitaliers...les ambassadeurs n’étaient pas tout à fait morts...seulement blessés. Alors elle fit, ce qu’elle avait à faire..Mais n’y parvient qu’en parti...La chapelaine resta quelques instants...puis voyant que c’était fait, appela sa monture pour aller rejoindre les autres afin de venger celle qui l’avait remplacée. C’était Elyn qui aurait du mener la délégation...mais le Primat en avait décidé autrement...sinon sans doute serait elle là, à la place d’Aeliendra.

A présent, les assassins ayant été à l’origine de l’attaque avaient été retrouvé, leurs corps brûlés...ils ne pourraient désormais parler de ce qui les avait poussé à agir comme ils le firent...ou qui les avait payé....

( Merci de nous avoir fait partager ces textes, chacun fut très agréable à lire ! )